Nigeria: des prostituées formées pour booster les ventes de la bière « Heineken »

Les agissements sujet à caution d’Heineken en Afrique continuent d’alimenter la chronique. D’après une enquête révélée par le journal « Le Monde » et réalisée par le journaliste d’investigation Olivier van Beemen, collaborateur du Monde Afrique, le groupe néerlandais Heineken se donne à des pratiques hors pairs, pour booster ses ventes sur le marché africain.

Son enquête montre des pratiques immorales en termes de management, de marketing et de développement, à la limite cyniques. Des milliers de prostituées ont été formées pour inciter leurs clients à boire des bières de marque Legend, une marque du groupe hollandais.

Faire croire que cette bière rendait plus puissant sexuellement

En 2006, au Nigeria, une filiale d’Heineken a utilisé 2.500 prostituées pour convaincre des clients de bars de changer de marque de bière. Leur rôle: faire croire que cette bière rendait plus puissant sexuellement. Le système était très efficace puisque les barmans percevaient aussi des commissions en fonction du nombre de capsules de bière qu’ils rapportaient.

Au Congo, les femmes employées étaient forcées de coucher avec les responsables de la brasserie ou des clients du groupe, et considéraient les activités sexuelles comme faisant partie de leur travail.

Produire plus de bière pendant les massacres

Ces pratiques malsaines de la multinationale sont répandues en Afrique, selon l’enquête. La multinationale a continué, nous révèle Le Monde, de produire de la bière pendant les massacres dans les Grands lacs et au Rwanda. La Primus, la marque produite par Heineken au Rwanda, permettait aux Interahamwe, les milices hutus, d’être ivres. Cette bière servait de motivation pendant les tueries et de récompense après. De plus, Heineken a continué de payer des taxes au régime génocidaire à l’époque. Même un porte-parole de Heineken a répondu dans un journal néerlandais de l’époque que cette offre de production répondait à une demande, celle des milices hutu, nous révèle le journal.

« En Afrique, la bière rapporte près de 50% de plus qu’ailleurs, et certains marchés, comme le Nigeria, sont parmi les plus lucratifs au monde », rappelle l’auteur qui a enquêté durant cinq ans sur les pratiques du deuxième brasseur mondial sur le continent noir. Outre le recours aux « promotiemeisjes », Heineken est passé maître pour composer ou pactiser avec les régimes au pouvoir qu’ils soient corrompus ou autoritaires.

En dépit d’une enquête interne ayant mis à jour ces méthodes, le brasseur néerlandais n’a pas mis fin à ces pratiques de marketing toujours en vigueur dans une dizaine de pays africains. Trois mois après l’enquête, la promesse du groupe brassicole d’arrêter d’employer des hôtesses dans les pays où les abus sont flagrants, est restée lettre morte.

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