Accord Nucléaire : « Ne joue pas avec la queue du lion », la mise en garde de Rouhani à Donald Trump

Le président iranien Hassan Rouhani a averti son homologue américain,  Donald Trump, de ne pas aggraver les tensions avec son pays, affirmant qu’une confrontation avec la République islamique serait la « mère de toutes les guerres ».

« Ne jouez pas avec la queue du lion, sinon vous allez le regretter », a déclaré Rouhani dimanche, réitérant que les Etats-Unis ne peuvent pas l’empêcher d’exporter son pétrole brut vers le marché international. « La paix avec l’Iran serait la mère de toute paix et la guerre avec l’Iran serait la mère de toutes les guerres », a-t-il déclaré lors d’un discours télévisé dans la capitale iranienne, Téhéran.

Plus tôt ce mois-ci, Rouhani a laissé entendre que l’Iran pourrait bloquer les exportations pétrolières régionales si ses propres ventes étaient stoppées à la suite du retrait des Etats-Unis d’un accord nucléaire de 2015 signé avec les puissances mondiales. La suggestion, qui ne mentionnait pas le détroit stratégique d’Ormuz, était en réaction à des sanctions américaines imminentes et aux efforts déployés par l’administration Trump pour empêcher les pays d’acheter du pétrole iranien.

Le passage stratégique étroit est situé entre l’Iran et Oman, à travers lequel au moins 18,5 millions de barils de pétrole se déplacent tous les jours en 2016, selon un rapport du département américain de l’énergie. Le détroit est également utilisé par les pays du Golfe qui comptent sur un passage sûr à travers l’étroit chokepoint pour exporter leur pétrole et leur gaz.

« Est-il possible que tout le monde dans la région vend son pétrole et nous restons les bras croisés et regardons? » a questionné Rouhani. « N’oublions pas que nous avons maintenu la sécurité de cette voie d’eau (le détroit d’Ormuz) à travers l’histoire, nous avons historiquement sécurisé la route du transit pétrolier, ne l’oublions pas », a-t-il ajouté.

Washington a récemment tenté de tirer parti du mécontentement public interne en Iran en lançant des campagnes dans les médias sociaux dans le but d’accroître la dissidence contre le gouvernement iranien. « Vous ne pouvez pas provoquer le peuple iranien contre sa propre sécurité et ses intérêts », a déclaré Rouhani dans son discours.

Trump a déjà suggéré que les dirigeants iraniens devraient négocier un nouvel accord, mais l’Iran a rejeté les négociations à plusieurs reprises. En vertu de l’accord historique signé à Vienne, six puissances mondiales, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Russie, la Chine et l’Union européenne, ont offert à l’Iran plus de 110 milliards de dollars de réduction des sanctions et un retour à l’économie mondiale dans le but que l’Iran arrête sa course aux armes nucléaires.

Après le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire en mai, l’Iran a déclaré qu’il était intéressé à maintenir l’accord, mais seulement si les puissances restantes peuvent garantir qu’il ne fera pas face à l’isolement économique sous les sanctions de Washington. L’Europe s’oppose à la décision des Etats-Unis de quitter l’accord et a promis de trouver des moyens de maintenir ses liens commerciaux avec l’Iran.