Amnistie de Simone Gbagbo: les dessous et implications probables de ce geste de Ouattara

C’est l’annonce qui a pris de court tout le monde en Côte d’Ivoire ; l’amnistie accordée à plus de 800 détenues politiques dont l’ex-première dame du pays, Simone Gbagbo. Une libération programmée pour elle et ses codétenus, qui annonce des jours plutôt heureux pour ce pays d’Afrique de l’ouest confronté en 2011 à une des pires crises post-électorales de son histoire dont les séquelles perdurent jusqu’à ce jour.

Il s’agit évidemment d’une bonne nouvelle pour les partisans et membres d’une bonne partie de l’opposition ivoirienne et aussi un signe d’apaisement de la part du président Alassane Ouattara. Même si plusieurs personnes ayant commis des crimes de sang n’ont pas bénéficié de la grâce, il n’en demeure pas moins important que ce qui recouvrent leur liberté sont des pillons essentiels pour la paix et la réconciliation dans le pays.

Ainsi, par ce geste, Ouattara met un coup de massue sur cette tension ambiante que l’on peut toujours constater dans les interventions des uns et des autres et dans les différentes décisions des grands leaders et acteurs politiques de ce pays. Même si chacun évite d’en rajouter et surtout d’envenimer les choses, il était évident que le climat politique sentait la brouille à des kilomètres à la ronde. Par cette grâce présidentielle, le président de la république vient de taire les disputes, de calmer les tensions et de tuer dans l’œuf, en tout cas pour l’heure, les quelques ressentiments qui grandissaient.

Un espoir pour Laurent Gbagbo et une ouverture politique?

Cette amnistie de prisonniers intervient à quelques mois de la décision des juges de la Cour Pénale Internationale sur la remise en liberté ou non de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Ces avocats, pour rappel, avaient déposé une demande d’acquittement de leur client auprès des juges de ladite cour, estimant qu’il n’y avait pas assez de preuves pour continuer à garder Gbagbo en prison. Les juges examinent cette nouvelle demande et rendront leur décision en octobre prochain.

Si Jean Pierre Bemba, après une dizaine d’années en prison à la Haye, a finalement été acquitté et remis en liberté, plusieurs observateurs pensent que ce sera le même sort pour Laurent Gbagbo. Selon eux donc, d’ici quelques semaines, l’ancien président ivoirien pourrait être remis en liberté. Pour d’autres observateurs, il s’agit toujours de la continuité de la politique et donc, tant que Ouattara nourrirait des ambitions présidentielles, il fallait écarter Gbagbo pour éviter une autre crise ; et puisque le président a déclaré ne plus vouloir se représenter, la constitution l’en empêche de toute façon, il est à présent, opportun de couper les chaines de Gbagbo pour que le processus de réconciliation aille à son terme en Côte d’Ivoire. C’est sans doute une volonté commune pour le chef de l’Etat, de marquer son souci de réconciliation nationale qui passe par ce genre de clémence présidentielle dans son pays.

L’autre point de vue de personnes averties, est que la libération de Simone Gbagbo constitue pour Ouattara l’ouverture du jeu politique, quant on sait qu’on s’achemine vers des élections municipales et régionales qui seront très disputées le 13 octobre prochain, tout comme la présidentielle de 2020. En libérant Simone Gbagbo, certains observateurs de la vie politique ivoirienne estiment qu’il libère, potentiellement, une candidate pour cette échéance de 2020, même si lors de son discours, hier soir, le chef de l’Etat a insisté qu’il faut « travailler à transférer le pouvoir à une nouvelle génération ».

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