Vidéo virale d’exactions: Amnesty International a des « preuves crédibles » sur les militaires camerounais

Amnesty International a affirmé, dans un rapport, avoir des preuves que les hommes armés exécutant des civils dans une vidéo devenue virale sur la toile mais discréditée par Yaoundé, sont bien « des militaires camerounais ».

Une vidéo virale montrant l’exécution de deux femmes et deux enfants par des hommes en uniforme a enflammé les réseaux sociaux au Cameroun et dans le monde. Le rapport publié jeudi soir, indique que des experts de l’organisation non-gouvernementale internationale ont mené « des investigations qui ont permis d’obtenir des éléments crédibles attestant que ce sont bien des militaires camerounais qui apparaissent sur la vidéo montrant l’effroyable exécution extrajudiciaire de deux femmes et de deux enfants en bas âge ».

Le rapport souligne qu’«une analyse approfondie des armes, des dialogues et des uniformes, associée à des techniques de vérification numérique et à des témoignages recueillis sur le terrain, laisse fortement à penser que les auteurs des exécutions sont des militaires camerounais ».  Dans le rapport, la directrice adjointe du bureau Afrique de l’Ouest d’Amnesty International, Samira Daoud, estime que l’affirmation initiale des autorités camerounaises selon laquelle cette vidéo choquante est un faux « ne résiste pas à l’analyse » des experts de l’ONG.

 « Nous sommes en mesure d’apporter des éléments crédibles qui prouvent le contraire. Compte tenu de la gravité des faits, le massacre délibéré et de sang froid de femmes et d’enfants en bas âge, les dénégations hâtives et méprisantes suscitent de sérieux doutes quant à la possibilité d’une véritable enquête », a déclaré Samira Daoud.

 « Les armes et les uniformes des militaires apparaissant sur la vidéo sont caractéristiques de l’armée camerounaise et pourraient correspondre à un certain nombre d’unités, parmi lesquelles l’infanterie régulière et le Bataillon d’intervention rapide (BIR), qui fait partie des forces spéciales », signe Amnesty International.

Du côté des autorités camerounaises, on se dit choqué par cette vidéo qui depuis quelques jours, suscite l’indignation à travers le monde.  Après avoir déclaré qu’une enquête avait été ordonnée par le Président de la République pour authentifier cette vidéo qui embarrasse le gouvernement, le porte-parole du gouvernement Issa Tchiroma Bakary a lu à la presse, jeudi, une déclaration pour tenter de démontrer le caractère « fake » de cet enregistrement qui circule sur des réseaux sociaux.

 « A l’examen de cette vidéo, les hommes concernés arborent des uniformes bariolés, pour certains, de type forêt. Alors que le paysage et le relief indiquent clairement qu’on se trouve en zone sahelo-sahélienne. En pareilles circonstances, il est constant que les tenues de combat utilisées par l’armée camerounaise sont toujours de type sahélien. Les armes arborées par les présumés soldats présentés dans la vidéo, ne sont pas celles utilisées par l’armée camerounaise dans cette zone d’opération », a-t-il assuré.

Amnesty International qui garde un doigt accusateur sur l’armée camerounaise, demande que « les personnes soupçonnées de porter une responsabilité pénale dans ces crimes de droit international, y compris les supérieurs qui savaient ou auraient dû savoir que leurs subordonnés procédaient à des exécutions extrajudiciaires, soient traduites en justice devant des tribunaux civils de droit commun, dans le respect des normes d’équité des procès ».

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