Lundi 06 août 2018 au cours de son message à la nation à l’occasion du 58ème anniversaire de l’indépendance, le Président Alassane Ouattara a annoncé l’amnistie de quelques 800 personnes dont l’ancienne première dame, condamnée à 20 ans de prison, pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
« J’ai procédé ce lundi à la signature d’une ordonnance d’amnistie qui bénéficiera à environ 800 concitoyens poursuivis ou condamnés pour des infractions en lien avec la crise post-électorale de 2010 ou des infractions contre la sûreté de l’Etat commises après le 21 mai 2011 », a déclaré le président.
Mais onze organisations de défense des droits de l’homme ont condamné l’amnistie présidentielle parce que la plupart des personnes graciées étaient impliquées dans les violences postélectorales de 2010 et 2011 qui, selon les Nations unies, avaient fait environ 3.000 morts.
Parmi ces organisations figurent « Amnesty International » et « Human Rights Watch » qui estiment que les personnes emprisonnées pour crimes de guerre ou d’autres violations graves des droits de l’homme ne devraient pas être graciées.
« Aucune amnistie ne devrait s’appliquer aux crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres graves violations des droits humains commis en Côte d’Ivoire pendant la crise post-électorale de 2010-2011″, déclarent dans un communiqué commun ces organisations, le 8 août 2018.
« Contredisant tous ses engagements en faveur de la justice pris depuis 2011, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé le 6 août qu’il accordait l’amnistie à 800 personnes accusées ou inculpées de crimes liés à la crise de 2010-11 ou aux attaques contre l’État qui ont suivi, parmi lesquels pourraient se trouver des personnes présumées responsables des crimes les plus graves », écrivent les organisations.
Cette large amnistie annoncée par le président Alassane Ouattara est « un geste de mépris vis-à-vis des victimes » des crimes commis pendant la crise, s’est indigné le groupe de 11 organisations de défense des droits de l’homme ivoiriennes et internationales.
» Décider, après 7 années de procédure judiciaire impliquant des centaines de victimes et d’auteurs présumés, que seules soixante personnes répondront à la justice est non seulement une décision arbitraire mais c’est aussi un geste de mépris vis à vis des victimes si cela permet aux auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité d’échapper aux poursuites », poursuit le communiqué.
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