Espagne: les députés approuvent l’exhumation de la dépouille du dictateur Franco

La dépouille de l’ex-dirigeant espagnol, qui repose actuellement dans son mausolée à Madrid, va être déplacée d’ici à la fin de l’année vers un lieu moins exposé.

Les députés espagnols ont mis fin, jeudi, à un débat sensible depuis des dizaines d’années dans le pays. Ils ont approuvé jeudi le décret du gouvernement socialiste autorisant l’exhumation des restes du dictateur Francisco Franco. La dépouille de celui qui a dirigé l’Espagne jusqu’à sa mort en 1975, vainqueur d’une sanglante guerre civile entre 1936 et 1939, se situe actuellement dans un mausolée près de Madrid. Le bâtiment avait été construit sous son régime en partie par des milliers de prisonniers républicains, soumis au travail forcé. Il renferme dans une crypte les corps de quelque 27.000 combattants franquistes et 10.000 opposants républicains. Les dépouilles avaient été transférées sans l’autorisation des familles, au nom de la «réconciliation» entre les deux camps de la guerre civile.

Le texte, voté jeudi par 172 voix pour, 2 contre et 164 abstentions, concrétise une des promesses du chef du gouvernement Pedro Sanchez, lors de son arrivée au pouvoir début juin. «Justice. Mémoire. Dignité. Aujourd’hui, l’Espagne fait un pas historique. Aujourd’hui, notre démocratie est meilleure», a-t-il immédiatement réagi sur Twitter.

Devant la chambre, la vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo, avait appelé à en finir avec «une anomalie extraordinaire qui consiste à avoir un dictateur dans un mausolée d’État et dans un lieu où il puisse être exalté». «Il n’y aura ni respect, ni honneur, ni concorde tant que les restes de Franco seront au même endroit que ceux de ses victimes», avait-elle soutenu.

Le gouvernement a dit son intention de mener à bien l’exhumation d’ici à la fin de l’année. Pour autant, la Fondation Franco et les descendants du dictateur, farouchement opposés à cette mesure, ont prévenu qu’ils utiliseraient «tous les recours légaux» pour s’y opposer. Ils ont toutefois admis fin août qu’ils prendraient en charge la dépouille si l’exhumation avait lieu. Les restes de Franco pourraient ainsi être transférés dans le caveau familial du cimetière du Pardo, près de Madrid, moins exposé que la Valle de Los Caidos, où des fidèles du dictateur continuent régulièrement à se rendre pour honorer leur ex-leader.

La mémoire de guerre civile et de la dictature de Franco continue de diviser en Espagne. D’un côté, la gauche prétend rendre justice aux victimes de la guerre et de la répression, dont des milliers sont encore enterrés dans des fosses communes à travers le pays. De l’autre, les conservateurs du Parti populaire, qui se sont abstenus lors du vote comme les libéraux de Ciudadanos, accusent eux la gauche de rouvrir les blessures d’un passé douloureux.

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