Bénin – Nouvelle taxation des réseaux sociaux: l’appréciation de l’ancien Maire de Cotonou

Depuis le Mercredi 19 Septembre 2018, les principaux opérateurs gsm à savoir MTN et MOOV ont changé leur tarification. Cette nouvelle taxation qui pénalise davantage les utilisateurs des réseaux sociaux, alimente depuis hier les commentaires de toutes sortes. L’ancien Maire de Cotonou, Léhady Soglo n’est pas resté indifférent à cette actualité.

A travers une publication sur sa page facebook, Léhady Soglo, le désormais ex-Maire de la ville de Cotonou accuse le gouvernement du « Nouveau Départ » de cette décision qui constituerait une régression et une option maladroite et absurde.

Le président du parti de la renaissance du Bénin ne comprend pas que le régime actuel ait pu arriver à cette décision dans un contexte où les réseaux sociaux sont devenus un levier de croissance et que tout un écosystème se développe autour de ces outils.

Pour Léhady Soglo, cette posture du gouvernement Talon vient de déclasser le Bénin qui a eu la chance et le privilège d’être parmi les premiers en Afrique francophone à avoir accès à Internet en 1995 à l’occasion du sommet de la Francophonie. Selon lui, il est désolant qu’en 2018, un ministre de la république justifie la taxation des réseaux sociaux en arguant que “pour pouvoir critiquer le gouvernement sur les réseaux sociaux il faille payer plus”.

Il invite le gouvernement à rectifier la donne afin d’éviter au Bénin l’image du pays africain dont la connexion est la plus chère car estime t-il, il est permis de faire des erreurs; mais c’est persévérer dans l’erreur qui constitue une faute. Lire ci-dessous l’intégralité du message de l’ancien maire de Cotonou.

Message de Léhady Soglo sur la nouvelle taxation des réseaux gsm:

C’est avec beaucoup de peine que nous constatons que le Gouvernement de la République du Bénin a effectivement fait mettre en application par les opérateurs de téléphonie mobile, la nouvelle taxation liberticide sur internet en général et sur les réseaux sociaux en particulier : la “taxe sur la critique gouvernementale”.

À l’heure où internet et les réseaux sociaux sont devenus un levier de croissance et que tout un écosystème se développe autour de ces outils; il est maladroit et totalement absurde de brider l’usage qu’en font nos populations.

Notre pays a eu la chance et le privilège d’être parmi les premiers en Afrique francophone à avoir accès à Internet en 1995 à l’occasion du sommet de la Francophonie, et il est désolant qu’en 2018, un ministre de la république justifie une telle décision en arguant que “pour pouvoir critiquer le gouvernement sur les réseaux sociaux il faille payer plus” preuve que le réel objectif visé par le gouvernement est bel et bien celui de museler toute forme d’expression contestataire.
C’est juste dommage et pathétique pour notre pays qui depuis un moment a décidé de s’illustrer de la pire des manières dans le concert des nations à travers des lois et des décisions peu compréhensibles.

Il est permis de faire des erreurs, mais persévérer en dépit de tout bon sens est dangereux. Le Bénin n’est pas seul au monde et seul à faire face aux enjeux du moment.
Cette grave décision vient par ailleurs accentuer la fracture numérique, d’autant plus qu’elle permet aux plus aisés de “s’offrir le luxe” d’un internet dit “ludique”ouvert aux réseaux sociaux tout en laissant en rade les moins fortunés.
Notre pays a certainement besoin de ressources supplémentaires mais ce n’est pas en surtaxant les populations déjà paupérisées et en privant celles ci du droit à l’information que nous y parviendrons.

Au fin fond de nos contrées, les populations même analphabètes ont réussi grâce à l’inventivité qui les caractérise à trouver des applications pratiques et quotidiennes aux réseaux sociaux, et peuvent également y trouver un fabuleux moyen de s’informer en temps réel; que dire de tous ces apprenants qui utilisent par exemple YouTube pour des tutoriels et des cours ?

Le Bénin est en passe de détenir dans la sous région la palme du pays où internet est le plus cher et c’est regrettable.
Travaillons plutôt à élargir l’accès à internet au plus grand nombre, car c’est en augmentant le nombre d’utilisateurs que nous pourrons avoir des revenus additionnels et stables; tout en répartissant la charge sur une base plus large; pas en surtaxant.

J’invite les autorités béninoises qui parlent d’économie numérique, d’accès au haut débit, à joindre les actes à la parole et à annuler purement et simplement cette mauvaise décision, qui est une véritable régression et une atteinte au droit à internet libre pour tous.

#LVS
#TaxePasMesMo

PS: Ci joint une illustration de l’impact des nouvelles mesures:
Taxation supplémentaire de 5F/Mo et 5% supplémentaires sur le taux de TVA (18%) soit 23%.
Prenons un opérateur qui facturait 1,5 Go à 3.000 F TTC(1Go= 1024 Mo ) soit environ 2.540 F HT
Taxation réseaux sociaux:
1024 x 1,5 x 5 F = 7680 F HT
Coût final = (2540 F + 7680 F )x 1,23 soit environ 12.570 F TTC ce qui entraîne environ 9570 F de “taxe sur la critique” !!
A chacun d’apprécier.

 

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