Sommet du G7 : un compromis à l’arraché sur fond de dispute commerciale

« Il ne s’agit pas d’être naïf: une déclaration ne règle pas toutes les divergences. » Emmanuel Macron ne s’est pas voilé la face lors de sa conférence de presse clôturant sa participation au G7 qui se réunissait ce week-end au Canada. Mais alors que tous les participants anticipaient le contraire il y a encore deux jours, les sept pays les plus riches de la planète ont tout de même réussi à arracher un communiqué de compromis incluant les Etats-Unis de Donald Trump.

« Nous soulignons le rôle crucial d’un système commercial international fondé sur des règles et continuons à combattre le protectionnisme », peut-on lire dans le communiqué final de 28 points et huit pages, qui maintient donc le principe d’un système commercial ouvert. La mention de nécessaires « règles » collectives était une exigence des Européens, qui n’ont eu de cesse de dénoncer les menaces de guerre commerciale de Donald Trump.

Négocié de haute lutte, ce texte ne règle toutefois pas le conflit actuel sur les droits de douane qui oppose Washington à ses partenaires et renvoie à de futures négociations une hypothétique sortie de crise sur le relèvement des barrières douanières décrété unilatéralement par le président américain.

Comme prévu et comme cela avait été le cas lors du précédent G7 en Italie, celui-ci a refusé d’adosser sa signature au volet concernant le climat. Mais l’imprévisible milliardaire américain a accepté de valider la partie sur le commerce avant de s’envoler pour Singapour où il doit rencontrer mardi le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.

Moderniser l’Organisation mondiale du commerce

En contrepartie, Donald Trump a obtenu que figure dans le texte le terme « réciproque » pour le libre-échange, qui se doit d’être également « libre, équitable et mutuellement avantageux ». Manière de souligner les revendications du président américain qui estime son pays pénalisé dans la course à la concurrence que se livrent les puissances industrialisées.

Autre compromis trouvé pour éviter une escalade de la guerre commerciale qui s’engage: « Nous nous engageons à moderniser l’OMC (Organisation mondiale du commerce) afin de la rendre plus juste dès que possible. Nous ferons tout notre possible pour réduire les barrières tarifaires, les barrières non-tarifaires et les subventions ». Abattre ces obstacles au commerce était justement l’un des points mentionnés par Donald Trump au cours du sommet.

Le sommet aura « permis de préserver l’unité sur tous les sujets sur lesquels c’était possible », a salué le président Emmanuel Macron tout en reconnaissant des désaccords persistants. Malgré la poussée de fièvre entre Paris et Washington, le chef de l’Etat et son homologue américain ont une nouvelle fois affiché leur bonne entente.

Trump n’en fait qu’à sa tête

Ces discours plus apaisés, qui font suite à une escalade verbale entre Washington et ses alliés, n’ont pas empêché Donald Trump de n’en faire qu’à sa tête. Arrivé le dernier, tantôt en retard, tantôt ailleurs, le milliardaire est aussi reparti le premier et n’a donc pas posé sur la photo de famille finale.

Et en attendant d’éventuelles avancées dans les négociations, le relèvement des droits de douane demeure d’actualité. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, l’hôte du sommet, a confirmé que son pays appliquerait bien dès le 1er juillet des droits de douane en représailles à ceux imposés par Washington à l’acier et l’aluminium. « Ces tarifs illégitimes doivent recevoir une réponse équivalente », a-t-il déclaré au cours de sa conférence de presse finale, précisant que ces représailles seraient mises en oeuvre « sans ciller ».

Emmanuel Macron, quant à lui, a également confirmé que les droits de douane décidés par l’Union européenne à l’encontre les Etats-Unis s’appliqueraient à partir de juillet. « Sur ce sujet il n’y a pas de changement, cela dépendra de si les Etats-Unis décident de revenir en arrière« , a déclaré le président français au cours d’une conférence de presse.

Donald Trump lui-même, en quittant le sommet samedi matin, n’a pas adouci ses complaintes à l’égard de l’Union européenne et du Canada, tout en saluant les progrès réalisés pendant le sommet. Et il a tweeté plus tard: « Les Etats-Unis ne laisseront pas les autres pays imposer des tarifs massifs et des barrières tarifaires contre leurs agriculteurs, leurs travailleurs et leurs entreprises ».

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