Niger – Loi de finances: reprise des manifestations de la société civile

Des milliers de personnes ont manifesté, dimanche à Niamey, dans le cadre des contestations contre la loi de finances, initiées par un collectif d’organisations de la société civile, a rapporté Anadolu.

Partis de la «Place Toumo» située dans la périphérie Est de Niamey, les manifestants ont parcouru près de deux kilomètres pour rejoindre la «Place de la concertation», sise devant le siège de l’Assemblée nationale, où ils ont tenu un meeting. «Après près de six mois que nos manifestations étaient interdites, nous voici aujourd’hui réunis dans cette place pour réitérer notre rejet catégorique de la loi de finances», a déclaré Moussa Tchangari, secrétaire général de l’association «Alternative Espaces Citoyens (AEC)», dans une intervention en langue hausa.

 «Notre fierté, aujourd’hui, est que même à Diffa les citoyens ont manifesté. Or, depuis l’instauration de l’état d’urgence en 2015, même les simples déplacements des personnes sont difficiles à certains moments», s’est-il réjoui. «Le pouvoir a pensé qu’en nous jetant en prison pendant plus de trois mois, il allait nous démoraliser et nous obliger d’abandonner la lutte », a lancé Ali Idrissa, coordonnateur du «Comité de réflexion indépendant pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Croisade)», s’exprimant en langue zarma.

 « Il s’est trompé car aujourd’hui plus qu’hier, nous sommes décidés à poursuivre cette lutte légitime contre toutes les mesures antisociales de la loi de finances 2018», a-t-il précisé. Nouhou Arzika, président du «Mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable (MPCR)» a, lui aussi, affiché la même détermination, invitant les Nigériens à «sortir plus nombreux», le 23 septembre prochain pour une autre manifestation.

Des soutiens importants

Des leaders des partis politiques et des centrales syndicales des travailleurs sont aussi intervenus pour réitérer le soutien de leurs organisations à la lutte de la société civile contre la loi de finances 2018. C’est le cas de l’ancien ministre des Affaires étrangères et président du «Mouvement patriotique nigérien (MPN Kiishin Kassa», passé depuis quelques mois à l’opposition, suite à sa démission du gouvernement et la rupture de l’alliance entre son parti et le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), le principal parti au pouvoir. A l’initiative de l’association AEC, du mouvement Croisade et du MPCR, un collectif d’organisations de la société civile nigérienne a engagé, depuis le mois d’octobre 2017, des actions visant l’annulation de certaines mesures de la loi de finances 2018.

Il s’agit, notamment, de celles portant augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquée à certains produits de grande consommation, ainsi que la suppression de certains impôts et taxes au profit des opérateurs de la téléphonie mobile. Plusieurs manifestations avaient été organisées à Niamey et dans d’autres grandes villes à l’intérieur du pays. Evoquant des problèmes de sécurité liés au terrorisme, le pouvoir a décidé d’interdire les manifestations, notamment à Niamey où une manifestation de la société civile a été interdite le 25 mars.

Estimant cette interdiction contraire à la Constitution, la société civile a maintenu sa manifestation. Quelques heures avant le début de la marche programmée dans l’après-midi, Nouhou Arzika, Moussa Tchangari, Ali Idrissa et d’autres manifestants avaient été arrêtés. Accusés de « participation à une manifestation interdite » et de « complicité dans la dégradation des biens publics et privés », ils ont été placés en détention dans des prisons différentes de la région de Tillabéry. Le 24 juillet dernier, les trois leaders et une dizaine de manifestants ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis et ont été, ainsi, libéré, après avoir purgé plus de trois mois en détention. Aussitôt libérés, ils avaient déclaré de poursuivre leur lutte.

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