Mali : au lendemain des élections, l’unité nationale à l’épreuve des factions

Le leader de l’opposition malienne Soumaïla Cissé est resté de marbre face à l’appel lancé par IBK2 à l’issu de la validation des résultats par la cour constitutionnelle en la faveur de ce dernier le 20 août dernier, un appel à l’unité. Cet appel de IBK2 achoppe sur des protestations de la décision rendue par la cour constitutionnelle des contentieux électoraux passés et qui semblent avoir de beaux jours devant elles.

Alors que dans son appel, IBK2 souhaitait que son second mandat soit celui de l’unité, on découvre que la réalisation de ce défis ne sera pas une messe à faire.

Pour mémoire, IBK2, plaidant pour l’unité après les batailles électorales avait lancé le 20 août passé un appel fort à l’endroit des maliens et surtout à l’endroit des perdants de ces élections: « chacun trouvera sa place sous ma conduite. La République n’exclura personne qui ne s’exclut lui-même. »

« A mon jeune frère, Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition républicaine, je voudrais tendre la main.» a-t-il souhaité dans le même discours.

En effet, content de retrouver le fauteuil présidentiel pour ce second mandat, dans cet appel de IBK2, se dévoile une forte envie de tourner la page des élections et passer à autre chose. Mais ce vœux de IBK2 achoppe sur la détermination de l’opposition, à s’insurger contre la nouvelle  élection de IBK , qui ne faiblit pas et qui semble avoir de beaux jours devant elle.

En effet, non content du verdict de la haute juridiction sur les contentieux électoraux, l’ opposition ne démord pas, elle multiplie les mouvements de contestation dans les rues de Bamako. Ainsi, la main tendue de IBK2 est ignorée par le chef de file de l’opposition et consorts. Et la situation qui prévaut actuellement au Mali semble reproduire le syndrome gabonais où l’opposant Jean Ping s’auto proclamait président élu en 2016 alors que la cour constitutionnelle donnait pour vainqueur Ali Bongo ou mieux le syndrome ivoirien où en 2011, Allasane Ouattara revendiquait le pouvoir alors que Laurent Gbagbo était donné vainqueur par les autorités électorales.

L’appel de IBK2 à l’unité est il du poussin mort dans l’œuf?

Les mêmes causes produisant toujours les mèmes effets, les troubles à l’ordre public, l’insécurité, les boucheries humaines, les vagues d’arrestations qui ont suivi les revendications de Jean Ping en 2016 au Gabon et celles de Ouattara en 2011 en Côte d’Ivoire commencent à émerger actuellement au Mali.

Selon RFI, citant une source sécuritaire malienne, « un ancien cadre de la majorité au Mali Paul Boro, soupçonné d’avoir armé des jeunes avant une manifestation de l’opposition a été interpellé dimanche soir à son domicile de Bamako ».

Mais l’opposition dénonce dans cette arrestation un règlement de compte post-électoral. Sans le mandat d’un procureur, des personnes armées ont arrêté et déposé dans un lieu inconnu Paul Boro sous le prétexte qu’il arme des jeunes lors des manifestations de l’opposition.

Tiébilé Dramé, directeur de campagne de Soumaila Cissé joint par RFI, dénonce un règlement de compte : « C’est totalement ridicule, aucun de nos militants n’est même armé de bâton. Paul Ismaël Boro ne détient aucune arme ce n’est pas un militaire, ce n’est pas un paramilitaire, il n’a pas de comportement illicite. Il est vice-président d’un mouvement dont le chef de file entre les deux tours a quitté l’opposition pour rejoindre le candidat IBK, puisqu’il a refusé de le suivre dans ce mouvement, c’est cela qu’on veut lui faire payer ».

Ce climat de défiance traduit par les revendications de l’opposition et les arrestations arbitraires du pouvoir éloigne peu à peu de la poésie de l’unité déclamée par Ibrahim Boubakar Kéita lors de la validation en sa faveur des résultats du scrutin présidentiel passé. Même si de pareilles revendications finissent par s’essouffler et s’estomper avec le temps, les dégâts qu’elles causent souvent  et qu’elles peuvent coûter au Mali déjà en proie à l’hydre terroriste seront de trop.

La sagesse africaine avec son incomparable arbre à palabre dont les vertus échappent complètement à la justice et aux méthodes de règlements des conflits à l’occidental va t’elle inspirer les maliens ? A ce sujet, le Burkina Faso est une école pour avoir su impliquer les leaders religieux et les chefs coutumiers dans la résolution de la grave crise qu’avait occasionné la succession de Blaise Compaoré en 2014.

IBK2 saura t’il s’inspirer de nos valeurs africaines pour donner une chance à son vœux à l’unité de s’incarner?

En tout cas, l’un des laboratoires, c’est à dire le Burkina Faso, ayant déjà réussi cet exploit à l’africain n’est pas trop loin du Mali et les maliens peuvent aller s’y inspirer. Vu que la voix légale est remise actuellement en cause au Mali, c’est la seule alternative qui reste pour que le Mali ne retombe pas dans le chaos.  Tant que cette voix de sortie existe, on peux toujours espérer que l’appel à l’unité d’IBK2 n’est pas un poussin mort dans l’œuf.

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