En difficulté en 2016, « l’Empire Talon » domine aujourd’hui l’économie béninoise

En 2016, un homme d’affaires réussit à se faire élire Président de la République avec pour slogan « je sais où trouver l’argent ». Surnommé Agbonnon, Patrice Talon a réussi à faire croire que sa fortune personnelle et ses relations économiques lui permettraient de développer le Bénin à pas de géants. Et pourtant, la question de la fortune de Patrice Talon se posait.

L’homme d’affaires venait de passer près de quatre (04) ans en exil. Ses activités étaient à l’arrêt et ses créanciers auraient multiplié les pressions afin de recouvrir leurs fonds. Aujourd’hui, un peu plus de deux ans après son accession au pouvoir, tout ceci paraît une histoire ancienne. « L’Empire Talon » est le leader incontesté de l’Economie Béninoise.

La situation de « l’Empire Talon » avant les élections présidentielles de 2016

Au Bénin, « l’Empire Talon » regroupe plusieurs sociétés exerçant essentiellement dans trois (03) domaines d’activités : le secteur cotonnier (SDI, SODECO, SHB), le secteur portuaire (ATRAL, Bénin Control) et le secteur hôtelier (hôtels du groupe Accord). Dans le pays, il n’est un secret pour personne que la grande part des avantages dont dispose « l’Empire Talon » est du fait de la signature gouvernementale.

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Ainsi, l’activité de ATRAL au port d’Allada est issue de la volonté du Gouvernement de lui confier la gestion de tous les conteneurs en transit vers les pays de l’hinterland. Le contrat de « Bénin Control » est signé par le gouvernement Béninois qui mandate cette société afin qu’elle établisse les valeurs de dédouanement des importations vers le Bénin. Le gouvernement est également celui qui a permis à Patrice Talon de contrôler la gestion de la SODECO malgré le fait que ses parts ne représentent que 44%. C’est aussi par la faveur du gouvernement béninois que Patrice Talon a eu le quasi-monopole dans la fourniture des intrants aux producteurs de coton.

Dans le milieu des affaires béninois, plusieurs opérateurs économiques s’accordent à dire que, sans la politique, « l’Empire Talon » ne saurait exister. Un empire qui a été clairement mis à mal par les mauvaises relations entre l’homme d’affaires et son ancien ami le Président Yayi Boni. En effet, contraint à l’exil suite à une affaire de coup d’Etat et d’atteinte à la sureté de l’Etat, Patrice Talon a vu ses contrats (ATRAL et Benin Control) résiliés unilatéralement par le gouvernement béninois qui n’a pas aussi manqué de piétiner ses avantages dans le secteur coton.

Ainsi, l’Etat béninois qui était actionnaire dans la SODECO a décidé de reprendre le contrôle de la structure qui regroupe la majorité des usines d’égrenage du pays. Une situation chaotique qui aurait eu pour conséquence sur l’homme d’affaires, des pressions bancaires et de ses partenaires d’affaires.

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Pendant près de quatre (04) années, Patrice Talon n’a quasiment plus d’affaires avec l’Etat béninois, son seul plus gros client. Les intérêts bancaires se sont, sans doute, accumulés et pire encore, il aurait dépensé des milliards de francs cfa pour déstabiliser le régime Yayi, devenu son bourreau. Un pari risqué pour l’homme qui était prêt à tout pour retrouver sa place dans le système économique béninois. Il serait ainsi devenu « la télécommande de Paris » qui orientait l’opposition à Yayi Boni. C’est donc un Patrice Talon épuisé autant psychologiquement que financièrement qui a réussi à s’installer au « Palais de la Marina » le 06 avril 2016.

« L’Empire Talon » reprend le contrôle sous le régime Talon…

En deux (02) ans de pouvoir de Patrice Talon, « l’Empire Talon » a réussi à se redresser et même faire croître sa situation économique. Ainsi, la société ATRAL a récupéré son contrat au Port Sec d’Allada, « Bénin Control » exerce de nouveau au Port de Cotonou avec un mandat étendu sur l’ensemble du territoire national et avec des nouveaux pouvoirs. Le Groupe SDI contrôle de nouveau la SODECO et a même réussi à racheter l’usine du concurrent Martin Rodriguez, adversaire de Talon depuis 20 ans. Ce dernier a d’ailleurs vu ses intérêts définitivement enterrer au Bénin par le retrait de son contrat de gestion de Benin Marina Hôtel, désormais confiée à l’Hôtel Sofitel du Groupe Accor.

En somme, s’il est vrai que Patrice Talon, devenu président de la République, n’est plus aux commandes de ses entreprises comme l’exige la loi, il n’en demeure pas moins vrai que ces entreprises, aux mains de ses enfants et de son fidèle partenaire Olivier Boco, contrôlent aujourd’hui la quasi-totalité des secteurs vitaux de l’économie béninoise.

Avec la contribution de Luc Mensah, chroniqueur politique

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