Togo : des prêtres « fauteurs de troubles », à l’origine d’une crise intracommunautaire

Au Togo, la crise s’enlise davantage. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de la crise entre le parti au pouvoir et la coalition des 14 partis de l’opposition. Pendant que ces derniers observent une trêve, le temps pour les facilitateurs de la CEDEAO de trouver une issue favorable à la crise qui divise les fils et filles du Togo, le diocèse de Kpalimé, à 120 km au nord-ouest de Lomé, a voulu prendre la relève. Un conflit oppose l’évêque Mgr Benoît Alowonou à quatre prêtres depuis 2016. Ceux-ci l’accusent d’avoir procédé à des affectations punitives.

Genèse des tensions

Selon le site africa.la-croix, les tensions entre l’évêque de Kpalimé et le groupe de prêtres frondeurs ont commencé en 2016 après les affectations marquant le début de l’année pastorale 2016-2017. Quatre prêtres ont refusé de regagner leur lieu de mission arguant que leur évêque avait procédé à des « affectations punitives ». Au même moment, ils ont publié une lettre exprimant leur désaccord. De nombreuses démarches ont été entreprises par les évêques togolais, le nonce apostolique au Togo ainsi qu’un collège de prêtres consulteurs, pour persuader les prêtres frondeurs de rentrer dans les rangs, sans succès.

Ainsi, lors d’une messe le 28 mars, une altercation a opposé les prêtres frondeurs à des représentants du clergé, obligeant la Conférence épiscopale du Togo (CET) à exprimer son  indignation après ce scandale. Voulant défendre l’évêque qui était l’objet de messages diffamatoires sur les réseaux sociaux, un collège de prêtres du diocèse a lu une déclaration de condamnation de ces messages diffamatoires. Et c’est le feu aux poudres !!!

Trois prêtres frondeurs (Yves Paul Azaglo, Gerson Gale et Daniel Gbadji ) ont pris tour à tour le micro pour vilipender leur évêque et inviter les fidèles à faire en sorte que la messe n’ait pas lieu. L’épiscopat togolais a enfin recommandé à Mgr Benoit Alowonou de prendre les mesures prévues par le Code du droit canonique en de pareilles circonstances.

Le vendredi 13 avril, l’évêque Mgr Benoît Alowonou, a publié trois décrets de suspension touchant les prêtres frondeurs pour avoir causé un scandale public lors de la messe chrismale du 28 mars en refusant de renouveler leurs promesses sacerdotales.

Les prêtres ainsi sanctionnés sont accusés d’avoir eu un « comportement scandaleux » le mercredi saint 28 mars lors de la messe chrismale célébrée à la cathédrale Saint-Esprit de Kpalimé. Une sanction confirmée par le Vatican. « La gravité des faits et le scandale public provoqué ont contraint à des mesures subséquentes dont la suspension des auteurs de l’exercice du ministère sacerdotal », a déclaré le nonce apostolique au Bénin et au Togo, Mgr Brian Udaigwe en regrettant que « malgré les mesures prises à leur encontre, les prêtres susmentionnés continuent de provoquer des troubles dans le diocèse et dans le pays, et de diffamer sous diverses formes leur évêque, la hiérarchie ecclésiastique et l’Église. »

Il rappelle que les prêtres mis en cause risquent des peines plus graves, comme la perte de l’état clérical, s’ils ne respectent pas la sanction disciplinaire, notamment la libération de leur paroisse. Selon les textes de l’église catholique, « les clercs sont tenus par une obligation spéciale à témoigner respect et obéissance » à leur évêque. À moins qu’ils n’en soient excusés par un empêchement légitime, ils sont « tenus d’accepter et de remplir fidèlement la fonction que leur Ordinaire leur a confiée ».

La crise prend de l’ampleur

Selon toujours notre source, les trois prêtres frondeurs, réagissant dans un communiqué datant du 11 juillet, ont refusé de quitter la paroisse estimant que des « contre-vérités » ont été véhiculées quant aux origines de la crise.

  • Nous sommes persuadés que l’Église en tant qu’institution Humano -Divine, est régie par la discipline canonique qui ne s’applique pas injustement. Et la raison du plus fort n’y est toujours pas la meilleure, ni évangélique.
  •  Nous allons porter les faits devant qui de droit dans l’Église. À ce titre nous rencontrerons au moment venu le saint Père, sa sainteté le Pape François qui veut.
  • Les décisions que prendrait l’Église, doivent refléter la justice, l’équité, la vérité, la probité morale et correspondre à l’esprit de la discipline canonique sans oublier les droits et devoirs des clercs.
  • Cette perte de l’état clérical ne regarde que les droits et devoirs des Prêtres car selon le psalmiste et l’Église « on est Prêtre à jamais selon l’ordre du Roi Melchisedek » …pouvait-on lire dans le communiqué signé par les trois prêtes.

Le conflit qui s’est alors amplifié et a divisé les paroissiens de St Joseph de Kudzravi en deux camps adverses. Des chrétiens originaires de cette paroisse mais résidant à Lomé ont intenté une action en justice contre leur ancien curé, le père Azaglo tandis que le 2 juillet, des paroissiens « résidents » de Kudzravi ont déclaré, dans un communiqué, ne plus « considérer » Mgr Alowonou comme leur évêque.

Par ailleurs, selon toujours africa.la-croix, l’audition du père Azaglo prévue le 11 juillet (à la suite de la plainte de ses paroissiens résidant à Lomé) a été ajournée sur requête de son avocat. Le 14 juillet, la gendarmerie a dû intervenir pour empêcher que cette crise ne dégénère en un conflit intracommunautaire.

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