Bénin: les élèves-professeurs de l’Enset de Lokossa dénoncent l’ignorance des textes par les autorités

Les futurs enseignants dans l’enseignement secondaire technique ont débuté leur rentrée universitaire en vue de l’obtention du Certificat d’aptitude au professorat d’enseignement technique (CAPET) et au Brevet d’aptitude au professorat d’enseignement technique (BAPET) le 20 août dernier. Mais des supposées réformes engagées par les autorités rallongent leur temps de formation piétinant ainsi les dispositions réglementaires en vigueur dans ce secteur.

Il n’y aura plus de formation des titulaires du Baccalauréat et du BAC + 2 comme ce fut le cas dans un passé récent. Les détenteurs d’une licence académique feront désormais deux ans au lieu d’un an pour obtenir le Brevet d’aptitude au professorat d’enseignement  technique (BAPET). Des étudiants ayant la maîtrise ou le master doivent désormais faire deux ans et demi au lieu d’un an pour le Certificat d’aptitude au professorat d’enseignement technique (CAPET). En résumé donc, les titulaires d’une licence académique feront quatre (4) ans et demi au lieu de deux (2) ans avant d’obtenir leur parchemin qu’est le CAPET.  Aussi, ont-ils revu les frais de formation du BAPET et du CAPET qui passent respectivement de quatre cent soixante-cinq (465) mille francs CFA à neuf cent trente (930) mille francs CFA et de cinq cent un (501) mille deux cents francs CFA à un (1) million deux (2) mille quatre cent (400) francs CFA.

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Telles sont désormais les nouvelles réformes introduites dans l’enseignement au niveau de l’Ecole normale supérieure de l’enseignement technique (ENSET) de Lokossa à compter de cette nouvelle rentrée universitaire qui a pourtant débuté dans cette école depuis ce 20 août 2018.

Des réformes du genre pour plus de performance des élèves qui sortiront professeurs adjoints ou certifiés, ce n’est que le souhait de tout patriote soucieux de la relève de qualité capable de positionner le Bénin sur les rails du développement les années à venir.

Mais le clou dans ces mesures dites réformatrices réside dans l’application d’un « arrêté »  rectoral qui n’a même pas encore  été pris par les autorités compétentes et ces nouvelles mesures ne concernent que les élèves-professeurs de Lokossa alors que leurs camarades de l’Ecole normale supérieure de Porto-Novo en sont épargnés.

Décider de s’inscrire pour une formation professionnelle, c’est respecter la loi N°2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l’éducation nationale modifiée par la loi N°2005-33 du 6 octobre 2005 qui dispose en son article 64 que « l’enseignement et la formation professionnelle sont obligatoirement dispensés par des enseignants professionnels ». Suivant le décret N°2015-592 du 21 novembre 2015 portant classification des enseignants et se fiant aux arrêtés rectoraux N°069 du 30 novembre 2010 et N°070 du 30 novembre 2010, la formation pour le BAPET ou le BAPEC après la licence est d’un (1) et également un (1) an pour tout détenteur de la maîtrise ou du master désireux d’obtenir le CAPET ou le CAPES. « Nous ne comprenons donc pas pourquoi les mêmes arrêtés en vigueur sont appliqués à l’Ecole normale supérieure de Porto-Novo pour nos camarades et qu’il nous faudra désormais deux ans et deux ans et demi pour nous alors même que nous sommes des promotionnaires avec ces élèves-professeurs ? » Se sont interrogés les élèves-professeurs de l’ENSET de Lokossa dans leur mémorandum rédigé et transmis au recteur de l’université nationale des sciences, technologies, ingénierie, mathématiques d’Abomey et au directeur de l’Ecole normale supérieure de l’enseignement technique de Lokossa.

Contacté au téléphone ce lundi 3 septembre 2018, le directeur de l’ENSET de Lokossa, le professeur Houngan a confirmé les réformes tout en faisant remarquer effectivement que les différents décrets et arrêtés y afférents ne sont pas encore signés.

« Avec le recteur, nous sommes en train de revoir nos curricula. Actuellement, il y a un arrêté qui est en cours de signature qui fixe les profils d’entrée pour la formation. Nous avons jugé bon de démarrer en attendant la signature de cet arrêté. Et si c’est fait, nous allons réajuster le calendrier avec les nouvelles dispositions », nous a fait comprendre le directeur de l’ENSET.

Loin dans cet entretien téléphonique, le professeur Houngan a signalé qu’il « s’agit d’une réforme à l’interne en attendant la signature de l’acte officiel ». Et c’est justement cette dernière phrase qui inquiète davantage les élèves-professeurs de Lokossa qui ne comprennent pas l’application d’un arrêté ministériel qui n’a aucune existence pour l’instant. Mieux, dénoncent-ils une violation de la loi fondamentale du 11 décembre 1990, qui stipule en son article 26 que « l’Etat assure à tous l’égalité devant la loi sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de position sociale ».

Et pour leur formation pour le compte de cette rentrée, ces élèves-professeurs demandent l’application pure et simple de l’arrêté rectoral N°070 du 30 novembre 2010. Une chose qui leur évitera de subir les nouvelles réformes d’un arrêté qui sera, à n’en point douter, rétroactif.

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