Bénin: hausse en vue des cautions des élections, quid des arrières pensées politiques

La commission des loi de l’Assemblée nationale a adopté le 07 août passé, la proposition de loi portant modification du code électoral. si cette loi venait à connaitre un vote favorable en plénière, on assistera alors à une augmentation draconienne des cautions à verser au Bénin pour candidater aux législatives et présidentielles. Quelles pourraient être les raisons ou les motivations d’une proposition de loi électorale si inflationniste en contexte de morosité économique généralisée que vit le Bénin?

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Dans la proposition de loi électorale adoptée par la commission de lois à l’assemblée le mardi dernier, il se révèle que les cautions pour postuler aux législatives passent dorénavant de 8,3 millions à 200 millions. Et pour la présidentielle, la caution passera de 15 millions à 250 millions. Mais pour que cette proposition qui touche aux critères de candidature aux législatives et présidentielles entre en vigueur, il faut qu’elle soit d’abord votée par la majorité requise des honorables. Il urge donc en attendant son vote, de s’interroger sur les mobiles possibles d’une telle proposition soumise à l’Assemblée par quelques députés.

En effet, nous sommes à moins d’une année des législatives prévues pour mars 2019 et à deux ans des présidentielles prévues pour mars 2021. Et par expérience, à l’approche des élections en Afrique, on assiste bien souvent à des réformes électorales du genre. Ainsi, par exemple, en Guinée en 2010, la caution pour candidater aux présidentielles est passée de 25 millions à 500 millions de franc guinéen soit environ 41 millions de franc cfa. En 2012 au Sénégal, la caution exigée pour candidater aux présidentielles est passée de 25 millions à  65 millions. En République Démocratique du Congo (RDC) en 2015, leur nouvelle loi électorale avait fait passer la caution pour être candidat aux élections présidentielles de 50 millions à 100 millions.

Jusque là en Afrique de l’ouest, c’est le Sénégal qui tient la tête de peloton en matière de caution la plus élevée pour prétendre être candidat aux  législatives et présentielles. Le Bénin va détrôner et ravir de loin la vedette au Sénégal en matière de caution électorale si le vote prochain des honorables du Bénin était positif.

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Les motivations souvent brandies dans le cadre de ces reformes, c’est de limiter les candidatures. Mais ce faisant, on choisit la voix de la facilité et de l’exclusion aveugle puisque les candidats qui ont les meilleurs programmes politiques mais qui ne peuvent pas candidater du fait de l’inflation de la caution ne méritent pas un tel sort. Cette mesure semble être anti démocratique et pourrait provoquer l’installation de l’oligarchie. Le Bénin risque ainsi de devenir la chasse gardée des seuls riches dont on ignore d’ailleurs bien souvent, les méthodes et sources d’enrichissements.

Les arrières pensées politiques de la proposition de loi en question

De 8,3 millions à 200 millions pour les législatives et de 15 millions à 250 millions pour les présidentielles, ces cautions proposées dans la loi reflètent un désir d’ostraciser du jeux électoral, les honnêtes citoyens qui gagnent leur vie à la sueur de leur front pour donner toute la préséance à ceux qui font fortune dans des conditions floues et qui pourraient être hissés au pouvoir juste pour le matériel.

La gouvernance est un acte de citoyenneté, de service à la patrie, de dévouement à la nation, qu’il faut dissocier de l’esprit mercantiliste, de l’esprit de classe. Au regard de cette considération, on assistera à un recul de l’esprit républicain, à une négation de la démocratie si une telle loi s’instaurait. En somme, un esprit matérialiste pour ne pas dire un capitalisme outrancier semble donc être caché dans cette loi.

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Pour réduire le nombre pléthorique de parti politique ou de candidats aux élections, point besoin de fermer la porte aux pauvres puisque la richesse n’est pas synonyme de capacité à gouverner un pays. La solution à ce problème se trouve plutôt dans l’éducation civique des partis politiques qui doivent savoir éliminer de leur pratique, les tendances égoïstes qui réduisent souvent les partis politiques à leur fondateur.

En effet, si les partis pilulent en général en Afrique et en particulier au Bénin, c’est lié au fait que  leurs fondateurs ne pensent pas trouver leur place au sein des anciens partis pour faire passer leur idée du fait que l’organisation et les manières d’être et de faire dans les partis déjà existants  n’offrent pas de possibilité de participation. Souvent, les membres de partis politiques sont réduits au suivisme et à la contemplation du même capitaine à bord sur des décennies. Ainsi, le désir d’appartenance et de participation s’effrite.

A vrai dire, au Bénin les partis politiques ne sont pas gérés démocratiquement, ils sont souvent dominés par l’ethnicité. Ainsi, les députes feraient mieux de faire des propositions pour juguler le régionalisme au Bénin plutôt que d’en rajouter aux maux qui minent le Bénin en  marginalisant les pauvres dans le jeu politique.

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