Bénin – politique: la mouvance en action, l’opposition en mode spectateur

A un an des élections législatives, le terrain politique connait un regain d’activité. Presque tous les weekends, un parti politique est mis sur les fonts baptismaux et s’engage à soutenir les projets de développement de l’actuel chef de la Marina. Si du côté de la mouvance présidentielle, c’est le branle-bas total, du côté de l’opposition au pouvoir Talon, c’est plutôt l’inertie totale qui se dessine.

Le microcosme politique national est caractérisé ces derniers temps par un regain d’activités. La réforme du système partisan avec son appel aux grands regroupements en est sans doute l’une des raisons. En effet, pour ne pas disparaître, les micros partis politiques sortent de leur torpeur habituelle (puisqu’ils n’existent que pour les négociations politiques à l’approche des élections) soit pour se fondre dans des partis beaucoup plus représentatifs ou pour se mettre en alliance avec d’autre partis afin de constituer un grand ensemble qui, avec un peu de chance peut bénéficier du pactole promis par le chef de l’Etat en guise de financement des partis politiques.

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Dans ce branle-bas général qui s’observe sur le terrain, l’opposition au pouvoir Talon joue aux abonnés absents. Absente sur le terrain sans doute du fait de l’essoufflement du front pour un sursaut patriotique (Fsp) qui donnait souvent le change par des sorties médiatiques impromptues à la Bourse du travail pour vociférer contre les actions du gouvernement et de son chef. Mais ce n’est pas seulement sur le terrain que l’opposition est absente. Elle l’est également au sein de l’hémicycle qui est considéré à tort ou à raison comme le plus haut lieu politique du pays. Le lieu de la politique politicienne par excellence.

La mouvance bat la mesure, l’opposition aux pas de danse

L’actualité politique telle  que menée actuellement sur le terrain est à géométrie variable. Alors que la mouvance agit chrono en main, l’opposition très peu inspirée se complaît dans l’activisme en attendant que la mouvance présidentielle ou le gouvernement l’oblige à la rédaction d’un communiqué pour dénoncer une gestion dictatoriale du pouvoir d’Etat.

Dépassé par le rythme vertigineux par lequel il est conduit, l’opposition se laisse jusqu’à essoufflement par l’excès de travail de la mouvance au pouvoir. Que de propositions de lois introduites sur la table du bureau de l’Assemblée nationale; que de loi votée à la vitesse de l’éclair au grand dam de l’opposition qui n’a juste que le temps de s’apercevoir qu’il y a une nouvelle loi qui est votée et envoyée pour vérification de conformité à la constitution.

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Le paradoxe, c’est que la faculté de proposer des lois est non seulement concurremment accordée  aux parlementaires et aux membres du gouvernement, mais également au sein du parlement, les députés disposent de cette faculté qu’ils soient de la minorité parlementaire ou de la majorité parlementaire.

Mais au moment où l’usine de productions de loi, parfois à polémiques, du bloc des députés de la majorité parlementaire  fonctionne à plein régime pour sortir des propositions de lois dithyrambiques, celle de la minorité parlementaire manque carrément de carburant; aucune proposition de lois ne sort de cette usine défaillante, rouspétante, grogneuse et dysfonctionnelle.

A l’heure, où les réformes relatives à la charte des partis politiques et au code électoral semblent leur échapper et que la mouvance anticipe à travers des mobilisations tous azimuts sur le terrain avec des constitutions de grands pôles politiques qui ne peuvent aller sans le recrutement des jeunes sur le terrain ( quand on sait qu’au Bénin qu’un seul individu peut être militant d’au moins 4 partis politiques), l’opposition attend d’être assommé par les nouveaux critères en gestation pour être élu dans une circonscription électorale.

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Il est vrai que l’efficacité de l’action politique ne se mesure pas par ce qui est visible sur le terrain et qu’il est toujours possible d’élaborer et de mettre en oeuvre sa stratégie dans la plus grande discrétion; mais l’opposition semble manquer de plus en plus de courage face au rouleau compresseur d’une mouvance prête à tout pour tout obtenir.

Si le jeu politique qui se déroule actuellement est une scène, la mouvance au pouvoir est sans doute l’acteur et l’opposition le spectateur « vigilant » qui par moment crie pour dénoncer la tricherie avec les règles du jeu. Une posture qui certainement ne sera pas payante à long terme.

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