Bénin: une lettre ouverte adressée au barreau pour son mutisme face à la création de la Criet

La critique qui s’enfle autour de l’appareil judiciaire béninois pousse un citoyen à s’interroger sur le mutisme du barreau béninois face à la crise que traverse la maison justice. C’est à travers une lettre ouverte adressée au Barreau béninois qu’il demande aux hommes en toges noirs de faire entendre leur voix.

Les béninois ont de plus en plus l’impression que la justice n’est plus de leur côté. C’est du moins l’impression générale qui se dégage des critiques lancées à l’endroit du système judiciaire du pays. C’est ce même sentiment qui pousse le sieur Malick Chabi Yiro à interpeller le barreau béninois pour son mutisme. Dans la lettre ouverte adressée au bureau de l’ordre des avocats, le sieur Malick Chabi Yiro indique que la justice s’est résignée face aux tentatives de caporalisation depuis le départ du magistrat Michel Adjaka de la tête de l’union nationale des magistrats du Bénin (UNAMB). A le croire, les professionnels de la justice sont tombés dans une léthargie malgré la répétition de faits qui devraient révolter tout esprit épris du sens de la sauvegarde de l’héritage démocratique qui se matérialise par l’indépendance de la Justice.

A le croire, il peut être compréhensible que les magistrats aient décidé de se résigner parce qu’il aient peur pour leur carrière du fait de la nouvelle configuration du conseil supérieur de la magistrature. Mais alors, que signifie le silence observé par les avocats; craignent-ils des redressements fiscaux? s’interroge t-il?

« J’appréhende le mutisme des avocats comme une peur de subir des redressements fiscaux malicieusement ciblés et la fermeture de leur compte bancaire.
Je les comprends, et leur silence forcé m’écœure et entretient mes suspicions sur ce que d’aucuns qualifient de clochardisation de l’institution judiciaire. » se désole t-il.

S’il comprend le mutisme des magistrats même face à la création de la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, il dit ne pas comprendre le silence des avocats face à la création de cette cour.

 » Face donc au regret de l’héroïsme qu’a représentée la lutte de l’UNAMAB dans un passé récent devant la machine de l’Exécutif qui a tenté de soumettre et de contrôler l’appareil judiciaire, le barreau devrait prendre ses responsabilités pour sauver les meubles et restaurer l’image de la Justice. L’Ordre des avocats devrait pouvoir dire Non à l’installation d’une telle cour pour des raisons suivantes:
– la compétence nationale qu’elle revêt
– plus grave, la violation du principe sacro-saint du double degré de juridiction. » indique t-il.

Se référant à l’histoire du Burkina Faso, Malick Chabi Yiro invite les hommes en toge noir à briser le silence inquiétant qui enfonce notre système judiciaire dans une léthargie. « L’éminent professeur Albert TEVOEDJRE prévenait que << se complaire dans une passivité contemplative dans une situation d’incohérence est un crime>>. A quoi servirait l’office d’un avocat face à une telle nébuleuse installée (la criet-ndlr) ? s’interroge t-il?

Pour conclure sa lettre ouverte, il dit être choqué d’entendre suite au procès du 4 Octobre dernier que leur collègue français a décrié les méthodes de la CRIET inventée ici pour ternir l’image de notre Justice « dont vous avez contribué à forger la respectabilité. Je ne vous dirai pas plus. Le peuple vous observe. » conclut-il.

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