Bénin – Parlement: la réponse de Me Adrien Houngbédji à Mitokpè et Rosine Soglo

Le président de l’assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji a été objet de critique de la part des députés de l’opposition lors du débat général qui a suivi la présentation de son dernier rapport d’activité. Dans leur critique, les députés du bloc de la minorité parlementaire l’ont accusé d’avoir donné son onction à l’exécutif pour la mise en sac de la démocratie. Comme la réponse du berger à la bergère, il a répondu aux critiques de ses collègues.

Dans sa réponse aux différentes déclarations des députés de l’opposition notamment de la doyenne d’âge de l’assemblée nationale et du député Guy Mitokpè, le président Adrien Houngbédji a d’abord pris acte de leur déclaration qu’il a considéré comme des apports pour l’amélioration du rapport d’activités.

« Je voudrais dire d’entrée de jeu que je considère toutes les critiques comme une contribution apportée à l’amélioration du travail qui a été fait et une contribution pour améliorer à l’avenir ce que nous pourrions faire. Donc, je prends les critiques comme étant des apports positifs. Nous en tiendrons compte lorsque nous allons corriger le rapport puisque tout ce qui est dit ici est enregistré. Nous en tiendrons compte dans toute la mesure du possible. Pour rentrer dans le détail, on fait ce qu’on peut. Cela n’empêchera pas les adversaires ou les opposants de porter le jugement qu’ils estiment devoir porter. » a t-il indiqué.

Après avoir pris acte des déclarations de l’opposition, le président Adrien Houngbédji a tenu néanmoins à donner des éclaircissements par rapport à certaines déclarations. Il a catégoriquement réfuté l’assertion qui fait croire qu’un député a été renvoyé de l’hémicycle parce qu’il voulait faire une déclaration. Pour la deuxième personnalité de l’Etat, la législature qu’il conduit en tant que président n’a jamais empêché un député de s’exprimer.

« Je voudrais par exemple dire que nous n’avons jamais renvoyé un député ici. D’abord, la manière même dont ceux qui ont prétendu cela le disaient tout à l’heure, prouve qu’ils ne se prennent pas eux-mêmes au sérieux. Un ou deux députés ont voulu faire de déclaration à la tribune alors que nous étions en session extraordinaire et le président de l’Assemblée nationale a usé de son pouvoir en disant ‘’Ce n’est pas le lieu ni le moment de faire une déclaration à la tribune’’. Les intéressés ont compris et non même pas insisté. Cela m’étonne qu’aujourd’hui, on parle encore de ça. Non ! Nous n’avons jamais empêché l’opposition de parler et nous n’avons jamais renvoyé l’opposition. » a t-il martelé

La première personnalité de l’assemblée nationale n’a pas occulté les critiques relatives à certains dossiers ou propositions de lois qui sont introduits et qui n’ont jamais été pris en compte en plénière pour examen. Sur ce point, le président Adrien Houngbédji rappelle à ses collègues les dispositions de l’article 76.2 du règlement intérieur de l’assemblée nationale. A le croire, il y a une procédure en la matière et le président qu’il est, est tenu de se conformer à cette procédure.

« J’ai écouté également les critiques sur les propositions de lois qui ont été déposées et qui n’ont pas été examinées. Comme vous le savez, lorsque les propositions de lois sont déposées, notre rôle ici en tant que président de l’Assemblée nationale, c’est de les affecter aux commissions compétentes. Si les commissions compétentes n’arrivent pas à les étudier dans le temps qu’il faut, le Règlement intérieur nous dit de prendre ces dossiers et de les retourner à leurs auteurs qui peuvent les réintroduire. C’est ce que dit le Règlement intérieur en son article 76.2« . » précise t-il.

Pour ce qui est de l’examen des questions écrites et orales adressées au gouvernement et qui fait dire aux députés de l’opposition que Me Adrien Houngbédji empêche le parlement à accomplir sa mission de contrôle de l’action gouvernementale, le président du parti du renouveau démocratique affirme que c’est le volume du travail législatif qui se trouve à la base de la situation.

« Je voudrais maintenant parler du contrôle de l’action gouvernementale. Encore une fois, la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Il faut un temps pour examiner les questions orales et les questions d’actualité. Nous avons-nous-mêmes fixé ici le jour où nous allons faire cela. Mais force est de constater que le volume du travail que nous avons du point de vue législatif nous a empêchés de le faire.

Nous avons voté plus de lois qu’aucune législature n’en a votées parce que nous sommes en période de réforme, qu’il faut aller vite, que le gouvernement a besoin de ressources. A titre illustratif, en l’espace de quelques mois, plus de 200 milliards FCFA ont été mis à la disposition du gouvernement à travers des lois.

Ça a pris tout le temps et on s’est retrouvé avec des questions orales qui n’ont pas pu être débattu. J’ai posé la question à la Conférence des présidents pour savoir si nous ne pourrions pas profiter de cette période de deuxième session ordinaire de l’année 2018 pour soutirer quelques journées ; afin d’examiner les questions orales et les questions d’actualité, la Conférence des présidents ne m’a pas suivi.

La Conférence des présidents a dit que cette période est uniquement consacrée au budget général de l’Etat. Moi je souhaite que le contrôle de l’action gouvernementale soit fait parce que c’est là que le bât blesse dans notre institution »  confie t-il.

Sur la question relative à la démocratie béninoise qui serait mise en mal du fait du président de l’assemblée nationale et de la majorité « mécanique » qui l’accompagne, Me Adrien Houngbédji invite ses collègues de l’opposition à leur responsabilité. Il les invite à éviter la provocation dans leur prise de position. Se référant à la scène ridicule présentée par un parlement d’un pays frère où les députés s’en sont arrivés à la main comme dans un film de catch ou de karaté, le président du parlement béninois demande à ses collègues de ne pas souhaiter qu’ils en arrivent à cet extrême.

« J’ai entendu des collègues dire que nous avons enterré la démocratie pendant cette période. Non ! Nous n’avons pas enterré la démocratie et personne n’enterrera la démocratie.

Je souhaite que l’opposition fasse son travail et qu’elle le fasse aussi dans le respect de la majorité. Lorsque par exemple, on décide de faire une déclaration publique à la tribune et chaque fois, on choisit de le faire à un moment, et avec les termes sur lesquels l’autre ne peut pas répondre, on ne travaille pas pour la démocratie.

On fait de la provocation. J’ai vu sur les réseaux, un film sur un Parlement africain où des collègues sont en train de se battre sérieusement. Nous n’en arriverons pas là. Si nous ne voulons pas en arriver là, il faut qu’il y ait du respect des deux côtés. En nous respectant, nous respectons l’institution » déplore t-il.

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