Bénin – Encadrement du droit de grève: « les députés sont allés trop loin (…) »Dieu-donné Lokossou
L’encadrement du droit de grève adopté par le régime de la rupture et les députés du bloc de la majorité parlementaire est une mauvaise innovation des réformateurs actuels. C’est du moins, ce que pense l’ancien secrétaire général du syndicat des travailleurs de la SONACOP (syntra-Sonacop), Dieu-Donné Lokossou qui s’est confié dans un entretien accordé au quotidien du service public.
La loi portant encadrement du droit de grève récemment adopté par les députés de la sixième législature est un refus tacite de droit de grève aux travailleurs. C’est du moins ce qui transparaît du point de vue de Dieu-Donné Lokossou sur la question.
Interviewé par les confrères du quotidien « La Nation », l’ancien responsable syndical de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), estime que la grève est avant tout un acte professionnel. A l’en croire, aucun gouvernement ne se lève de lui-même et par effet de générosité accorde des avantages matériels ou financiers aux travailleurs s’il n’est soumis à la pression de la grève.
« Depuis que j’ai eu le privilège d’avoir dirigé la Confédération des syndicats autonomes du Bénin, nous n’avions rien obtenu comme avantages matériels ou financiers pour les travailleurs sans une motion de grève. Aucun gouvernement spontanément ne se lève à travers peut-être la fête du 1er mai ou du 1er août pour dire « compte tenu de la cherté de la vie nous relevons le niveau de salaire des travailleurs de la fonction publique et des secteurs parapublic et privé ». » a t-il laissé entendre.
Selon lui, le droit de grève n’est pas à dissocier du travail. En ce sens, estime t-il, on ne peut en vouloir au travailleur du fait qu’ils font grève. Pour lui, la grève est bien professionnelle et le gouvernement est toujours informé avant le déclenchement de toute grève. A l’en croire, c’est lorsque chacun ne veut pas jouer sa partition qu’on estime que la grève est politique et qu’il y a une main invisible derrière ces mouvements de débrayages.
» On ne peut pas accuser les travailleurs de ce qu’ils font grève. La grève a une cause, et ce n’est pas seulement des causes financières. Il y a des grèves qui n’ont pas des incidences financières. Donc, moi en tant qu’ancien secrétaire général, même si certains pensent que nous sommes dépassés et qu’il faut changer de paradigme, je soutiens que les députés sont allés trop loin pour faire plaisir au gouvernement. » indique t-il.
Pour lui, les députés sont conscients que ce qu’ils font ne sont pas bien, c’est pourquoi, précise t-il, ils n’ont pas eu le courage d’appeler les acteurs sociaux pour échanger sur le sujet et ont pris une décision unilatérale.
Les commentaires sont fermés.