Bénin – promotion de la femme: les doubles faces des députés

La question de la discrimination positive en faveur de la femme n’est pas une question nouvelle en République du Bénin. Bien que la constitution de Décembre 1990 ait consacré la légalité entre l’homme et la femme, des voix se sont toujours levées pour demander des traitements de faveur pour la femme.

C’est ainsi que le 28 Juillet 2016, l’honorable Claudine Afiavi Prudencio avait interpellé le gouvernement sur des mesures qu’elle compte prendre pour faire la promotion de la femme. C’était à travers une question d’actualité que l’élue de la sixième circonscription électorale a demandé des comptes au gouvernement. Dans cette demande, la présidente de l’Udbn avait fait remarquer que sur les 12 préfets nommés par l’actuel locataire de la Marina, seulement une seule femme a été promue. Dans le premier gouvernement du président Patrice Talon, on note seulement la présence de 03 femmes dans un gouvernement de plus d’une vingtaine de personnes. Si les chefs d’Etat qui se sont succédés  ont tout toujours évoqués la question de la promotion de la femme, peu parmi eux dans la pratique ne militent en réalité pour cette promotion.

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A travers les faits, on ne note aucune volonté réelle de la part de l’exécutif à promouvoir les femmes, la situation est encore plus perceptible au niveau des élus du peuple. A une époque récente, ils ont même combattu une proposition de loi visant à promouvoir la femme; une proposition soutenue par le président de l’institution parlementaire. C’est dans ce cadre aussi que les députés appuyés par les fonctionnaires parlementaires abordent les contours de ladite proposition de loi et la possibilité de porter le nombre minimal de la représentativité des femmes au Parlement à vingt quatre (24), bien sûr en tenant compte d’une probable modification du code électoral en vigueur au Bénin.

Mais malheureusement, cette proposition de loi  a fait l’objet de critique de tout genre de la part de ceux-là qui, subitement décident avec détermination et menaces de constitutionnaliser la promotion de la femme en procédant à l’amendement de la loi fondamentale.

Qu’est qui a bien pu se passer pour que ceux qui étaient contre cette discrimination positive hier, soient aujourd’hui les ardents défenseurs d’une cause qu’ils avaient pourtant combattu il y a quelques années? Difficile de répondre à cette interrogation. Mais en tout état de cause, les arguments que nous entendons aujourd’hui de la bouche de certains parlementaires qui disaient exactement le contraire des propos qu’ils tiennent aujourd’hui suscitent des interrogations et créent de la méfiance dans les esprits.

A titre illustratifs, nous avons compilé quelques extraits des propos de parlementaires lors du débat en plénière il y a 4 ans sur une proposition de loi visant la promotion de la femme.

Point de vue de quelques députés sur la promotion de la femme:

Honorable Aké Natondé: pour l’élu de la 24ème circonscription électorale, la proposition de loi portant promotion de la femme n’est pas une loi favorable à la femme en ce sens qu’elle leur retire leur prérogative. « …Voter cette loi serait une façon de retirer aux femmes leur prérogative. C’est pourquoi je souhaite que les auteurs de la loi la retire afin de l’améliorer » avait-il conclu.

Honorable Raphaêl Aotegnon: pour le député PRD, les femmes n’ont pas forcément besoin d’une loi pour se faire positionner. « …Les femmes ont la possibilité de se faire positionner  à 100%. Si un parti politique constate  que dans une circonscription électorale  il faut une position des femmes à 100% pour gagner , ce parti ne se fera pas prier. Tout dépend d’abord du travail des femmes sur le terrain politique. Au PRD, nous avons 22% de femmes parmi nos élus sans une loi portant égalité d’accès aux fonctions » avait-il fait savoir.

Honorable Rachidi Gbadamassi: pour le docteur en politique appliquée, voté cette loi, c’est allé contre les prescriptions divines et contre nos réalités culturelles. « …C’est un piège tendu aux femmes par des femmes intellectuelles qui sont à la base de cette loi. Elles vont importer des lois qui ne correspondent pas à nos réalités. Je propose que cette loi soit purement et simplement retirée » avait-il suggéré.

Honorable André Okounlola: pour l’He Okounlola, l’homme et la femme sont égaux et chacun doit se battre pour atteindre des positions qu’il vise. Autrement, estime t-il, ce serait la porte ouverte à la promotion de la médiocrité.  » Avec respect, je vous donne l’exemple de madame Rosine Soglo  qui, pratiquement a fait 20 ans ici. Est ce que c’est une loi qu’on a voté  pour qu’elle fasse 20 ans ici? Le gouvernement est ici représenté par 02 femmes; est ce que c’est une loi qu’on a voté pour qu’elles soient ministre? Les femmes n’ont qu’à s’imposer puisqu’elles représentent 52% » avait martelé l’He André Okounlola.

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