Bénin : Joël Aïvo invite le Chef de l’Etat à se réconcilier avec le peuple et ses prédécesseurs

Dans un entretien exclusif accordé à TV Carrefour, le Professeur Joël Aïvo a opiné sur les sujets brûlants de l’heure notamment les décisions de la nouvelle cour constitutionnelle, la révision de la constitution ainsi que la gouvernance au sommet de l’Etat.

«Le Bénin n’est pas en paix. Le pays est tendu». C’est du moins ce que pense le Professeur Joël Aïvo. Pour le Constitutionnaliste, le Chef de l’Etat, Patrice Talon doit travailler à l’amélioration de ses rapports avec ses prédécesseurs mais aussi à avoir la confiance du peuple pour l’apaisement de la tension sociale qui s’observe depuis quelques mois déjà dans le pays. C’est le seul défi  qui lui reste à relever car, explique-t-il, «Le développement d’un pays, les résultats économiques, l’émergence, la croissance économique, ce n’est pas que le produit d’une politique budgétaire, d’une politique économique. Mais c’est aussi et surtout le fruit d’un apaisement social… Les investisseurs ne font confiance à votre pays que si dans le pays il y a un gentleman agreement entre l’élite du pays, la confiance du peuple à son Chef de l’Etat».

Ainsi, il propose au Chef de l’Etat de gouverner le pays assis dans son fauteuil mais pas debout comme ce qui serait le cas actuellement aux dires de l’invité. En effet, le Bénin dont rêve le doyen de la Faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi est celui à l’image d’autres pays africains tels que le Nigéria et le Ghana où les anciens Chefs de l’Etat et  leurs prédécesseurs se donnent la main pour construire leurs pays. «A chaque fois que je vois au Nigéria, les Présidents Good Luck Jonathan, Buhari et Obassanjo ensemble de même au Ghana, j’ai la chair de poule. De la même façon, que chacun d’entre nous même en n’étant pas d’accord avec le Chef de l’Etat, on peut lui rendre visite au palais, ses prédécesseurs dont il peut beaucoup apprendre et beaucoup tirer, peuvent lui rendre visite…», a insisté le Président de l’Association béninoise de droit constitutionnel (ABDC).

Aussi, l’invite-t-il, à se méfier des discours radicalisés de ses collaborateurs car c’est lui seul qui rendra compte de sa gestion au peuple à la fin de son mandat. «Je demande au Chef de  l’Etat de ne pas céder aux discours de radicalisation qui peuvent être tenus autour de lui par des gens qui, de toutes les façons, si jamais le Président devrait se trouver dans un trou, il lui suffirait simplement de lever la tête, il verra que ceux qui l’ont radicalisé, ceux qui l’ont conduit dans une politique dure sont déjà avec son successeur. C’est lui qui a été élu par les Béninois pour avoir des résultats et c’est à lui de travailler aux conditions dans lesquelles il peut avoir plus vite et des résultats plus forts», a-t-il exhorté.

Joël Aïvo parle de la révision de la Constitution

L’autre sujet phare abordé au cours cet entretien est celui relatif à la révision de la Constitution. A en croire le Constitutionnaliste, on n’a pas besoin de réviser la loi fondamentale de février 1990 pour ces quatre points d’amendement. Pour lui, «ce serait dommage de devoir simplement aller au référendum pour instituer la cour des comptes qui est un point de consensus».

S’agissant de l’alignement des élections qui commencera en 2021, il propose que le parlement de 2019 soit un parlement de transition de deux ans. Ainsi, on pourra organiser les élections générales en 2021. « Je ne suis pas sûr que nos compatriotes soient d’accord pour vivre avec un parlement qui va s’installer pour deux mandats. A titre personnel, je n’ai pas envie de vivre avec un parlement qui va avoir deux mandats», a-t-il fait savoir.

Et puisque le référendum constitue aujourd’hui la seule voie pour toucher ou non à la Constitution, il pense que ce sera le moment pour les  Béninois de trancher. «Ce qui est finalement bien dans cette procédure, c’est que les Béninois soient amenés à trancher définitivement, que tout le monde ait la paix, qu’on n’ait plus ce sentiment d’un acharnement législatif qui consiste à systématiquement toucher à tout, à tout renverser,…, à retourner dans une situation d’insécurité…», a-t-il martelé.

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