Bénin: Me Marie-Elise Gbèdo dénonce la communication à outrance autour de la représentativité des femmes

La communication à  outrance autour de l’une des propositions d’amendement à la Constitution du 11 décembre  1990, à savoir l’amélioration de la représentativité  des femmes au sein du parlement n’est pas du goût de Me Marie Elise Gbèdo. Dans une interview accordée à une WebTv de la place, l’ancienne Ministre de la justice n’a pas caché son indignation et appelle aussi au consensus autour de la révision de la Constitution.

Pour Me Marie Elise Gbèdo, on veut montrer au peuple que c’est à cause de la représentativité des femmes que la révision de la Constitution doit se faire. Alors que les propositions d’amendement à la Constitution rejetées par la minorité parlementaire sont au nombre de 4 dont la promotion des femmes au sein du parlement. Ce que dénonce l’ancienne Présidente de l’Association des femmes juristes du Bénin qui pense que la communication doit se faire  de façon équitable autour des quatre points.

A l’en croire , l’article 26 de la Constitution en vigueur a même déjà réglé cette problématique de la représentativité des femmes. Cet article, en effet, fait de l’homme et de la femme, des êtres égaux en droit. Il suffit, selon l’avocate, de prendre des lois spécifiques par rapport à cette question et d’être vraiment sincère avec les femmes. «Avec cette problématique de la représentation et de représentativité de la femme, il faut que les hommes politiques cessent de s’amuser avec nous, qu’ils soient sérieux parce que même là, ils nous donnent l’impression que c’est de la poudre aux yeux», s’indigne-t-elle. Et même s’ils approuvent cette proposition, elle estime tout de même que les gouvernants actuels doivent aller plus loin. « … Dès lors qu’ils veulent constitutionnaliser la loi, on ne peut pas constitutionnaliser pour une seule institution. L’exécutif qui nomme les Ministres femmes, les préfets, les femmes dans l’administration, quel est  le quota ?», s’interroge-t-elle.

Pour finir, elle souhaite le consensus autour de la révision de la Constitution. «Tant qu’ils n’arriveront pas à un consensus, ça ne marchera pas. On doit pouvoir arriver à un consensus quand il s’agit de révision de la Constitution», insiste la Juriste.

Lorsqu’on écoute même les députés dans leur communication, on a l’impression qu’ils veulent montrer au peuple béninois que c’est à cause de la représentativité des femmes que la révision de la constitution doit se faire et que le fait que les députés de l’opposition n’aient pas voté et qu’ils n’aient pas obtenu les 4/5 pour pouvoir légiférer. On dit qu’on ne veut pas que les femmes participent à la chose publique, on ne veut pas faire la promotion des femmes. Je dis non. Ce n’est pas bien.

Ils ont choisi quatre amendements.  Ils doivent communiquer sur les quatre de façon équitable. Mais là aujourd’hui nous les femmes nous avons l’impression qu’on nous met devant, que s’il y a eu échec c’est les femmes qui vont en souffrir hein. Mais ce sont ces mêmes députés qui nous ont traitées de tout dans ce pays puisque nous nous sommes toujours battues pour qu’en toute équité les députés puissent positionner les femmes en tête de liste.

Aujourd’hui, les femmes font 8% à l’Assemblée nationale. Si on arrive à voter cette loi et  à la mettre en application, on aura  17% de femmes. On se bat depuis les années 1995. Ce n’est pas suffisant parce  que je voudrais rappeler qu’en 2010, une loi avait été votée pour amener le pourcentage de femmes à l’Assemblée nationale à 20%. Et la Cour constitutionnelle avait dit que c’était contraire à l’article  26 de la Constitution qui disait que l’homme et la femme sont égaux en droit. Donc en 2010, ils ont proposé 20% et aujourd’hui on nous propose 17%. C’est pour ça que je dis je ne suis pas contre la proposition qui est faite mais il faut aller plus loin parce que dès lors qu’ils veulent constitutionnaliser la loi, on ne peut pas constitutionnaliser pour une seule institution. L’exécutif qui nomme les Ministres femmes, les préfets, les femmes dans l’administration, quel est  le quota ? On doit pouvoir discuter aussi autour de ça et c’est ça qui est dommage parce qu’on a toujours dit dans ce pays que pour réviser la Constitution, on doit se débrouiller pour qu’on arrive à un consensus. Tant qu’ils n’arriveront pas à un consensus, ça ne marchera pas. On doit pouvoir arriver à un consensus quand il s’agit de révision de la Constitution.

Et dès lors qu’aujourd’hui, on nous dit  qu’on veut constitutionnaliser la promotion de la femme dans la sphère politique, je dis que l’article 26 s’en est occupé même l’article 9 de la Constitution. Il suffit tout simplement de prendre des lois spécifiques par rapport à ça et d’être vraiment sincère avec les femmes. Avec cette problématique de la représentation et de représentativité de la femme, il faut que les hommes politiques cessent de s’amuser avec nous, qu’ils soient sérieux parce que même là, ils nous donnent l’impression que c’est de la poudre aux yeux.

Maître Marie Elise Gbèdo

 

 

 

 

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