Bénin – évaluation pédagogique : le Front appelle les enseignants au boycott systématique de la reprise

La reprise de l’évaluation diagnostique annoncée par le gouvernement est désapprouvée par le Front d’action des syndicats de l’éducation. Dans une déclaration rendue publique à quelques jours de cette reprise, il appelle les enseignants au boycott systématique de l’évaluation.

Déclaration du Front d’action des syndicats de l’éducation

Le samedi 16 juin 2018, dans un élan de discipline tout particulière, les enseignants de la maternelle et du primaire, toutes catégories confondues ont, sur invitation du Ministre des enseignements Maternel et Primaire, participé à l’évaluation des compétences intellectuelles et pédagogiques des enseignants.
Selon le Directeur de l’INFRE interviewé après la composition, « l’évaluation s’est bien déroulée. Le taux de participation est d’environ 97% ». Il ajoute que c’est une évaluation diagnostique qui vise à exprimer les besoins des enseignants en formation aux fins de renforcer leurs capacités.

Alors que le doute persiste sur les réelles finalités de l’initiative, le conseil des ministres du mercredi 11 juillet 2018 prononce l’annulation de ladite évaluation et programme sa reprise pour le 28 juillet 2018. Le compte rendu dudit conseil des ministres justifie cette annulation par lesomissions sur les listes de composition de certains enseignants et le constat de ce que d’autres n’ont carrément pas pris part aux épreuves d’évaluation (pour cause d’incompétence ou de zèle de certaines autorités impliquées dans l’organisation).

A l’analyse, quelques interrogations s’imposent :
-Le taux de participation avoisinant les 97% est-il assez faible au risque de justifier l’annulation de l’évaluation ?
-Si par l’incompétence, l’ignorance et le zèle de certains CRP, DDEMP et autres, certains enseignants n’ont pu composer, les 31000 enseignants de la maternelle et du primaire doivent-ils en payer le prix ?
-Si aucune fuite d’épreuve n’a été constatée et qu’aucun reproche objectif n’est fait à la qualité des épreuves administrées, pourquoi doit-on se réfugier sous le prétexte d’un taux d’absents d’environ 3% pour annuler une évaluation qui d’ailleurs ne reposait sur aucune base statutaire ?
-Si les prétendues irrégularités sont si graves au point d’annuler l’évaluation, pourquoi aucune sanction n’est envisagée à l’encontre des auteurs de ce gâchis national ?

Le FRONT estime qu’on ne saurait continuellement perdre le temps aux enseignants pour une évaluation dont la nature de l’initiative et surtout les objectifs demeurent incompris de tous les acteurs de l’école. Après avoir sauvé de justesse l’année scolaire au prix d’énormes sacrifices, les enseignants ont besoin de plus de respect et de considération. Ils ne méritent pas cette chosification et ce stress permanent dans lequel on les plonge. Ils attendent plutôt du gouvernement le règlement des différents problèmes relatifs à leur carrière et le respect des engagements pris vis-à-vis du monde enseignant.

Au regard de tout ce qui précède, et surtout du flou entretenu autour des réels objectifs de ladite évaluation, le FRONT :

– condamne ce mépris injurieux des enseignants,
– appelle tous les éducatrices et éducateurs, les institutrices et instituteurs de toutes les écoles maternelles et primaires au boycott systématique de la reprise de l’évaluation prévue pour le 28 juillet 2018.

Vive le syndicalisme au service du développement,
vive le Front d’Action des Syndicats de l’Educations,
vive l’école béninoise,
Seule la lutte paie.

Les porte-paroles
Codjo Jean Adadja
Eric Roméo Pethos

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