Bénin – Promotion de la femme : l’arme du pouvoir pour combattre ses adversaires en 2019 ?

Les députés de la septième législature égrènent progressivement les derniers mois de leurs missions républicaines, celles de représentation, de contrôle de l’action du gouvernement et de vote. Dans les états-majors des différentes formations en lice pour le compte des prochaines législatives, l’heure est à l’organisation en vue de ratisser large lors de ce grand rendez-vous électoral. Mais ce qui parait curieux, c’est l’arme que semble utiliser le pouvoir pour combattre les adversaires politiques.

C’est un secret de polichinelle qu’à l’approche du renouvellement des membres de l’Assemblée nationale, l’équipe sortante se montre de plus en plus généreuse vis-à-vis des populations. C’est sous cet angle que bon nombre d’observateurs de la vie politique perçoivent la générosité des députés du Bloc de la majorité parlementaire (BMP) à l’endroit des femmes qu’ils disent promouvoir à quelques mois de la fin de leur mandat. Même si elles ne sont pas demandeuses, le BMP a jugé opportun de favoriser leur accès au parlement dès la prochaine mandature. Une discrimination positive diversement appréciée au sein de l’opinion.

Malgré les explications apportées par les initiateurs de ces propositions, les fruits n’ont finalement pas tenu la promesse des fleurs. Ces propositions se sont, en effet, heurtées au véto des députés de la minorité parlementaire. Depuis lors, les choses deviennent de plus en plus intéressantes. Sur les quatre points proposés par les députés soutenant les actions de la rupture, la campagne est désormais menée sur un seul lié à la promotion de la femme. Les autres points relatifs à la Constitutionnalisation de la Cour des comptes, de l’abolition de la peine des morts et du groupage des élections sont abandonnés à leur triste sort. Toute l’attention est focalisée sur l’amélioration de la représentativité des femmes. Elle devient, de ce fait, la question principale de cette initiative du BMP et les autres subsidiaires.

Dans les médias proches du pouvoir et sur les réseaux sociaux, le constat est amer. La communication est menée à telle enseigne que les députés de l’opposition sont perçus comme les ennemis de la promotion de la femme. Tous les grands titres de ces journaux sont orientés dans ce sens, celui de défavoriser l’opposition et tous ceux qui ne partageraient pas la vision du pouvoir du 06 avril 2016, étant donné que les femmes représentent plus de 52% de l’électorat béninois.

Ce qui est aussi paradoxal, c’est le comportement de certains députés partisans de l’ancien régime et ardents défenseurs du nouveau régime qui pensent que le régime auquel ils avaient appartenu par le passé n’a rien fait en faveur des femmes alors même que le tableau après plus de deux ans sous la rupture laisse perplexes beaucoup de Béninois. D’ailleurs, la communication à outrance autour de la question a même indigné Me Marie Elise Gbèdo qui souhaite une communication équitable autour des quatre points d’amendement.

Sans risque de se tromper, tout ce tapage autour de la promotion de la femme se révèle comme une arme pour le BMP et le pouvoir de combattre les adversaires politiques et, par ricochet, d’empêcher la compétition. Mais réussiront-ils vraiment à empêcher la compétition? Les Béninois surtout les femmes pourront-ils répondre favorablement en son temps à l’appel du BMP? Les jours à venir édifieront davantage les uns et les autres.

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