Bénin: second mandat pour Talon, Odile Atanasso comme Fatouma Djibril sous Yayi

A l’image de l’ex ministre de l’agriculture Fatouma Amadou Djibril sous le président Yayi Boni, l’actuel ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche scientifique annonce la nécessité d’un second mandat pour l’actuel locataire de la Marina.

Dans un entretien accordé au quotidien du service public, Marie-Odile Atanasso plaide pour le renouvellement du mandat de son boss. En substance, elle a fait savoir que le gouvernement se surprend de constater que cinq ans est trop court pour réussir les réformes et pour améliorer le quotidien des béninois et pour cela, elle fera feu de tout bois pour que le président Talon fasse au moins deux mandats. Des propos du ministre Atanasso qui sonnent comme un aveu d’échec du premier mandat du président Patrice Talon. Le miracle promis au bout d’un mandat n’aura certainement plus lieu et il faut un second mandat pour parvenir à mettre en oeuvre les différents projets phares contenus dans le  « PAG ».

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La similitude entre la déclaration du ministre Atanasso et Fatouma Djibril se retrouve d’abord dans le contexte. Un contexte caractérisé par une rumeur persistante d’une manœuvre entre l’exécutif et le législatif pour proroger le mandat du chef d’Etat actuel. la première fumée est sortie de la bouche de l’honorable Dakpè Sossou qui n’en pouvait de garder la « BONNE NOUVELLE » tout seul, se lâcha, avec émotion dans une interview, que le chef de l’Etat fera plus qu’un mandat.

La suite des faits et actes posés par l’exécutif et le parlement ont tôt fait de corser la suspicion des députés du bloc de la minorité parlementaire devenus réfractaires à toutes initiatives venant du gouvernement ou de l’Assemblée nationale. Le vote défavorable émis par les 19 députés du bloc de la minorité parlementaire contre la proposition de loi portant révision de la constitution de 1990 est illustratif de la méfiance et de la suspicion de ce bloc contre une majorité parlementaire prête à tous les coups pour leur survie politique fortement liée à la bonne volonté du chef de l’Etat. Du coup, cette minorité parlementaire soupçonne un piège à canards caché dans la proposition de loi portant révision de la constitution de Décembre 1990; une initiative de 08 députés du bloc de la majorité acquis au chef de l’Etat.

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C’est dans ce contexte de suspicion que la ministre Marie Odile Atanasso lance dans un entretien accordé au quotidien « La nation »:  » On s’est rendu compte que ce n’est pas deux ans qu’il fallait. Le trou était plus profond qu’on ne le pensait…on était loin de s’imaginer que tout le système était corrompu. Donc, quand vous êtes arrivé à ce niveau de déconfiture, en deux ans, on ne pourra pas tout redresser. Il n’y a pas de secteur que vous prenez dans ce pays sans crier de stupéfaction…On va faire au mieux… Peut-être que c’est la raison pour laquelle il faut faire plus que cinq ans. Je veux dire que le président doit peut-être faire plus que cinq ans. Peut-être deux mandats pour asseoir les réformes. »

Qu’il vous souvienne qu’en 2014, le contexte était le même. Caractérisé par une rumeur persistante de la volonté du chef de l’état d’alors de réviser la constitution pour se donner un troisième mandat. C’est dans ce contexte de suspicion que l’ancienne ministre de l’agriculture sous le régime du président Thomas Boni Yayi a crée la surprise en parlant de l’éventualité d’un troisième mandat pour le chef de l’Etat. En effet, invitée dans l’émission « Zone Franche »  de Canal 3 Bénin le dimanche 20 Juillet 2014, la ministre Amadou Djibril n’a pas sourcillé pour affirmer de sa voix mélodieuse que les populations très enthousiasmées pourraient lui accorder un troisième mandat pour qu’il poursuive les actions de développement du pays.

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« …Le président Roosevelt en Amérique, c’était le président le plus populaire de l’Amérique. Quand il a fini son mandat, les américains ont souhaité qu’il continue(…) Si le peuple béninois le veut, pourquoi pas. Donc le peuple va décider. Si le peuple veut que le président Boni Yayi fasse un troisième mandat pourquoi pas. (…) C’est le peuple qui décide et c’est le peuple qui vote pour son chef. C’est ça la vraie démocratie. C’est ça la vraie démocratie. » avait laisser entendre la ministre Amadou Fatima Djibril. Selon elle, le respect de la constitution est synonyme du respect de la volonté du peuple.  Autrement dit, ce que le peuple veut peut très bien l’emporter sur les dispositions constitutionnelles.

« …En  2011 par exemple, vu le contexte que nous avons eu à passer, on est arrivé à un K.O, c’est le peuple qui a décidé çà, ce n’est pas les politiciens. On a écourté la campagne 2011, mais à la fin, le peuple a décidé. On est passé K.O.  Ça là, c’est du jamais vu. Si le peuple est conscient du fait que le président doit continuer ses actions, le peuple peut décider. Je crois que le chef de l’Etat doit faire aussi la volonté de son peuple. En respectant la Constitution, je crois qu’on doit tenir compte de la volonté de son peuple. » avait affirmé la ministre de la République sous Yayi Boni.

Il sera rétorqué que comparaison n’est pas raison et qu’en l’état actuel de la constitution, l’actuel chef de l’Etat a encore droit à un mandat constitutionnelle. Mais dans un contexte de réforme mentale, l’exemple doit venir des réformateurs. Et pour asseoir son autorité, le chef de l’Etat doit donner « force » à sa parole.

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« Je ferai de mon mandat unique une exigence morale en exerçant le pouvoir d’Etat avec dignité et simplicité. Je m’acquitterai de mes devoirs de Président de la République avec humilité, abnégation et sacrifice pour le bien-être de tous« .  Tel est l’un des engagements pris par le chef de l’Etat le 06 Avril 2016 devant le peuple béninois en prenant pour témoin Dieu et les mânes de nos ancêtres.

Après son investiture, le chef de l’Etat s’est investi à honorer cette promesse de campagne en initiant un projet de loi de révision de la constitution de la constitution de 1990. Dans cet élan de ne faire qu’un seul mandat, l’actuel locataire de la Marina a  décidé de graver ce mandat unique dans la constitution. Mais le projet de révision de la constitution est rejeté le 04 Avril 2017 à l’Assemblée nationale par une minorité de blocage.

Le volte face de Talon sur le mandat unique

Après l’échec de la révision de la constitution, le président Patrice Talon semble avoir rangé dans le placard, le projet de mandat unique comme si ce choix personnel doit s’imposer à tous ou à personne. En effet, lors d’une  déclaration à l’Elysée le lundi 05 mars, Patrice Talon a abordé subrepticement la question du renouvellement du mandat. Par ailleurs, le samedi 7 octobre 2017 à Paris, lors d’une rencontre avec la diaspora béninoise vivant en France, le président lâche un petit bout de phrase qui nourrit depuis, l’idée d’un rétropédalage présidentiel sur le mandat unique.

« Il n’y a aucune raison que je continue de proclamer haut et fort que je ne serais pas candidat à un 2e mandat« , lance le président Patrice Talon  en réponse à une question de l’assistance.

Cette nouvelle posture du chef de l’Etat a nourrit dans le temps des commentaires divers. Pour certains, c’est une violation pure et simple d’une promesse de campagne phare. Pour d’autres, c’est juste une continuité après l’échec de la réforme constitutionnelle. Mais dans dans les cas, la rhétorique sur le mandat unique entretenu lors des campagnes électorales  par le candidat  Patrice Talon est désormais classée dans le registre des promesses de campagne. Et pour ceux qui savent ce que s’est une promesse de campagne…

Au demeurant, bon nombre de béninois trouvent dans les actes posés par le chef de l’Etat depuis la fatidique date du 04 Avril 2017 ou le projet de révision de la constitution a connu un flop à l’Assemblée nationale, une volonté affichée de conserver le pouvoir au delà du mandat en cours. Cette voix portée par la ministre Amadou Fatouma Djibril comme pour dire « ce que femme veut, Dieu veut » est la même que porte madame Marie Odile Atanasso en précurseur du « Nouveau mandat » du « Nouveau Départ » car,  il n’y a pas de voix qui porte mieux que celle de la femme. Le « J’AVISERAI » du chef de l’état a désormais une orientation et les faits nous édifieront davantage bientôt.

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