Cameroun : une nouvelle vidéo montre des exécutions plus brutales par les forces armées

Une vidéo épouvantable obtenue par Amnesty International montre que les forces de sécurité camerounaise ont abattu au moins une douzaine de personnes non armées lors d’une opération militaire dans la région de l’Extrême-Nord, a indiqué l’organisation.

A l’aide d’outils d’analyse numérique avancés, les experts d’Amnesty ont pu confirmer que la vidéo, tournée dans le village d’Achigaya à une date inconnue mais avant mai 2016, corrobore les comptes rendus d’exécutions extrajudiciaires refusées par les autorités camerounaises. Les images montrent un groupe de soldats dans leurs uniformes de camouflage distinctifs « lézard à rayures ». Certains sont armés de fusils Zastava M21 et d’autres sont montés sur une camionnette munie d’un canon antiaérien ZPU-2.

La vidéo, apparemment enregistrée par un membre des forces de sécurité, montre des soldats en train de brûler des structures susceptibles d’être des maisons, puis se concentre sur un groupe de 12 personnes alignées contre un mur, toutes assises ou couchées. Vers une minute de la vidéo, de nombreux soldats utilisant des armes automatiques tirent sur le groupe pendant une période prolongée, à plusieurs mètres de distance. Un soldat avance alors et tire de nouveau à bout portant sur plusieurs personnes du groupe.

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S’exprimant en français, les soldats se décrivent comme effectuant une opération «kamikaze». Amnesty a recueilli des informations sur de nombreux assassinats extrajudiciaires, ainsi que sur l’usage généralisé de la torture, par les forces de sécurité camerounaises qui luttent contre le groupe armé Boko Haram dans la région de l’extrême nord du pays. Ilaria Allegrozzi, chercheuse d’Amnesty International sur le lac Tchad, a déclaré: « Cette vidéo choquante montre des hommes armés alignés sur les gens, face cachée ou assis contre un mur et leur tirant à l’arme automatique.

« Voici des preuves encore plus crédibles à l’appui des allégations selon lesquelles les forces armées camerounaises auraient commis de graves crimes contre des civils et nous demandons une enquête immédiate, approfondie et impartiale. Les responsables présumés de ces actes odieux doivent être traduits en justice. Le mois dernier, nous avons analysé des images d’un autre endroit montrant deux femmes et deux jeunes enfants tués par des soldats qui faisaient clairement partie des forces armées camerounaises. De quelles autres preuves ont-ils besoin pour agir sur ces atrocités? « 

Les chercheurs d’Amnesty International ont analysé les armes, le dialogue et les uniformes visibles dans la dernière vidéo, ainsi que des témoignages et des images satellite, afin de déterminer le moment et les lieux exacts des exécutions. Les images corroborent les preuves d’exécutions extrajudiciaires documentées par Amnesty dans un rapport de juillet 2016. Le rapport a documenté les homicides illégaux et les exécutions extrajudiciaires de plus de 30 personnes, dont plusieurs âgées, à la suite d’une opération des forces de sécurité visant à récupérer les corps des soldats tués par Boko Haram le 28 décembre 2014. devant la base militaire détruite par les insurgés. Cette opération de l’armée était également une punition collective contre la population perçue comme soutenant Boko Haram.

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Le gouvernement camerounais a annoncé une enquête à la suite de la publication de la vidéo en juillet de cette année, mais leur rejet rapide de la vidéo en tant que «fausses informations» jette un sérieux doute sur le caractère véritablement impartial et efficace de cette enquête.

Ilaria Allegrozzi a déclaré: «En omettant de tenir les auteurs présumés responsables des crimes horribles documentés par Amnesty International et d’autres, les autorités camerounaises ont créé un climat d’impunité dans lequel les forces armées ont la liberté de tuer et de torturer. Il faut qu’il y ait une responsabilité pour ces meurtres brutaux. Face à des preuves tangibles, les dénégations générales des autorités camerounaises constituent une complicité et l’approbation tacite de ces crimes».

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