Bénin: après Léhady Soglo, Valentin Djènontin et Sébastien Ajavon, les nouveaux exilés?

Attendus par la justice de leur pays dans divers dossiers, certains acteurs politiques tels que le secrétaire exécutif national des FCBE, passent actuellement leur temps en dehors du territoire national. Cette absence de ces leaders politiques est perçue par bon nombre de béninois comme un exil politique.

La justice béninoise est-elle devenue un épouvantail, un instrument redoutable au point de ne laisser le choix aux justiciables que de fuir le pays plutôt que d’avoir le malheur de laver leur honneur devant ceux dont la mission est de rendre justice? La question n’est pas anodine eu égard à l’actualité qui se déroule au Bénin depuis un moment.

L’honorable Valentin Djènontin sur les traces de Léhady Soglo?

Parmi ceux qui semblent craindre la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme figure le secrétaire exécutif national du parti des forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). En effet, l’honorable Valentin Djènontin se retrouve actuellement en France où il a en vue plusieurs activités; c’est du moins sa version officielle. Mais pour beaucoup de concitoyens, l’honorable Valentin Djènontin est en France pour longtemps encore. En tout cas, dans l’opinion publique, la thèse de l’exil politique semble prendre le dessus dans les discussions.

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Et la dernière sortie médiatique de l’ancien garde des sceaux sur la chaîne de radio « Africa N°1 » n’ a pas permis à l’opinion nationale de se défaire de cette thèse. En effet, interrogé sur la date de son retour au Bénin, l’honorable Valentin Djènontin n’a donné qu’une réponse évasive. «  Je n’ai pas encore fixé la date de mon retour. j’ai encore des activités à mener ici et les policiers qui sont postés aux frontières peuvent toujours rester là. Je vais rentrer et on verra bien ce qui va se passer « , avait affirmé l’honorable Valentin Djènontin.

Une réponse qui fait dire à beaucoup que le premier responsable du parti des forces cauris pour un Bénin émergent ne rentrera pas de sitôt. Les auteurs de cette assertion prennent pour exemple l’ancien maire de la Commune de Cotonou qui annonce depuis plusieurs mois son retour sur la terre de ses aïeux mais n’a jamais eu le courage de faire suivre les actes à la parole. Ils en déduisent que l’honorable Valentin Djènontin est désormais dans le même schéma et par conséquent, il faut le considérer comme un exilé politique ou un exilé de la lutte contre la corruption.

Sébastien Ajavon désormais dans la même barque ?

Egalement convoqué à se présenter devant la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet),  Sébastien Germain Ajavon  a préféré se faire représenter par son collège d’avocat. La raison officielle évoquée par les proches de l’homme d’affaire devenu acteur politique, est qu’il est hors du territoire pour des raisons d’agenda. Mais dans l’opinion publique nationale, plusieurs voix évoquent que l’homme d’affaire a quitté le pays juste pour échapper à la « justice ».

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Des rumeurs persistantes font d’ailleurs état de ce que le président d’honneur de l’Usl aurait même fait sortir ses enfants du pays pour leur éviter des déboires. Si ces informations ne sont pas encore confirmées, il se sussure néanmoins avec insistance que l’homme ne répondrait pas à la convocation du 18 Octobre prochain devant la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme.

Reçu sur l’une des chaînes de télévision de la place, le praticien du droit, Me Kato Atita, avocat de l’homme d’affaires confie que cela ne fait aucun doute dans son esprit que le président Sébastien Ajavon se serait fait arrêté s’il s’était présenté devant la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme le 04 octobre dernier. Aussi, selon quelques indiscrétions des proches du président d’honneur de l’USL, il serait requis contre le président Sébastien Ajavon, 20 ans d’emprisonnement ferme s’il s’était présenté devant ladite cour. La solution la plus honorable alors selon ces derniers, est de quitter le territoire national.

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Mais pour confirmer la thèse de l’exil, il va falloir encore attendre la date du 18 Octobre prochain. Date à laquelle le procès du président du patronat béninois, Sébastien Ajavon a été renvoyé. Un procès qui, selon les avocats du mis en cause, concerne l’affaire des « 18 kg de cocaïne pure » retrouvés dans l’un des conteneurs en dépotage au port autonome de Cotonou et appartenant à l’une des sociétés dont Sébastien Ajavon est le propriétaire. C’est pourquoi sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes évoquent déjà un mandat d’arrêt international qui pourrait être délivré contre celui qui est actuellement considéré comme l’opposant numéro 1 du régime actuel  lorsque ce dernier se mettra dans une récidive à ne pas se présenter à la Criet.

Pourquoi la Criet, cette cour spéciale, inspire tant la panique?

Réunis en séance plénière le vendredi 18 Mai 2018, les députés de la 7ème législature ont examiné et adopté en présence du garde des sceaux Joseph Djogbénou, le rapport de la commission des lois sur le dossier. Il s’agit en effet, de la loi n° 2001-37 du 27 août 2002 portant organisation judiciaire en République du Bénin modifié et création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Son adoption vient ajouter une nouvelle juridiction à l’organisation judiciaire du Bénin. Dénommée Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), cette cour pénale spéciale aura une compétence nationale et sera chargée de la répression du crime de terrorisme, des délits ou crimes à caractère économique tels que prévus par la législation pénale en vigueur ainsi que la répression du trafic de stupéfiants et des infractions connexes.

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Pour le ministre de la justice, Maitre Sévérin Quenum, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme va plutôt contribuer à l’éradication de la délinquance financière au Bénin. « Bientôt sera également loin le temps où pour se soustraire à ses responsabilités, il suffirait de revendiquer une certaine proximité d’avec le pouvoir », a t-il déclaré dans des propos rapportés par le site d’information Les Pharaons. Selon ce dernier, pour un pays comme le Bénin qui se veut émergent, une lutte implacable doit être menée contre ces fléaux. L’objectif est de mettre en confiance les investisseurs et de créer un environnement économique sain.

« Dans un contexte de réformes où nous devons faire en sorte d’attirer les investissements, nous avons l’obligation d’apporter les solutions qu’il faut, contre ces fléaux. Cette Cour a été créée par la loi du 2 juillet 2018 et installée le 27 août 2018 avec déjà deux audiences où il y a eu des condamnations pour trafic de drogue. La Criet a une compétence en délictuelle et est nationale »

Sévérin Quenum

Mais depuis sa création, la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme n’a pas eu bonne presse et n’inspire point confiance aux acteurs politiques surtout de l’opposition qui ont le sentiment que la Criet n’est en réalité qu’une méthode, une invention du régime actuel pour se cacher derrière la thématique de lutte contre la corruption pour mettre au frais les adversaires politiques. Pour les acteurs politiques notamment de l’opposition, ce « machin » est juste un instrument de pression et de répression des acteurs politiques de l’opposition.

Aussi, pour certains praticiens de droit, la cour de répression des infractions  économiques et du terrorisme est une « anomalie juridique » introduite dans l’appareil judiciaire. Selon le Professeur Gbago par exemple, Ancien doyen de la Faculté de droit et de sciences politiques de l’Université d’Abomey Calavi, la Cour constitutionnelle béninoise aurait pu censurer certaines dispositions de la loi portant création de la CRIET car selon lui, ces dernières violent le pacte international relatif au droit civil et politique ratifié par le Bénin.

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