Bénin – FORIMA 2018 : le discours d’Abdoulaye Bio Tchané à la cérémonie d’ouverture

Le ministre d’Etat béninois chargé du Plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, a procédé le 31 mai 2018 à l’ouverture officielle du Forum pour l’innovation made in Africa (FORIMA) à l’agence de Sèmè City. A l’occasion de cet événement dédié à l’entrepreneuriat et à l’innovation pour le développement touristique et la croissance économique de l’Afrique, le ministre d’Etat a tenu un discours dont voici l’intégralité.

DISCOURS DU MINISTRE D’ÉTAT CHARGE DU PLAN ET DU DÉVELOPPEMENT A L’OUVERTURE DE FORIMA 2018

– Mesdames et Messieurs les Ministres ;
– Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et chefs de mission diplomatique au Bénin ;
– Mesdames et Messieurs les entrepreneurs ;
– Distingués invités ;
– Mesdames et Messieurs ;

Je me réjouis de pouvoir m’associer aux activités du Forum Innovation Made In Africa (FORIMA). Je voudrais au nom du Chef de l’Etat, le Président Patrice TALON, souhaiter à chacun et à tous la bienvenue au FORIMA 2018. Avant de continuer mon propos, je voudrais saluer toutes les organisations et personnes qui ont rendu notre présence ici possible. Permettez-moi d’emprunter cette phrase de Peter Drucker qui disait je cite « L’innovation systématique requiert la volonté de considérer le changement comme une opportunité » fin de citation.

Notre monde, celui d’aujourd’hui est un monde de profondes mutations ; de grandes dynamiques où tout change, tout bouge et tout se renouvelle. Certains traits marquants de ces changements sont par exemple les Objectifs du Développement Durable (ODD) qui appellent à un changement de paradigme dans la conception et la mise en œuvre du développement ; les changements climatiques qui forcent à un changement dans nos comportements de consommation et de production ; la mondialisation, avec ses vecteurs que sont les TIC et les transformations profondes qu’elles induisent dans nos sociétés, nous oblige à une adaptation permanente et à des changements perpétuels.

Ces changements et bien d’autres encore, loin de nous fragiliser et d’accentuer notre vulnérabilité doivent être utilisés opportunément pour renforcer notre résilience et améliorer notre bien-être. Ceux qui rendent ceci possible sont les créateurs des startups. C’est donc un honneur et un privilège immense pour moi de m’associer à ces créateurs et innovateurs ; à ceux-là qui façonnent par leurs actions d’aujourd’hui le monde de demain.
Vous voulez savoir à quoi va ressembler le monde de demain, demandez aux startups.

Mesdames et Messieurs ;

Je veux saluer cette initiative de l’Agence de Développement de Sèmè City. Comme vous le savez, notre Gouvernement en a fait une priorité dans son Programme d’Actions. Nous sommes en effet convaincus que nous pouvons transformer notre pays dont la réputation en matière d’éducation est reconnue, en une économie du savoir, de la technologie et de l’innovation. La Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir qu’elle est appelée à développer est envisagée comme une ville intelligente et durable axée sur l’innovation et le savoir.

Elle offre un cadre stimulant et favorisant une synergie renforcée entre l’enseignement, la recherche et l’entrepreneuriat pour répondre aux besoins de compétences des marchés africains. Au Gouvernement, notre conviction et notre foi quant à la capacité des innovations et des startups à modeler le Bénin et l’Afrique de demain, à constituer le levier de notre croissance économique et le fertilisant de génération des emplois décents, notre conviction en tout cela disais-je est ferme et inébranlable. Je veux vous inviter donc tous ici à partager avec nous, cette assurance immuable du succès qui nous attend.

Mesdames et Messieurs ;

On m’a soufflé sur mon trajet pour ici qu’avec les innovateurs, il faut être concret et précis ; qu’il faut éviter les discours aux envolées lyriques et aller droit au but sans trop de voilure. C’est ce que je m’en vais faire maintenant par de petites anecdotes.

La semaine dernière s’est tenu à Paris le Salon VIVATECH qui en est seulement à sa troisième édition et se positionne déjà comme étant l’évènement leader en Europe pour les startups innovantes. 100 000 visiteurs de 125 pays ont assisté à cette troisième édition, avec 9 000 startups, 1 900 investisseurs et 1 900 journalistes.

Un grand magazine a titré qu’il y avait deux vedettes, cette année à Vivatech. La première, c’est Mark Zuckerberg, le créateur bien connu de Facebook, le site qui compte déjà plus de deux milliards de visiteurs. La seconde est moins célèbre que Zuckerberg, mais mérite de l’être. Elle s’appelle Arielle Ahouansou.

Arielle est la fondatrice de KEA MEDICALS, une startup qui conserve les dossiers médicaux de patients africains, pour leur permettre d’être plus facilement pris en charge dans tous les hôpitaux de l’ouest du continent. Les patients qui ont souscrit au service portent sur eux un identifiant. L’hôpital qui reçoit ces patients peut utiliser ce code pour accéder aux données du patient. KEA MEDICALS s’est développé rapidement sur fonds propres et cherche à attirer des investisseurs pour pouvoir grandir.

Mesdames et Messieurs ;

Ce gros titre qui met ensemble Mark Zuckerberg et Arielle Ahouansou, vous en conviendrez avec moi, est interpellant. Il faut en retenir trois points :

Le premier est que l’entrepreneuriat innovant africain est en train d’acquérir une réputation d’innovateur envers et contre tout. KEA MEDICALS est un exemple parmi plusieurs autres au Bénin et en Afrique. Pendant les deux prochains jours, vous allez découvrir les kits solaires autonomes de QOTTO, les ordinateurs de SYRRUS, les foyers écologiques d’ATINGAN et d’autres entrepreneurs talentueux qui œuvrent tous les jours pour transformer le quotidien des Africains à travers des solutions locales.

Frugal, agile, et résilient, l’entrepreneuriat africain s’affirme et se démarque en effet un peu plus chaque jour. D’ailleurs les pays plus développés lorgnent du côté de notre continent où les entrepreneurs parviennent à faire plus avec moins, sauter des étapes et aller plus vite, même quand ils partent de rien.

Toutefois, le développement de nos entreprises innovantes africaines est encore trop souvent confronté à de nombreuses contraintes liées principalement au manque de dispositifs d’accompagnement et de financement des startups, en particulier dans leur phase d’amorçage. Cette phase clé – considérée comme très risquée par les investisseurs – est celle où un accompagnement et un premier financement sont cruciaux pour transformer une idée innovante en un produit commercialisable.

Il s’agit donc de développer des outils spécifiques pour accompagner ces jeunes entreprises qui répondent souvent à des besoins encore peu, voire pas du tout desservis à travers de nouveaux modèles économiques qui peuvent servir de socle à la création d’emplois et de richesse.

Le second point illustré par KEA MEDICALS est ce que j’appelle l’émergence « des amazones de l’innovation ». Elles ne sont plus guerrières mais c’est avec force et détermination que nos jeunes béninoises se font remarquer à travers leur savoir et leur ingéniosité. Pendant les deux prochains jours, vous allez entendre celles que j’appelle des « Amazones de l’innovation » qui chaque jour remportent des prix dans différents domaines de pointe.

Ces « Amazones de l’innovation » s’appellent Arielle Ahouansou, Karelle Vignon Vuillerme, Raodath Aminou, Elodie Akotossode, Maureen Ayite, Mylene Flicka, Sandra Idossou ou Marielle Yasmine Agbahoungbata pour n’en citer que quelques-unes parmi nous aujourd’hui.

Vous allez pouvoir écouter Marielle Yasmine Agbahoungbata docteur à l’Université d’Abomey-Calavi qui a remporté le premier prix du jury du concours « Ma thèse en 180 secondes » face à 19 autres candidats. Ce concours a vu la participation de 8 doctorantes africaines issues du Maroc, du Bénin, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de la République Démocratique du Congo, du Sénégal, et de la Tunisie. Au-delà de ce prix remarquable, la thèse de Marielle Yasmine Agbahoungbata qui porte sur la problématique du traitement des eaux usées est d’une importance capitale pour notre Continent qui accuse encore un grand retard dans ce domaine.

J’en arrive à mon troisième point, qui porte sur la mission de Sèmè City qui est de favoriser le développement d’un écosystème d’« innovation made in Africa ». Alors que souffle un vent de protectionnisme sur plusieurs régions du globe, l’Afrique innovante elle est de plus en plus intégrée. KEA MEDICALS qui existe depuis seulement un an et demi a déjà enregistré plus de 50 000 dossiers médicaux au Bénin, au Congo, au Gabon, au Maroc et en Côte d’Ivoire. Une jeune entreprise qui opère sur fonds propres dans 5 pays dès son démarrage mérite nos applaudissements.

Mesdames et Messieurs ;

Nous savons que pour être sur le radar des gros tickets d’investissement, il faut permettre à nos entreprises africaines innovantes de rapidement atteindre une taille critique. L’intégration devient alors un accélérateur économique et les entrepreneurs Africains comme KEA MEDICALS sont à l’avant-garde de ce mouvement. C’est pour cela que j’appelle les milieux financiers africains à s’intéresser davantage à cet écosystème d’innovation qui est en train de se mettre en place afin que l’Afrique investisse dans son propre futur.

Est-il, dès lors, possible d’entrevoir ces entreprises innovantes comme de nouveaux outils de développement en Afrique ? le FORIMA pense que OUI et donne la parole à des acteurs passionnés de cet écosystème d’innovation africain qui vont nous livrer leurs expériences – les bonnes mais aussi les plus difficiles, celles qui se cachent parfois derrière des succès médiatiques et peuvent susciter de faux espoirs.

Je me réjouis donc de cette initiative organisée par l’Agence de Développement de Sèmè City en partenariat avec l’Agence Nationale de Promotion des Patrimoines et du Développement du Tourisme et la Banque mondiale pour mettre en lumière les innovations majeures et les entrepreneurs qui transforment nos sociétés africaines. Cette première édition consacrée au secteur du tourisme nous permettra également de découvrir et de primer des startups qui ont réfléchi à des solutions pour anticiper et dépasser les attentes des touristes, et bousculer les codes d’un secteur porteur en Afrique.

Nous devons tous œuvrer pour que le FORIMA devienne, à l’instar de Vivatech en Europe, l’évènement leader en Afrique pour les startups innovantes et attire chaque année des milliers de visiteurs du monde entier au Bénin. Que FORIMA devienne la vitrine de la réussite africaine. C’est cela l’ambition de Sèmè City pour notre pays, pour notre continent et pour notre planète. C’est aussi au nom de cette ambition que je félicite Claude Borna pour l’excellente conduite de cette initiative.

Je souhaite donc bonne chance aux 9 finalistes du Challenge Fund et déclare officiellement ouverts les travaux du FORIMA 2018.

Vive l’innovation au service du développement,
Vive le Bénin
Je vous remercie

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