France – Affaire Benalla : « le seul responsable, c’est moi et moi seul ! », déclare Emmanuel Macron

Le 19 juillet 2018, le journal Le Monde révèle une vidéo dans laquelle on peut apercevoir un homme muni d’un casque frapper un manifestant. Nos confrères affirment alors avoir reconnu Alexandre Benalla, collaborateur d’Emmanuel Macron.

Avec un master 1 en droit, spécialité sécurité publique, Alexandre Benalla a suivi un cursus armé et devient sergent réserviste de gendarmerie. Après avoir intègré une entreprise de sécurité des hautes personnalités pour s’initier au maintien de l’ordre, il a travaillé avec plusieurs hautes personnalités françaises dont François Hollande. Il abandonne tout lorsqu’Emmanuel Macron se porte candidat à la présidence, pour entrer dans son service de sécurité lors de la campagne.

Devenu un proche collaborateur d’Emmanuel Macron, ce dernier lui créé un poste « sur-mesure » de chargé de mission, qui lui permet de passer les portes de l’Élysée. Actuellement âgé de 26 ans, Il obtient ainsi le rôle clé d’organiser toute la sécurité autour des déplacements du Président. Au cœur du métier, il doit en effet être au courant de toutes les subtilités des déplacements (lieux des barrages, arrivée des manifestants, ultimes vérifications de sécurités, lieux de planque des tireurs d’élite…).

Que lui reproche-t-on ?

Lors des manifestations du 1er Mai 2018, Alexandre Benalla, marié et père d’un enfant, avait intégré les rangs de la police en qualité d’observateur. Mais, sur la vidéo diffusée après la manifestation, il est reconnu en train d’agresser et de malmener les manifestants, muni d’un casque et d’un brassard estampillé « police », ce qui est illégal pour les observateurs.

La vidéo de ces violences avait été déjà partagée sur les réseaux sociaux mais sans que les protagonistes ne soient identifiés.

Ses dérapages connus de ses supérieurs hiérarchiques, il a été démis de ses fonctions d’organisation de la sécurité lors des déplacements du Président, et mis à pied pendant 15 jours par le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda. Malgré ces directives, il est apparu à l’intérieur du bus à impériale des Bleus lors de leur traversée des Champs-Élysées le 16 juillet.

Considéré comme une peine légère, notamment par l’opposition, cette annonce renforce la polémique. Le 19 juillet, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « violences par personne chargée d’une mission de service public », « usurpation de fonctions » et « usurpation de signes réservés à l’autorité publique ».

Dans sa défense, l’Élysée affirme que a été « démis de ses fonctions en matière d’organisation de la sécurité des déplacements du président ». Pourtant, des clichés récents le montrent lors de sorties, aux côtés d’Emmanuel Macron ou du couple présidentiel…

L’affaire Benalla agite et paralyse les débats en cours sur la réforme constitutionnelle, des séances sont suspendues, et des réunions de crise organisée, tandis qu’Emmanuel Macron esquive les questions sur l’affaire.

La gronde se fait sentir dans l’opposition de droite comme de gauche, qui dénonce un « scandale d’État ». Avec la majorité, ils se mettent d’accord pour doter la commission des Lois des pouvoirs d’enquête sur cette affaire.

20 juillet : licenciement et garde à vue

L’Élysée engage très vite une procédure de licenciement contre Alexandre Benalla, le 20 juillet, en raison de « faits nouveaux » : il se serait fait transmettre des images de vidéo-surveillance du 1er mai place de la Contrescarpe, considéré comme du recel de détournement d’images de vidéosurveillance.

Alexandre Benalla est alors placé en garde à vue, et les trois haut gradés de la préfecture de police soupçonnés de lui avoir transmis ces images de vidéo-surveillance sont suspendus.

Interrogé par les enquêteurs à leurs côtés, Vincent Crase, un salarié du parti présidentiel La République en marche, également présent le 1er mai.

21 juillet : enquêtes judiciaire et parlementaire avancent

Le 21 juillet, les gardes à vue d’Alexandre Benalla et Vincent Crase sont prolongées, tandis que le domicile de Benalla est perquisitionné. Les trois haut gradés de la préfecture de police sont à leur tour placés en garde à vue tandis que les deux manifestants violentés sur les images, un homme et une femme, sont identifiés et demandent à être entendus plus tard par les enquêteurs.

Pris dans l’affaire, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb est désigné pour être interrogé par la commission des Lois lundi matin dans le cadre d’une audition publique. Pendant ce temps là, les débat à l’assemblée sont toujours bloqués, poussant le gouvernement à suspendre l’examen de sa réforme constitutionnelle en attendant « des conditions plus sereines ».

23 juillet : mises en examen, en attendant Collomb

Dimanche soir, Alexandre Benalla, Vincent Crase et les trois autres suspects sont mis en examen.

Les deux premiers pour « violences en réunion » et « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique ». Benalla l’est également pour « port public et sans droit d’insignes réglementés », « recel de détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection » et « recel de violation du secret professionnel ». Crase quant à lui, pour « port prohibé d’une arme de catégorie B ».

Les trois policiers sont également mis en examen pour « détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection » et « violation du secret professionnel ».

Alexandre Benalla est aujourd’hui mis en examen pour « violences en réunion », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique », « port public et sans droit d’insignes réglementés », « recel de détournement d’images issues de la vidéo protection » et « recel de violation du secret professionnel ». Hormis son licenciement, il risque également jusqu’à 3 ans de prison et 45.000 euros d’amende.

Mardi 24 juillet – Macron se pose comme « seul responsable ».

Alors qu’il restait mutique après plusieurs jours de désordre, blocages et tensions, et que la pression s’intensifiait pour qu’il donne sa vision d’une affaire le touchant au plus près, Emmanuel Macron sort de son silence. Et choisit un cadre et un moment inattendus pour s’exprimer : un pot de fin de session parlementaire à la Maison de l’Amérique latine de Paris. « Le seul responsable de cette affaire, c’est moi et moi seul ! », dit-il. « S’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher », lance-t-il, bravache, devant son gouvernement et sa majorité parlementaire quasiment au grand complet.

« Je suis fier de l’avoir embauché »

Le président ajoute ensuite : «Je suis fier de l’avoir embauché à l’Élysée. Parce que je considère que c’était quelqu’un qui était dévoué, qui avait un parcours différent. Et il a fait beaucoup de bonnes choses quand il était à l’Élysée.»

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