Kofi Annan: « Trump peut réussir sur le court terme, mais il échouera sur le long terme »

Bien après son mandat à l’Onu, le prix Nobel de la Paix 2001 a continué de jouer son rôle de pacifiste et n’hésite pas, parfois à élever la voix pour opiner sur certains sujets.

En observateur averti, Kofi Annan qui a cohabité avec plusieurs chefs d’Etats américains, a émis ses doutes sur la politique de l’actuel locataire de la

maison blanche. La ligne politique du richissime homme d’affaires Donald Trump qui prône une approche unilatérale voire isolationniste sur les plans économique et diplomatique étant très opposée aux idéaux du défenseur du multilatéralisme, Kofi Annan a très tôt émis ses doutes sur cette politique dont il a prophétisé l’échec à long terme.

Secrétaire général des Nations unies de 1997 à 2006, Kofi Annan a toujours été critique envers les présidents américains, bien que ceux-ci aient pesé de leur poids pour sa nomination (les USA avaient mis leur veto à un second mandat de l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali). Ainsi, pendant qu’il accédait au poste, le 1er janvier 1997, en succédant à Boutros Boutros-Ghali à la tête de l’ONU, Bill Clinton était à la tête des États-Unis pour un second mandat de 4 ans.

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Pendant près de dix ans, Kofi Annan, a dû composer tout au long de sa carrière avec les présidents américains en exercice, à savoir Bill Clinton (1993-2001), George W. Bush (2001-2009). Mais au-delà de ses deux mandats à la tête de l’ONU, l’homme a toujours porté un regard inquisiteur sur la politique des dirigeants du pays de l’Oncle Sam.

Très opposé à la l’invasion américaine en Irak au début des années 2000 sous George W. Bush, dans une opération unilatérale soutenue par la Grande-Bretagne et sans mandat de l’Onu, Kofi Annan avait déclaré que la guerre en Irak était donc illégale. S’en suivra immédiatement les réactions foudroyantes des représentants américains.

Sous le mandat de Barack Obama, les critiques de Kofi Annan se font plus rares, la ligne politique démocrate de l’ancien président américain étant plus proche de ses propres positions. Mais la donne change en novembre 2016, avec l’élection de Donald Trump.

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« Donald Trump peut avoir du succès sur le court terme, mais il échouera sur le long terme. Il échouera et je ne pense pas que nous devrions nous inquiéter trop de ce qu’il dit… Il devra faire face à la réalité, et cela a déjà commencé », affirmait en mars 2017 Kofi Annan, ajoutant que Trump découvrirait « que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles en ont l’air. »

La question environnementale est bien sûr un sujet conflictuel, notamment depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris. Mais le retrait plus récent des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien a particulièrement agacé l’ancien chef de l’ONU, qui s’était personnellement impliqué sur ce sujet pendant ses mandats.

« L’accord entre l’Iran et les cinq puissance +1 est l’une des réalisations marquantes de la diplomatie mondiale de la dernière décennie. (…) Si les Etats-Unis ne sont plus perçus comme un partenaire fiable, cela rend les perspectives de nouveaux accords pour lutter contre la prolifération nucléaire beaucoup moins probable, et rend notre monde beaucoup plus dangereux », écrivait Kofi Annan en tant que président du groupe pour la paix « The Elders » avant la décision américaine.

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Alors que le secrétaire général de l’ONU, s’apprête à quitter ses fonctions en 2006 à l’époque de George W. Bush, du même bord républicain que l’actuel président Donald trump, K. Annan donna aux USA, une leçon.

« Comme le président Truman le disait, nous devons, une fois pour toutes, prouver par nos actions que le droit a prévalu. C’est pourquoi ce pays a historiquement été à l’avant-garde du mouvement des droits de l’Homme. Mais ce rôle ne peut se perpétuer que si l’Amérique reste fidèle à ses principes, même dans la lutte contre le terrorisme. Quand elle semble abandonner ses propres idées et ses objectifs, ses amis à l’étranger sont naturellement troublés et confus », a-t-il lancé.

« Quand la force, et en particulier la force militaire est utilisée, le monde ne la considérera comme légitime que lorsqu’il sera convaincu qu’elle est utilisée dans un but juste, avec des objectifs partagés, et basée sur des règles communes », avait-il alors souligné.

Ce samedi, l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley a salué la mémoire de Kofi Annan en louant un diplomate ayant « oeuvré inlassablement pour nous unir ». « Kofi Annan a voué sa vie à faire du monde un endroit plus pacifique », a ajouté Nikki Haley sur Twitter, précisant qu’il n’avait « jamais cessé de se battre pour la dignité de chacun ».

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