Bénin – examen du code électoral : Léhady Soglo en appelle à la conscience des députés

L’ancien Maire de la Commune de Cotonou et président du parti de la Renaissance du Bénin n’est pas resté en marge des débats qui ont cours actuellement autour du code électoral en gestation à l’Assemblée nationale. A travers une exhortation envoyée aux 82 représentants du peuple, Lehady Soglo relève les incongruités de ce code en étude au Parlement.

Le président de la renaissance du Bénin, Léhady Vinangnon Soglo suit de près l’actualité nationale depuis son lieu d’exil. Il vient de s’associer au débat en cours sur la proposition de loi portant code électoral en République du Bénin. A  travers un communiqué à l’endroit de la représentation nationale, le désormais ex Maire de Cotonou déplore la proposition de loi en cours qui risque d’exclure une multitude de personnes aux compétitions électorales.

A travers une analyse faite en trois points qu’il qualifie de trois discriminations, le Maire Léhady Soglo exhorte les députés de la septième législature à reconsidérer leur position vis à vis de cette loi afin d’éviter des situations d’incertitude pour le pays.

Exhortation de Léhady Soglo aux députés:

La polémique en cours sur les nouvelles dispositions annoncées du code électoral mérite que tout citoyen s’y attarde, et apporte ses observations. D’où vient-il que l’on veuille, au moyen de la loi, exclure une multitude de citoyens_ceux-là même au nom de qui et au bénéfice de qui l’on est appelé à légiférer_du droit, de la faculté d’être éligibles aux élections législatives et présidentielles; et peut-être encore éventuellement, demain, à d’autres élections? À l’examen, le projet en étude dès demain, lundi 27 août 2018, recèle trois (03) discriminations.

La première véritable discrimination est basée sur le pouvoir financier; donnant lieu à une démocratie censitaire en porte-à-faux avec le multipartisme intégral proclamé sans ambages et à l’unanimité, par les délégués à l’historique conférence nationale.

Si la présente proposition déjà adoptée par la commission des lois, venait à être votée, en l’état, désormais, pour être candidat aux élections législatives ou à une élection présidentielle au Bénin, il faut être très riche.

Sont d’office exclus, et ce, quel que puissent être leur talent, leur génie, leur science, leur popularité, les citoyens modestes, l’écrasante majorité des jeunes et des femmes aux revenus modiques.

L’on devrait se demander pourquoi les concepteurs des nouvelles mesures d’exclusion, ont d’abord songé à l’argent, comme facteur de régulation, dans un pays de si grande pauvreté et de misère. L’argument évoqué de l’imminence d’un financement public des partis politiques ne manque pas de pertinence. Mais alors, pourquoi ne pas attendre l’avènement de la loi sur le financement public des partis avant de se précipiter à accomplir pareille œuvre, goupiller pareille manœuvre?

Tout aussi incompréhensible, demeure l’exclusion systématique de la diaspora et même des absents temporaires du territoire national pour diverses raisons, à travers l’interdiction de candidature aux non résidents durant une période de un (01) an avant l’élection; comme si notre pays pouvait se passer de ses fils résidant à l’extérieur pour réussir son développement. Comme si toutes ces atteintes graves à la cohésion nationale ne suffisaient pas, il est envisagé l’interdiction de candidature aux anciens Chefs d’État à des élections législatives.

Le comble ici, c’est que notre parlement actuel aura choisi le ciblage et la personnalisation du débat électoral. Notre pays compte à ce jour deux anciens chefs d’État et il est de notoriété publique qu’ils sont en désaccord total avec le pouvoir actuel, au regard de son mode de gestion. Ainsi, se mettent en place peu à peu des germes d’une partition de la classe politique, avec d’un côté, les exclus du débat public, parce que pauvres, opposants, exilés, résidents permanents ou temporaires, jeunes et femmes ; de l’autre les partisans du régime parmi les plus nantis. Des comportements qui, ailleurs, dans la sous-région, ont provoqué des perturbations dramatiques.

Le Bénin peut et doit faire l’économie d’une déflagration générale en générant un nouveau dialogue entre les acteurs politiques de tous bords avec pour mission principale d’élargir la compétition électorale au plus grand nombre. A défaut, les députés de la majorité et les bénéficiaires et commanditaires de ces mesures d’exclusion auront eu la lourde responsabilité d’avoir projeté notre pays dans un champ d’incertitudes, dont on peut redouter qu’il attente à la paix et à la quiétude.

J’émets cette adresse à l’endroit des députés à l’Assemblée nationale, en ce dimanche, veille de l’examen en session extraordinaire de cette étrange proposition de loi, pour attirer leur attention à cet effet. Aussi, voudrais-je exhorter nos compatriotes en général, et ensuite les militants et sympathisants de la Renaissance du Bénin, la seule, l’unique, la vraie et l’authentique, en particulier, à se nourrir d’espoir et à poursuivre leur combat intrépide pour le rétablissement de l’État de droit et la consolidation des acquis du Renouveau démocratique.

Léhady Vinagnon SOGLO
Dimanche 26 août 2018

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