Bénin – nouveaux tarifs des postes de péage : la lettre ouverte d’un citoyen à Patrice Talon

Le 29 juin 2018, un communiqué du ministre des infrastructures et des transports a porté à l’attention des usagers de la route que les tarifs au niveaux des postes de péage et péages/pesages ont connu une augmentation.  Suite à cette décision qui est rentrée en vigueur ce dimanche 1er juillet 2018, un citoyen choqué par la cherté des nouveaux tarifs a décidé de s’adresser au Chef de l’Etat à travers une lettre ouverte.

LETTRE OUVERTE À PATRICE TALON, Président de la République

Mr le Président de la République, sachez raison garder pour ne pas conduire le navire à la dérive. Nous restons convaincus que chacun devra faire un minimum de sacrifice pour contribuer à l’effort national mais lorsque la population se sent opprimer et comprimer, elle peut prendre une nouvelle direction.

En lisant ce communiqué de votre tout nouveau ministre des transport sur les nouveaux tarifs de péage et surtout en m’attardant sur la motivation relative à la durée des tarifs actuels et par la suite en notant que les nouveaux tarifs sont le double des tarifs actuels pour les péages actuellement fonctionnel, j’ai des interrogations qui me viennent à l’esprit.

1- sur quelle base il a été retenu qu’il faut doubler les prix de péage ?

2- en partant de la logique que c’est parce-que les tarifs actuels sont vieux de 10 ans, pouvez-vous nous dire si depuis 10 ans la situation de bien-être financier du béninois s’est améliorée ? Quelle est la proportion d’augmentation des salaires au Bénin depuis 10 ans dans le public que le privé?

3- j’ai lu dans ce communiqué que les nouveaux tarifs concernent aussi les péages de houegbo (juste après Hinvi et non pris en compte par la nouvelle route Akassato-Bohicon) et de Biro (terminé depuis des années mais jamais fonctionnel obligeant les usagers à mettre les engins en péril dans une déviation) sont concernés par ces tarifs. Est-ce à dire que ces infrastructures seront bientôt mis en service ? Si oui, sur quelle base avez-vous évalué leurs prix et pourquoi ces péages ne sont pas aux mêmes tarifs que Ekpè et Ahozon? Ceux qui empruntent ces routes sont-ils plus riches que ceux des routes à péages fonctionnels actuels? Le trafic est-il plus important sur Ahozon que sur Houegbo?

Au demeurant, pensez-vous que la situation économique actuellement tendant à creuser le niveau de pauvreté du béninois moyen autorise de telles augmentations? Ma réponse à moi c’est non et non Mr le Président.

Nous sommes dans ce pays, nous y vivons et y menons nos activités. Nous traversons les différents postes de péages et nous savons ce que ça peut engendrer comme charge supplémentaire de transport. Les taxis vont renchérir les prix. Les véhicules de transport privé vont assumer désormais le double des charges antérieures.

Pour exemple, en tenant compte de votre nouvelle tarification et des péages possibles à traverser, en quittant ma résidence de Calavi pour aller voir ma maman au village dans la commune de Bembéréké, je dois payer 1.000 à Houegbo, 1.000 à Diho et 1000 à Sirarou au bas mot, soit 3.000 FCFA au lieu de 1000 que je paye actuellement. Mon frère qui doit aller voir son père à Nikki doit payer encore 1.000 supplémentaire à Biro. Au final, nos poches seront vides et nous ne pourrons plus assurer le service minimum que nous faisons à l’endroit de nos parents qui ne bénéficient d’aucune protection sociale.

Vous avez cette semaine évoquer la diaspora et sa contribution au développement du Bénin. Notez alors aussi qu’à l’intérieur du pays, chaque village, chaque arrondissement ou chaque commune a une diaspora dans les autres localités du pays pour diverses raisons et qui est appelée à contribuer au mieux-être de leurs familles et communautés et qu’ils ont besoin d’accompagnement. C’est bien de vouloir réviser les prix, mais tenez aussi compte de l’évolution de la situation économique des populations pour lesquelles vous travaillez.

Le tout capital tue le capital. Prenez garde et faites à sorte à ne pas nous asphyxier.
Merci Mr le Président pour l’attention que vous voudrez nous accorder en révisant ces tarifs qui ne répondent pas à la capacité actuelle des populations.

Soulémane KOTO YERIMA

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