Bénin: les bouchers exigent la suppression de la vente ambulante de viande

Les bouchers du Bénin ne sont pas contents de leurs conditions de vie et de travail. Ils l’ont fait savoir à la faveur d’une sortie médiatique tenue ce mardi 03 juillet 2018 à la Bourse du travail. Ceci, en présence de la Présidente des revendeurs et revendeuses du Bénin, Thérese Waounwa.

Dans leur déclaration liminaire lue par Kossi Apity Gaston, président de ladite Association, ils dénoncent l’attitude du gouvernement face aux problèmes auxquels ils sont confrontés dans l’exercice de leur métier et demandent la construction de boucherie moderne dans tous les marchés du Bénin. Ils exigent, par ailleurs, la vente par pesée de la viande ainsi que la suppression des vendeurs ambulants de viande.

Déclaration de presse de l’Association des Bouchers du Bénin (ABB)

Mesdames, messieurs les journalistes,

Notre conférence de presse de ce jour va vous donner un aperçu sur les conditions dans lesquelles les bouchers du Bénin vivent et celles dans lesquelles ils exercent leur métier. Cette conférence intervient dans un climat socio politique particulier de notre pays et il serait hypocrite de ne pas y jeter un regard avant d’aborder ce pourquoi nous vous avons invité.

Mesdames, messieurs les journalistes,

Notre pays va mal depuis un temps, notre démocratie et notre état de droit sont gravement menacés ; cette situation s’aggrave de jour en jour au point où l’on se demande si on n’est encore dans un état de droit.

En effet depuis l’arrivée du Président Patrice TALON à la tête de notre pays,  tout a basculé :

– les libertés fondamentales sont constamment violées (interdictions et répressions de marches pacifiques, arrestations et emprisonnements d’honnêtes citoyens, suppression d’organe de presse par la HAAC, etc…)

– non respect des décisions des juridictions et même de la Cour Constitutionnelle par l’Assemblée Nationale et par le Président de la République lui-même.

– privatisation et accaparement des entreprises des secteurs vitaux de l’économie avec pour conséquence l’augmentation du taux de chômage.

–  destruction des petits vendeurs des bords de rue et dans les marchés sans aucune alternative et la flambée des taxes qui frappent les pauvres, vote et proposition de loi scélérates augmentant la misère des citoyens.

C’est sur ce tableau sombre que vient se greffer les problèmes que les bouchers rencontrent dans l’exercice de leurs métiers.

En effet, on ne se lève pas du jour au lendemain pour devenir boucher ; c’est un métier qui s’apprend comme tout autre ; la boucherie à des règles particulières et des conditions d’exercice parce que c’est la vie des êtres humains qui est en jeu. C’est fort de cela que l’Association des Bouchers du Bénin s’est donnée pour tâche de veiller au respect scrupuleux de ces conditions spécifiques liées à la vente de la viande et à la protection des consommateurs. Mais pour y parvenir certaines conditions sont nécessairement requises : pour vendre la viande, quelle viande vendre et comment la vendre ?

La vente de la viande exige des conditions particulières : la propreté du lieu de vente, la conservation de la viande, la qualité de celle-ci, bref une hygiène particulière. Tout cela ne peut être réalisé que dans une boucherie moderne. Or, en l’absence de celle-ci, les bouchés sont un peu partout et vendent dans des conditions qui ne répondent pas souvent aux exigences de leur métier. Ce qui expose le consommateur à un danger permanent.

L’Association des Bouchers du Bénin, dès sa naissance, s’est évertuée à montrer aux pouvoirs publics, l’importance de la construction de boucheries modernes dans les marchés du Bénin pour d’une part protéger les consommateurs et d’autres part assurer de meilleures conditions de vie aux bouchers  mais jusqu’à l’heure où nous faisons cette conférence rien n’y fit. C’est ainsi qu’à la faveur de ce manque de boucheries modernes à Cotonou par exemple, le DG de la SOGEMA Armand GANSE a pu autoriser l’installation  des bouchers pour la plupart des étrangers, sous le 2ème pont à Dantokpa où la viande est vendue dans les conditions inacceptables. C’est également le défaut de suivi de cette activité par les autorités compétentes qui amène  à voir des vendeurs ambulants de viande de qualité douteuse, qui l’exposent à l’air, au soleil, à la poussière comme le font ceux de pagne, tomate et autres vendeuses de savon de lessive et de toilette.

Dans nos abattoirs, la situation d’hygiène et de conservation de la viande n’est pas reluisante ; si ce n’est pas une coupure d’électricité qui endommage la qualité de la viande, c’est la congélation. Or la viande,  pour conserver sa qualité nutritionnelle doit être simplement gardée au frais et non congelée. Malgré ces désagréments, la viande dans ces conditions est livrée aux bouchers qui subissent des pertes énormes sans que cela ne préoccupe les autorités responsables de l’abattoir.

Venons-en aux conditions d’achat des bêtes que nous abattons. Là également, nous sommes confrontés à beaucoup de problèmes. Par le passé, les bêtes nous étaient vendues à la pesée, mais aujourd’hui, de tractations en tractations, cette pratique a disparu pour faire place à la vente de la bête sur pied, le bœuf en particulier avec des intermédiaires entre le boucher et l’éleveur, ce qui ne permet pas une correcte évaluation du poids de l’animal donc son prix exact d’où des pertes pour le boucher. Ainsi, la plupart des bouchers se retrouvent avec des dettes contractées auprès des institutions financières qu’ils n’arrivent pas à rembourser et auprès de ces intermédiaires qui sont aujourd’hui incontournables.

L’Association des Bouchers du Bénin  ne bénéficie d’aucune subvention de l’Etat.  Elle se bat par ses propres moyens pour soulager les peines de ses membres mais hélas, elle ne peut même pas s’approvisionner directement auprès des éleveurs ; elle doit passer nécessairement par des intermédiaires. Dans ces conditions, presque tous les bouchers du Bénin sont très endettés, mieux ils sont accablés par des impôts et taxes divers ; certains cumulent plusieurs arriérés de loyer parce que faute de place, ils sont obligés de louer des endroits pour vendre. La mévente s’est encore accentuée avec la situation des vendeurs ambulants et de ceux qui s’installent tout azimut sans aucune formalités et parfois sans connaissance du métier. Si cette situation perdure, les bouchers s’endetteront davantage ce qui ne leur permettra pas d’honorer leur engagement vis-à-vis des intermédiaires qui eux aussi finiront par s’endetter pour créer des problèmes aux éleveurs qui vivent du fruit de leur élevage.

Voilà  pourquoi, l’Association des Bouchers du Bénin :

1-  Dénonce l’attitude complaisante du gouvernement face à tous ces problèmes auxquels les bouchers sont confrontés.

2- Demande au gouvernement :

– la construction de boucherie moderne dans tous les marchés du Bénin ;

– la prise d’une décision pour que la vente se fasse à la pesée ;

– la fixation du prix du kilogramme de viande valable sur toute l’étendue du territoire nationale de commun accord avec l’Association des Bouchers.

3- Exige :

– la vente par pesée de la viande c’est-à-dire au kilogramme ;

– la suppression des vendeurs ambulants de viande ;

L’Association des Bouchers du Bénin rend le gouvernement et toutes les autorités chargées de ce secteur responsables de toutes les déconvenues qu’engendreront la non satisfaction de ces revendications.

Je vous remercie !

Cotonou, le 03 juillet 2018

Pour l’Association des Bouchers du Bénin

Le Président

Kossi Gaston APITY

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