Algérie: Parlement bicéphale et menace de démission collective

Un nouveau président de l’assemblée populaire nationale (chambre basse du parlement) vient d’être élu en Algérie alors que le président ‘sortant’ refuse de céder sa place et se proclame légalement toujours en fonction.

Une situation inédite qui risque de perturber les travaux du parlement sur le point de débattre du projet de la loi de finances 2019. En effet, les députés de la majorité parlementaire ont propulsé le chef du groupe parlementaire du parti FLN Mouad Bouchareb (47 ans) au sommet de l’institution législative en remplacement de Said Bouhadja (80 ans) issu du même parti. Candidat unique, Bouchareb a été plébiscité par 320 voix et une abstention. Son parti le FLN détient 161 des 462 sièges que compte l’assemblée. Il a été soutenu aussi par les voix des 100 députés du RND et des autres partis de l’alliance gouvernementale.

Conflit

Sur fond de conflit, les députes du FLN (parti du président Abdelaziz Bouteflika) et ceux du RND (parti du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia) multiplient depuis plusieurs semaines les pressions sur Bouhadja pour le pousser à démissionner sans succès.

Le Président de l’assemblée est élu pour toute la durée de la législature et la constitution ne prévoit pas sa destitution par les députés qui l’accusent de « mauvaise gestion, de dépenses exagérées et illicites et d’un recrutement douteux ». Bouhadja rejette les accusations de ses détracteurs et refuse de démissionner pariant sur la légalité et dénonçant un ‘acte anticonstitutionnel’. Il insiste qu’il ne partira pas sans que le président ne le lui demande.

Bouteflika ne s’est pas publiquement prononcé sur le conflit au parlement mais le président de l’assemblée nouvellement élu n’a pas manqué dans son premier discours d’adresser ses remerciements au président de la République « pour la confiance qu’il a placé en lui en donnant un avis favorable à son élection à ce poste ».

L’opposition consternée

Les députés des partis de l’opposition qui avaient boycotté la séance plénière de l’élection du nouveau président de l’assemblée qualifient cette procédure ‘d’atteinte à la constitution et au parlement’. Le plus ancien parti de l’opposition le FFS a annoncé le gel de ses activités au parlement suite à l’élection d’un nouveau président de l’Assemblée par les députés de la majorité.

Le député Lakhdar Benkhalaf du Front pour la Justice et le Développement estime dans une déclaration à la BBC que cette élection ‘n’avait aucune valeur légale et s’apparentait à un coup d’état’. Et d’ajouter que les députés de l’opposition envisageraient toutes les formes légales de protestation y compris le gel des activités ou la démission collective. Il a appelé par ailleurs ‘les hautes autorités du pays’ à dissoudre ce parlement. Les députés de la majorité sont quand à eux confiants du retour à la normale au parlement après avoir ‘réussi’ à faire élire leur candidat. Reste à voir comment réagiraient le président ‘sortant’ et ses sympathisants.

Source: BBC Afrique

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