Bénin: quid de la disparité des taux de réussite entre l’école publique et celle privée

Les apprenants du primaire et du secondaire viennent de passer avec succès pour les uns et des échecs pour les autres, les examens de fin d’année scolaire et académique. Tout comme les années antérieures, le taux de réussite sur le plan national pour l’ensemble de ces examens n’est pas des plus reluisants avec une disparité affichée entre le public et le privé.

L’état des lieux affiché par la proclamation des différents résultats révèle de fortes disparités quant aux taux obtenus dans le public et dans le privé en terme de résultat scolaire. En effet, une analyse pointue des résultats scolaires entre le public et le privé montre que les chances de réussir à l’école ne sont pas vraiment les mêmes.

La prise en compte des résultats d’années successives affiche clairement que les taux de réussite sont relativement plus élevés dans le privé que dans le public et notamment dans les communes à statut particulier.

Diagnostic des taux de réussite dans le public et dans le privé

Dans la conscience collective béninoise, inscrire son enfant dans un cours privé augmente sa chance de réussite aux examens de fin d’année. Une opinion largement partagée par les populations mais également par les acteurs du système éducatif. Se prononçant par exemple sur les résultats du BAC session de Juin 2013, le directeur de l’office du BAC, le professeur Alphonse da Silva disait:  » Les résultats que nous avons obtenu ne sont que l’échographie de la situation réelle. Il va falloir prendre des mesures pour voir comment réformer, il faut améliorer le système d’apprentissage au niveau des enseignants. Il va falloir effectivement que les enseignants soient formés pour mieux former les élèves« .

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Il faut préciser que parmi les établissements, les résultats qu’ont présenté des candidats à la session de Juin 2013 du baccalauréat national, les 23 premiers établissements sont issus du cours privé, militaire et confessionnel, selon les statistiques de l’office du BAC. Sur les 730 établissements publics et privés ayant présenté au moins 10 candidats au BAC, 160 collèges d’enseignement général ont eu un taux de réussite en dessous du taux national qui est de 32,46%.

Parmi les 13 premiers du Bénin pour la même année, seulement deux élèves du Lycée technique Coulibaly dans les séries F1 et F4 ont pu honorer le public. Une situation qui ne varie guère suivant les années et qui font dire que l’encadrement des apprenants dans le public n’est pas assez rigoureux. Selon une statistique du  fonds des nations unies pour la population (UNFPA – BENIN), plusieurs causes justifient la faiblesse des taux de réussite dans les cours publics et cours privés.

Quid des causes du faible taux de réussite dans le public

Selon l’unfpa – Bénin, plusieurs raisons justifient le fait que le privé présente un taux de réussite relativement plus élevé que le public lors des examens de fin d’année. Au titre des raisons avancées, il faut retenir:

  • La pléthore des apprenants dans le public

Si au niveau du privé, certains chefs d’établissement sont assez rigide par rapport à l’effectif qu’il faut pour une salle de classe, cette rigueur n’est pas très observée  au niveau des établissements publics avec bien souvent, une massification  des élèves dans les classes. En conséquence, le professeur  ou l’enseignant se retrouve avec un effectif pléthorique d’apprenants. Et s’il est vrai que nous devons imaginer la pédagogie du grand groupe, mais toujours est-il que le professeur a peur de faire les évaluations. Il émet des épreuves dont le format va lui permettre de vite corriger.

L’effectif pléthorique dans les établissements publics est parfois aussi encouragé par la politique gouvernementale avec l’exonération des filles au payement des frais de contribution scolaire. Mais dans le même temps, le gouvernement n’accompagne pas sa politique d’une mesure  de création de salles de classes et de recrutement d’enseignants.

  • La qualité des enseignants et leur effectif très insuffisant

Il est un secret de polichinelle aujourd’hui que le niveau des enseignants est au rabais du fait de l’absence de formation des formateurs. Avec le phénomène du chômage qui sévit au sein de la jeunesse, l’enseignement est devenu pour beaucoup un échappatoire. Sans formation et sans pédagogie, ces derniers contribuent à rabaisser le niveau des apprenants avec un programme de formation  approximativement maîtrisé par eux-mêmes.

Par ailleurs, le quotient enseignants- apprenants démontre que les enseignants sont en nombre limité par rapport au besoin du terrain. Ainsi, dans certaines zones reculées, il y a des établissements de six classes qui ne disposent que trois enseignants. C’est ainsi qu’on met ensemble, des écoliers du cours d’initiation (CI) avec ceux du cour préparatoire (CP).

  • Les grèves comme une cerise sur le gâteau

Les mouvements de débrayages sont devenus un phénomène cyclique qui perturbent le cours normal des activités scolaires et académiques. Les gouvernements successifs n’ont jamais pu trouver la formule magique pour satisfaire les revendications des travailleurs en général et des enseignants en particulier.

Du coup, chaque année  scolaire est marquée par des mouvements de grèves intempestifs qui démotivent les apprenants. Déçus par le manque de volonté des décideurs à satisfaire à leur revendication, les enseignants font le service minimum face à leur apprenants.

  • La fuite de responsabilité de l’Etat

L’éducation est un domaine de souveraineté de l’Etat car tout pays qui aspire à son développement doit accorder une attention assez particulière à l’éducation. Malheureusement, dans les pays comme les nôtres, l’enseignement n’est pas assez valorisé et l’éducation fait partie des parents pauvres des priorités des gouvernants..

L’Etat parfois, semble ne pas manifester assez de bonne volonté pour faire de l’éducation, un levier de développement du pays. Et l’exemple des excellents taux de réussite dans les écoles prytanée militaires, prouvent à suffisance que si l’Etat veut mettre les moyens pour ressusciter l’école, il le fera; tout est question de volonté.

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