RDC – Discours sur l’état de la nation : Joseph Kabila entend « respecter sans équivoque la constitution »

Le président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, a maintenu jeudi son pays dans le suspense sur ses projets politiques, cinq mois avant les élections cruciales.

Dans un discours sur l’état de la nation dont l’annonce  avait suscité des spéculations intenses, Kabila a promis de s’en tenir à la date du 23 décembre pour le scrutin, et de « respecter sans équivoque la constitution ». Mais dans ce long discours énumérant les politiques de son gouvernement, Kabila n’a pas précisé s’il chercherait à briguer un nouveau mandat.

L’opposition a réagi avec colère au discours.

« C’est ce que le peuple congolais attend de quelqu’un qui pense être un monarque éternel », a déclaré le député de l’opposition Claudel André Lubaya. Un porte-parole du principal parti d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès, a déclaré à l’AFP qu’une « réaction musclée » allait se produire vendredi, sans donner plus de détails.

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Kabila est à la tête du plus grand pays d’Afrique subsaharienne depuis 2001. Il n’avait que 29 ans quand il a pris la présidence de son père, Laurent-Désiré Kabila, après que ce dernier a été assassiné par un de ses gardes du corps. Kabila a gardé le pouvoir grâce à une clause constitutionnelle lui permettant de rester en fonction jusqu’à l’élection d’un successeur. De nouvelles élections auraient dû avoir lieu en décembre 2016, mais elles ont été reportées à 2017 et devraient maintenant avoir lieu le 23 décembre.

Des dizaines de personnes ont été tuées dans les manifestations depuis la fin de l’année 2016, lorsque Kabila devait quitter ses fonctions à la fin de son second mandat, techniquement le dernier permis en vertu de la constitution.

‘Changer de direction’

Les Nations Unies, l’Union européenne et les puissances mondiales ont à plusieurs reprises exhorté les autorités à veiller à ce que le scrutin soit équitable, libre , crédible et à bonnes dates. Le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ont affirmé jeudi dans une déclaration commune que les élections « devaient conduire à un transfert pacifique et démocratique du pouvoir, conformément à la constitution ». Le communiqué, publié après une réunion au siège de l’ONU à New York, a également menacé de « prendre des mesures appropriées contre tous les acteurs congolais » qui entravent l’organisation des élections.

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Jeudi, Ida Sawyer, directrice de Human Rights Watch (HRW) pour l’Afrique centrale, a déclaré: «Il est urgent d’intensifier les pressions pour convaincre (Kabila) de changer de direction». Sawyer a quitté la RD Congo en 2016 après avoir travaillé dans le pays pendant une décennie quand Kinshasa a révoqué son visa, apparemment à cause des critiques fréquentes de HRW sur la situation des droits. Certains experts craignent que le vaste pays troublé, qui a connu deux guerres majeures en 22 ans, ne se confronte à un bain de sang si l’élection est reportée ou jugée frauduleuse. L’enregistrement des dossiers de candidature à la présidentielle va du 25 juillet au 8 août.

Quelques heures avant le discours, le mouvement pro-démocratie populaire Lucha a écrit sur son compte Twitter que si Kabila déclarait sa candidature, « levons-nous tous immédiatement pour le forcer à sortir, comme nous l’aurions dû faire il y a longtemps ». Et si Kabila choisit de ne pas chercher un autre terme, «continuons à exiger de vraies élections, ce qui est impossible avec lui et sa CENI (le conseil électoral national) aux contrôles», a-t-il dit.

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