Bénin : des enseignants s’opposent à la reprise de leur évaluation diagnostique

Le conseil des ministres du mercredi 11 juillet 2018 a décidé de la reprise de l’évaluation des enseignements de la maternelle et du primaire en situation de classe tenue le 16 juin 2018 du fait de plusieurs ratés. A une semaine de la composition, des enseignants invitent le Président Patrice Talon à travers une lettre ouverte à surseoir à cette nouvelle évaluation puis à prendre le budget alloué à cet effet pour payer une partie de la dette intérieure (rappels, premiers salaires et avancement).

Lire ci-dessus la lettre ouverte

PORTO_NOVO LE 20 JUILLET 2018

Les enseignants du Bénin nouveau

LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, CHEF DE L’ÉTAT, CHEF DU GOUVERNEMENT

OBJET: A/S réorganisation de l’évaluation diagnostique des capacités intellectuelle et pédagogique des enseignants sous tutelle MEMP

Excellence Monsieur le Président,

Dans le souci d’améliorer le niveau et la qualité de notre système éducatif, votre gouvernement et vous avez décidé d’évaluer les ressources humaines et matérielles afin d’agir convenablement et de façon rationnelle sur les maux qui minent l’école dans notre pays. Quelle noble initiative ! Cette méthode a reçu l’assentiment de tous les enseignants de la maternelle et du primaire et a été applaudie par les parents et élèves. En témoigne le déplacement massif de la cible dans les centres de composition et l’accueil chaleureux que les directeurs ont réservé aux enquêteurs. Mais contre toute attente, le conseil des ministres du mercredi 11 dernier est venu mettre en cause l’évaluation  évoquant des dysfonctionnements notamment les absences et les omis. Excellence Monsieur le Président, cet argument du conseil des ministres, la plus haute instance de décision semble peindre en noir votre géniale idée de départ. Loin d’être technique, elle surplante toute bonne initiative de votre gouvernement à promouvoir la bonne gouvernance dans un contexte de crise socio_ économique généralisée. Elle semble vous écarter entièrement de votre vision d’aller vite et très bien. Excellence Monsieur le Président de la République, une évaluation diagnostique en pédagogie est loin d’être l’audit d’une société encore moins un examen national. Encore que l’on ne peut réorganiser un examen national sous prétexte qu’il y a des absents ou des omis qui ne font même pas les 3%  de l’effectif total. S’agissant des dysfonctionnements notamment des absences ou des omis, il faut sanctionner les coupables surtout ceux qui ont empêché volontairement des enseignants de composer. Les enseignants ne peuvent pas comprendre que vous ayez autant de compétences autour de vous et qu’aucun n’a pu vous aider pour la paix et la bonne gestion des problèmes du secteur.

Pour notre part, nous vous invitons humblement à surseoir à cette nouvelle évaluation puis à prendre le budget alloué à cet effet pour payer une partie de la dette intérieure (rappels, premiers salaires et avancement) car depuis votre arrivée le payement de cette dette est « rarissime » pendant que le coût de la vie est de plus en plus cher.

Monsieur le Président de la République, quant à l’évaluation des enseignants ou les problèmes liés à la qualité de l’éducation, n’allez pas loin. Il faut simplement revoir le profil du formateur et du concepteur. L’évaluation n’est  que l’arbre qui cache la forêt. Sans un plan de formation fiable et établi sur plusieurs années par des personnes bien averties des progrès socio_ économiques de notre pays et du monde accompagné des infrastructures adéquates, rien ne peut être amélioré dans le secteur. L’objectif de ceux là, c’est de bâtir _Tokpota quartier nouveau programme version rupture. Nous souhaitons vivement qu’enfin un Président de la République ouvre ses yeux sur ces Messieurs.

Vive la République!

Vive la bonne gouvernance !

Vive la rupture des mauvaises pratiques !

Je vous remercie.

Les enseignants.