Bénin – polémique autour du glyphosate: les éclaircissements du ministre José Tonato

Le gouvernement du président Patrice Talon n’est pas resté indifférent face aux polémiques suscitées par la réception de 900.000 litres de glyphosate au port sec d’Allada par le ministre de l’agriculture. 

C’est à travers le ministre du cadre de vie et du développement durable, José Didier Tonato que le gouvernement du « Nouveau Départ » a rompu le silence autour du sujet qui défraie actuellement la chronique au sein de l’opinion publique béninoise.

  • La question de l’utilisation des pesticides

Le ministre José Tonato dans ses explications a, au préalable, présenté le contexte du sujet en évoquant le rôle et l’utilité des pesticides. A l’en croire , le  pesticide  est toute substance, matière ou micro-organisme destinée à contrôler, détruire, amoindrir, attirer ou repousser, directement ou indirectement, un organisme nuisible, nocif ou gênant pour l’être humain, la faune, la végétation, les récoltes ou les autres biens, ou destiné à servir de régulateur de croissance de la végétation, à l’exclusion d’un vaccin ou d’un médicament, sauf s’il est topique pour un usage externe sur les animaux.

C’est dans ce contexte que le pesticide « chimique » à défaut de produit bio est utilisé dans l’agriculture pour les besoins de la cause. Mais le gouvernement du Bénin, explique t-il, dans son souci de préserver un cadre sain a interdit l’utilisation de plusieurs pesticides.

  • La position du gouvernement béninois vis-à-vis des pesticides

Selon le ministre du cadre de vie et du développement durable, José Didier Tonato, le gouvernement du Bénin est très attaché à la préservation de notre environnement. Et la santé de ses compatriotes est l’une de ses priorités. C’est d’ailleurs dans cette optique, précise le ministre, que l’Etat béninois a interdit plusieurs pesticides.

Le ministre de cadre de vie a par ailleurs expliqué que non seulement l’Etat béninois dans son souci de préserver le cadre de vie a interdit l’utilisation de certains pesticides mais continue  dans sa quête de donner un cadre de vie meilleur à ses concitoyens, d’explorer les pistes en ce qui concerne les solutions de transition et des solutions durables.

  • Sur la question de l’utilisation du glyphosate

Sur la question du glyphosate qui défraie la chronique, le ministre José Didier Tonato a fait savoir que le glyphosate est une substance qui permet donc de lutter contre les herbes qui entravent les différentes cultures. Elle est utilisée au Bénin dans la culture du coton. Les avis sont divergents d’un scientifique à un autre en ce qui concerne sa dangerosité et l’OMS déclare qu’il est probablement cancérigène; indique le ministre Josée Tonato.

Pour lui, le débat autour du glyphosate est un débat qui doit être mené avec responsabilité mais surtout dans une perspective de développement durable, sans démagogie. A l’en croire, son ministère mène une campagne de sensibilisation et d’encadrement de l’utilisation de cette substance à travers la convention de « Rotterdam ». Cette action de sensibilisation, estime le ministre du cadre de vie, a permis de réduire en 2016, de plus de 60% les taux d’intoxication aux pesticides; et de plus de 75% en 2017.

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Les résultats dans les centres de santé des communes de Savè, Bembèrèkè, Nikki, Pèrèrè, Péhunco, Banikoara, Kérou, Kouandé, Natitingou, Gogounou, Tchaourou, Djidja… sont disponibles; rassure le ministre Josée Didier Tonato. Selon lui, plusieurs  cas d’intoxication sont dus à l’utilisation de l’endosulfan que le Bénin a interdit et qui continue d’arriver frauduleusement sur le territoire. Le lien direct de ces intoxications avec le glyphosate n’est pas scientifiquement établi; a indiqué le ministre Josée Tonato.

L’Etat béninois est même allé plus loin, rassure le ministre. Selon ses explications, il a été mis en place, précise t-il,  une stratégie de réduction de la dépendance à l’égard des pesticides synthétiques et la promotion d’une agriculture plus résiliente au moyen d’une approche transitionnelle.

Le ministre a par ailleurs indiqué que la viabilité d’une exploitation agricole dépend d’une multitude d’éléments, notamment : des recettes agricoles durables  ; un revenu équitable pour les producteurs agricoles  ; des écosystèmes équilibrés avec des terres saines, de l’eau propre et de l’air pur  ; la santé et le bien-être des producteurs qui tentent de subsister grâce à la terre ainsi que du dynamisme des collectivités rurales dont le développement économique et la préservation de la culture dépendent de l’agriculture. Autant d’élément dont le ministère du cadre de vie tient compte dans ses actions en concertation permanente avec le ministère de l’agriculture de l’élevage et de la pêche; selon les propos du ministre José Tonato relayés par le magazine « Kingo News ».

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En dehors de ces démarches de veille environnementale, le ministre du cadre de vie a soumis en décembre 2016,  cette préoccupation au Programme des nations Unies pour l’Environnement pour un projet de renforcement des capacités nationales sur la gestion des produits chimiques et leurs déchets au Bénin. L’objectif principal est d’améliorer les cadres législatif et institutionnel et définir les stratégies et outils de gestion des produits chimiques au Bénin, indique le ministre Tonato. Un projet qu’il affirme avoir lancé personnellement à l’Hotel Golden Tulip,  le 24 octobre 2017 et des résultats tangibles sont obtenus.

Le ministre affirme par ailleurs avoir inscrit  au Programme Environnement et Climat (PEC), le projet d’appui à la gestion durable de l’environnement dont une des actions phares est consacrée à la gestion rationnelle des produits chimiques. Plusieurs actions sont menées à l’endroit des cotonculteurs pour une gestion rationnelle de cette molécule, a t-il indiqué.

Dans le but de s’inscrire dans la durée et avoir des données scientifiques qui jusque-là font défaut, laissant la voix ouverte aux spéculations de tout genre, le monde de la recherche a été saisi pour apprécier l’influence des pratiques phytosanitaires en milieu cotonnier sur l’agrosystème aquatique et la qualité sanitaire des poissons produits dans les retenues d’eau au nord Bénin (AquaTox-Benin), ajoute par ailleurs le ministre Tonato.

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A l’en croire, plusieurs chercheurs béninois participent à ce programme de recherche aux côtés de trois chercheurs belges : Patrick KESTEMONT de l’Université de NAMUR, Marie – Louise SCIPPO de la Faculté de Médecine Vétérinaire, Laboratoire d’Analyse des Denrées Alimentaires (LADA) de l’Université de Liège et Bruno SCHIFFERS de l’Unité Analyse, Qualité, Risque, Laboratoire de Phytopharmacie de l’Université de Liège (ULg).

Pour Josée Didier Tonato, cette étude en cours a permis de :

  1. Améliorer les capacités de contrôle/surveillance des contaminants et évaluer les risques sur les poissons ;
  2. Améliorer les pratiques phytosanitaires en termes environnementaux ainsi que la sécurité sanitaire et alimentaire des populations du bassin cotonnier du Nord Bénin en préservant et valorisant une ressource alimentaire locale ;
  3. Contribuer à la disponibilité des produits halieutiques locaux et répondant aux normes de qualité sanitaire, afin de réduire la consommation de poissons congelés, généralement importés et mal conservés.

Le ministre José Didier Tonato a même rassuré sur l’existence d’autres études qui sont actuellement en cours qui permettront  de réduire progressivement puis d’interdire les produits qui vont se révéler persistant dans l’environnement, c’est à dire des produits toxiques  ou cancérigènes pour l’homme. Il reconnait néanmoins que  la surdépendance à l’égard des pesticides synthétiques peut entraver les progrès potentiels dans l’atteinte des objectifs  du PAG, ce qui heureusement n’est pas le cas actuellement, précise t-il.

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Le ministre du cadre de vie reconnait enfin que pour respecter cet engagement de préservation de notre cadre de vie, il est essentiel que le secteur de l’agriculture béninoise effectue une transition vers une production qui utilise moins de pesticides synthétiques grâce à des mesures qui incitent à l’adoption de pratiques de gestion bénéfique favorisant la régénération des sols, le stock de carbone approprié dans nos sols, de faibles bilans d’énergie grise, la santé des pollinisateurs et la conservation de l’eau.

Une perspective qui est prise en compte par la  composante « développement de la production agricole » du PAG, a laissé entendre le ministre Josée Didier Tonato.

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