Cameroun : vague d’indignations suite à une vidéo d’exécution de deux femmes et leurs enfants

Des images qui heurtent la sensibilité des personnes, voilà ce à quoi les Camerounais ont droit ces dernières 48 heures sur les réseaux sociaux. A la limite de l’horreur au sens strict du terme, ces images montrent « des hommes en uniforme entraînant en brousse des femmes et des enfants et les exécutants froidement ».

Dans la vidéo, publiée mardi et vue des milliers de fois sur les réseaux sociaux,  « On y voit deux femmes, l’une tenant un enfant par la main, l’autre portant un bébé sur le dos et juste derrière elles, les forçant à avancer, deux hommes en uniforme de l’armée, kalachnikov en bandoulière ».

Avant de les exécuter, ces hommes les qualifient, en français, de «BH» (pour Boko Haram), précisant que les victimes ont été capturées lors d’un assaut contre les djihadistes nigérians.

« Ces images qui semblent tournées avec un téléphone portable sont commentées en direct par un homme. Il présente les protagonistes qu’il filme : des éléments Boko Haram récupérés après un assaut, dit-il. Il donne aussi des noms : notamment le caporal-chef Tsho-tsho et le 2e classe Cobra. Les deux hommes en tenue militaire font avancer les deux femmes et leurs enfants sur une piste, les poussent vers une petite colline, bandent leurs yeux, font s’agenouiller la première femme tout comme la petite fille à qui ils mettent un t-shirt sur la tête. Puis la deuxième avec le bébé sur le dos s’agenouille, les quatre sont fusillées dans le dos. Une vingtaine de coups sont tirés, puis gros plan sur les quatre cadavres, dont le petit bébé », a expliqué  Issa Tchiroma Bakary, le porte-parole du gouvernement, au micro de RFI, rapporte afrocatopsuccess.

Des images « insoutenables » qui suscitent naturellement colère et indignation des Camerounais. Pour le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), qui condamne avec vigueur cette vidéo, « il n’y a pas de doute, ce sont des éléments des forces de sécurité du Cameroun qui sont responsables de ces exécutions ».  Ces derniers disent avoir authentifié la vidéo et recoupé les informations.

Les autorités camerounaises qui se disent « choquées » par cette  vidéo, ont indiqué qu’une enquête a été ouverte pour authentifier la vidéo.

Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du gouvernement Issa Tchiroma Bakary a dénoncé mercredi soir une «fake news», qualifiant cette vidéo d’«horrible trucage».

« Des enquêtes sont ouvertes dès lors qu’on attribue à l’armée camerounaise, aux forces de défense de sécurité du Cameroun pour avoir perpétré ces crimes odieux. Nous n’avons pas encore authentifié, mais j’attire votre attention sur ce qu’on appelle les fake news. Ne soyez pas péremptoire dans l’attribution de ce forfait à l’armée camerounaise. Parce que l’ennemi est toujours capable de se glisser dans la tenue de nos forces de défense et de sécurité pour nous attribuer la paternité de choses odieuses. Permettez simplement qu’une enquête soit menée, d’abord que nous puissions établir l’authenticité de cette vidéo », a expliqué  Issa Tchiroma Bakary, le porte-parole du gouvernement, toujours au micro de RFI.

«Néanmoins (…), le chef de l’État (Paul Biya) a prescrit l’ouverture d’une enquête conformément aux usages en la matière», a-t-il ajouté.

L’armée camerounaise est régulièrement accusée par des ONG de perpétrer des exactions contre des personnes soupçonnées d’appartenir au groupe Boko Haram, ce qu’elle a toujours démenti.

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