Bénin: « déguerpi » en moins d’un an, qu’est ce qui n’a pas marché avec Cyr Koty?

Comme attendu, le grand réaménagement du 3 ème gouvernement du président Patrice Talon n’a pas eu lieu. En lieu et place du remue-ménage annoncé à la faveur du départ du garde des sceaux, Joseph Djogbénou pour la cour constitutionnelle, le président Patrice Talon a préféré un petit réaménagement technique. Mais ce qui retient l’attention dans ce nouveau gouvernement est la mutation intervenue au niveau du département des infrastructures et des transports. Un département ministériel qui change de main à tout remaniement.

Nommé  au ministère  des infrastructures et des transports à la suite du remaniement ministériel intervenu le vendredi 27 octobre 2017 et installé dans ses fonctions le Lundi 30 Octobre de la même année, en remplacement du très actif Hervé Hêhomey relevé de ses fonctions par décret N°2017 – 468 du président Patrice Talon pour des raisons non officielles; Cyr Koty est remercié à la faveur du réaménagement technique intervenu ce Mardi 05 Juin 2018.

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Avant sa nomination à la tête du ministère des infrastructures et des transports, Cyr Koty était chargé de l’Energie au Département du Développement de l’Entreprise , des télécommunications et de l’énergie de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

Il avait pris le département des infrastructures avec un cahier de charge bien précis car en dehors des réformes en cours, le Chef de l’Etat, le président Patrice Talon accorde un intérêt de premier plan aux réalisations de grandes infrastructures comme l’aéroport de Glo-Djigbé, le contournement Nord-Ouest, pour ne citer que ces projets. Il était donc attendu sur  le dossier  de construction de l’aéroport international de Glo-Djigbé qui accuse des retards et la gestion des activités aéronautiques nationales reprises par l’Etat Béninois à l’ASECNA en Août dernier.

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Des attentes qui, semble t-il n’ont pas été comblées, ce qui justifierait la sortie « prématurée » du gouvernement du natif d’Agonlin. Le ministre a t-il manqué de perspicacité dans la conduite de certains grands dossiers face à des entrepreneurs qui ne respectent pas toujours leur cahier de charge? Difficile d’être affirmatif pour le moment. Mais une chose reste néanmoins certaine; le ministre Cyr Koty n’a pas satisfait les attentes placées en lui eu égard au temps assez court fait dans le gouvernement.

Ebomaf, le talon d’Achille de Cyr Koty?

Le vendredi 02 Mars 2018, le ministre Cyr Koty était annoncé à Glo-Gbonnou pour décrisper une tension sociale née entre  les populations de cette localité et les responsables de l’entreprise Ebomaf. Les frondeurs ont demandé la médiation du ministre pour régler le différend. Arrivé sur les lieux, le ministre n’a pas satisfait l’attente générale. Pris en étaux par une population en furie et exaspérée du fait des manquements de l’entreprise Ebomaf sur cette route, le ministre Koty s’est précipité de quitter le chantier routier de Glo-Gbonnou à Lokossa, grâce à la diligence des forces de la police républicaine.

La décision de l’arrivée du ministre et la lueur d’espoir  suscitée par cette décision  chez la population qui entrevoyait prendre langue avec l’autorité politique en charge des travaux, s’est assez vite muée en illusion, car la délégation ministérielle composée des honorables députés Dakpè Sossou et Rosine Dangniho, élus de la 18e circonscription électorale, le préfet du Mono, les responsables d’Ebomaf et le maire de la ville de Lokossa, a fait  finalement l’option de constat au lieu d’échange tant annoncé.

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Le 16 Mars 2018, le ministre Cyr Koty a fait une descente sur le terrain pour constater l’évolution des travaux de réhabilitation de la route Dassa-Savalou-Djougou. Il n’est point nécessaire de rappeler que ces travaux sont conduits par l’entreprise Ebomaf. Déçu par ce qu’il a constaté, le ministre Cyr Koty  a donné à Dassa, des injonctions fermes aux techniciens de l’entreprise Ebomaf en vue de l’accélération desdits travaux. Selon le directeur général des infrastructures, Jacques Ayadji, il a été noté sur le terrain, un manque d’organisation et une déconcentration des structures de coordination des travaux.

Le chef de mission du projet, Ousmane Dicko dit avoir pris acte des observations du ministre et promet de prendre diligemment toutes les dispositions pour conduire dans de meilleures conditions les travaux de réhabilitation de la RNIE 3.

Visite de chantiers par le MIT-20

Sans vouloir insinuer que le ministre n’a pas été à la hauteur des responsabilités qui sont les siennes, on pourrait bien soupçonner qu’il n’a pas mis assez de pression sur ces entreprises quant on sait que le gouvernement du « Nouveau Départ » vient de boucler deux ans de son mandat et que le chef du gouvernement nourrit l’ambition d’être porté en triomphe au terme de ce quinquennat.

L’autre chose qui pourrait justifier le départ du ministre Cyr Koty est la phase de turbulence dans laquelle le pays veut entrer. Il ne faut pas perdre de vue que le gouvernement du président Patrice Talon a mis deux ans pour commanditer des études techniques des différents grands projets prévus dans le programme d’action. A s’en tenir aux déclarations des membres du gouvernement, 2018 est l’année de démarrage effectif des grands projets d’infrastructures routières et aéroportuaires. Dans ce contexte, il faut un homme assez rigoureux pour marquer à la culotte, des entrepreneurs qui lésinent sur les contrats qu’ils ont librement signés avec l’Etat.

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Vu l’ampleur des chantiers qui seront lancés, le chef de l’Etat a peut-être douté de la capacité de l’homme de Covè à taper du point sur la table lorsque des entrepreneurs qui ne sont pas en phase avec la vision du gouvernement se permettraient quelques négligences. Tout compte fait, le chef de l’Etat a été assez clair à l’entame de sa gestion: il entend s’entourer des cadres compétents qui vont l’aider à opérer le miracle durant son unique mandat de 5 ans…

Il importe tout de même de préciser que le gouvernement n’a jamais rien reproché à Cyr Koty. Il pourrait donc ne pas s’agir d’un départ pour « désert de compétence ». Et si l’objectif était plutôt politique?

Alassane Séîdou pour remplacer Cyr Koty, un repositionnement stratégique?

Depuis que le président Thomas Boni Yayi s’est ravisé et a mis dans le casier sa vocation pastorale, la partie septentrionale du pays est devenue son champ d’investigation politique. La nomination du ministre Alassane Seidou au portefeuille des infrastructures et des transports pourrait donc s’avérer stratégique, car des ingénieurs compétents, c’est pas ce qui manque au Bénin au point de mettre un homme du domaine de la santé à la tête du département des grands travaux.

En effet, pour contrer les velléités politiques du prince de Tchaourou au Nord, le président Patrice Talon, le compétiteur  national a probablement décidé de faire la compétition par ce repositionnement politique. Il est conscient que lors des échéances électorales qui s’annoncent, le prince de Tchaourou peut agiter le projet de construction de l’aéroport de Tourou; un joyau à polémique qu’il a laissé en dix ans de gouvernance aux populations du Nord.

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Qu’il vous souvienne que ce qui est le plus important pour les populations de cette partie du pays est la réalisation des infrastructures routières; et le buffle de Parakou, le député Rachidi Gbadamassi n’a de cesse de le rappeler; c’est d’ailleurs le leitmotiv de son soutien au président Patrice Talon. La nomination du ministre Alassane Seidou, un fils du nord au poste de ministre des infrastructures et des transports est sans doute un argument sérieux que l’exécutif pourrait utiliser eu égard aux nombreux projets de construction d’infrastructures contenus dans le « PAG ».

Vue de cet angle, le départ de Cyr Koty du gouvernement serait pour servir des causes politiques. Car les enjeux électoraux qui s’annoncent sont déterminants aussi bien pour l’exécutif mais également pour l’opposition qui aura du mal à se tirer d’affaire face au rouleau compresseur du régime du « Nouveau Départ ».

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