Bénin : les instituteurs s’opposent à la reprise de leur « évaluation diagnostique »

Le conseil des ministres du mercredi 11 juillet 2018 a décidé de la reprise de l’évaluation diagnostique des enseignants du primaire. Selon le compte rendu dudit conseil, cette évaluation dont le but est d’identifier les défaillances du système éducatif ne s’est pas déroulée comme prévu. A titre d’exemple, le conseil des ministres a soulevé l’absence de plusieurs enseignants concernés par ladite évaluation.  C’est pourquoi, il a été décidé que le test soit repris le 28 juillet 2018. Mais, les enseignants à travers leurs organisations syndicales s’y opposent. C’est par le biais d’une correspondance adressée aux membres du gouvernement, qu’elles ont exprimé leur désaccord. Lire ci-dessous l’intégralité de la lettre.

Les Organisations Syndicales du MEMP
A
Monsieur le MEMP
Aux
Membres du Gouvernement.

Objet: Indignation et Protestation A/S Reprise Évaluation diagnostique des Instituteurs.

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement.

Qu’il vous souvienne que le 16 juin 2018, c’est dans un sentiment d’humiliés, de provoqués, de doute, c’est dans un climat de suspicions et d’abnégation totale que contrairement au pire craint, massivement les instituteurs et institutrices du Bénin ont répondu pacifiquement à l’appel de leur Ministre de tutelle et surtout au mot d’ordre de sensibilisation des syndicats du secteur des Enseignements Maternel et Primaire pour aller composer à l’évaluation des capacités intellectuelles et pédagogiques organisée à leur intention. Le caractère inédit de ladite évaluation, à la limite drôle, les ressentiments nourris au choeur des coeurs des enseignants relatifs à l’insatisfaction généralisée générée par les dernières grèves et le caractère impératif d’une gestion judicieuse, efficiente et efficace du peu de temps d’apprentissages scolaires qui restaient avant le CEP et la fin de l’année scolaire 2017-2018 sauvée de justesse au prix de mille sacrifices des premiers et vrais acteurs du système, étaient de nature à s’attendre au boycott systématique de ladite évaluation, du moins à un fort taux d’absences ce samedi 16 juin 2018 jour non ouvrable, par excellence de cérémonies diverses et préparations de classe pour singulièrement les Instituteurs. Rien n’était gagné d’avance.

Le sens de responsabilité, de partenariat sérieux et constructif dont les Syndicats ont fait preuve dans leur ensemble a énormément contribué à la forte mobilisation des enseignants ce jour. Les râtés dits constatés par le Conseil des Ministres du Mercredi 11 juillet 2018 n’étant pas du fait de la mauvaise fois des Instituteurs, encore moins de leurs organisations syndicales d’appartenance respective, il est incompréhensible, inconcevable, voire inacceptable que ces derniers consentent à une reprise généralisée de ladite évaluation, sans un point exhaustif de ce qui a été fait, aux plans organisationnel, statistique, docimologique, financier et rendement pour situer les responsabilités, identifier les auteurs des dites irrégularités, les punir au besoin.

S’il est vrai qu’aucune oeuvre humaine n’est parfaite, même reprise, il en demeure mieux qu’il est responsable et raisonnable de décider au besoin d’une reprise uniquement à l’intention des absents et présents empêchés de participation par certains CRP et DDEMP excessivement zélés, que d’une reprise généralisée qui ne serait qu’un aveux d’impréparation, de précipitation, d’improvisation, d’échec et de gaspillage des judicieuses et très limitées ressources publiques à l’ère de la Rupture dont la bonne gouvernance est annoncée comme boussole de gestion, de bonne gestion.

Par conséquent, avant toute reprise même partielle, les syndicats du MEMP, exige de la part du Gouvernement et du MEMP en particulier, le point exhaustif de l’évaluation passée avec la possibilité d’accès facile aux données fiables qui pourraient justifier une quelconque reprise de l’évaluation pour les instituteurs qui ne sont pas les seuls visés par les textes de la Fonction publique qui certes ont prévu l’évaluation annuelle de tout fonctionnaire, toute sorte d’évaluation sauf collective; l’évaluation des compétences académiques et professionnelles ou pédagogiques étant avant et après tout individuelle et un acte purement individuel.

Au vu du Syndicat, il est inadmissible surtout sous le régime actuel du nouveau départ, que les ressources de l’État déjà dites insuffisantes pour régler les précieuses et légitimes revendications des enseignants souvent objet de longs mois de grève, soient dilapidées de la sorte sur le dos des instituteurs sans justificatifs convaincants et situation de responsabilités assumées par qui de droit si tant est que la reprise généralisée de l’évaluation NATIONALE du 16 juin dernier tel à nouveau décidée par le Gouvernement est indispensable. Le MEMP a t’il un budget élastique pour supporter à merveilles sans sacrifier d’autres activités importantes prévues le coût d’une telle opération reprise? Par la voie de leurs syndicats, les instituteurs et institutrices du Bénin

1- se déclarent indisponibles pour aller reprendre ce qu’ils ont déjà fait le 16 juin 2018;
2- exigent la reconversion de ces fonds mobilisés pour la reprise du 28 juillet 2018 à l’augmentation de leurs diverses primes anciennes comme nouvelles, au paiement de leurs arrièrés de salaires, d’avancements de grade et d’échelons, des divers avantages dont le remboursement est bloqué par le Pouvoir TALON depuis plus de deux ans que le Bénin révélé gouverne ce pays.

Enfin, prenant acte de cette volonté manifeste des enseignants ainsi clairement exprimée à leurs Secrétaires Généraux, les Organisations syndicales du MEMP demandent d’une part au Gouvernement l’annulation pure et simple de la Reprise prévue pour le 28/07/2018, au besoin pour les absents et empêchés de toutes sortes s’il dispose encore des fonds publics à distraire, le renoncement définitif à l’organisation d’une telle forme d’évaluation aux fonctionnaires enseignants, la publication détaillée et immédiate du coût de l’évaluation du 16/06/2018, des insuffisances observées qui justifieraient une reprise intégrale, des noms des auteurs d’une telle mal organisation, les sanctions prévues à leur encontre, et d’autte part à tous les Instituteurs et Institutrices du Bénin à la mobilisation totale pour un boycott réussi de l’évaluation du 28 juillet 2018 annoncée si le Pouvoir maintenait sa décision de dilapider à nouveau les maigres ressources de l’État; et la remise au travail, avec moyens adéquats, des Conseillers Pédagogiques et Inspecteurs CRP qui ont les pleines prérogatives au moyen de sérieuses visites de classe et d’école d’identifier les besoins réels académiques et pédagogiques des enseignants en situation de classe.

Le déroulement normal des travaux de fin d’année, de correction du CEP 2018 et les prémices d’une paisible rentrée scolaire 2018-2019 en dépendent largement indépendamment de la satisfaction des revendications latentes objets des dernières grèves dans le secteur de l’enseignement.

En tout état de cause, le Syndicat décline toute responsabilité des conséquences néfastes qui découleraient de l’organisation forcée de cette reprise généralisée de ladite évaluation et d’éventuelles implications qui en résulteraient.

Les Syndicats du MEMP

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