Opposition au Bénin: un rassemblement pour écrire l’histoire en Afrique?

« Le Bénin a toujours étonné le monde ». En prononçant ces mots, le général Mathieu Kérékou n’avait peut être pas conscience que cette phrase ferait échos pour de nombreuses années dans l’histoire Béninoise.

Le Bénin est ce petit pays d’Afrique qui a toujours résisté aux maux qui polluent le continent africain à savoir la dictature, les affrontements ethniques ou religieux ou encore la famine. Au vu de la situation politique du pays, l’opposition au Régime Talon composée essentiellement de l’Union sociale libérale (USL) de Sébastien Ajavon, les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) de Yayi Boni et Restaurer l’espoir (RE) de Candide Azannai, a l’opportunité unique de se rassembler afin de remporter peut être une victoire capitale pour l’histoire démocratique de l’Afrique. Alors que de nombreux peuples africains tentent de briser les barrières du passé, le Bénin pourrait encore fois montrer la voie…

Un rassemblement inédit

Ce n’est pas la première fois que l’opposition au Bénin tente de s’unir. Le dernier exemple fut l’Union fait la Nation qui, en 2010, tenta de former un bloc contre le Régime du Président Yayi. Ce bloc mal constitué se disloqua après leur échec aux élections. Depuis lors, la situation politique a bien changé au Bénin et la question d’une union de l’opposition est plus opportune en 2018 qu’en 2010 pour deux raisons fondamentales. La première est que le nouveau code électoral contraint les acteurs politiques à former de grands partis politiques au risque de ne pas être représentés lors des législatives et la deuxième est que contrairement à l’opposition au Régime Yayi, l’opposition au Régime Talon n’est pas régionaliste. L’Union fait la Nation représentait un bloc d’opposant originaires du Sud face à un Président du Nord, tandis que les opposants actuels représentent parfaitement la géographie du Bénin.

Un rassemblement ne peut pas être qu’une question d’opportunisme politique. En formant un grand groupe, l’opposition doit accepter de partager un certain nombre d’idées sur la gestion du Bénin. C’est justement sur cet aspect que travaillent l’opposition afin qu’au delà des joutes électorales, une vision soit proposée. Ils disposent d’une opportunité unique de former une Alliance cohérente rassemblant les fils du Nord du Sud de l’Est et de l’Ouest autour d’une vision nouvelle et inclusive.

Une victoire pour toute l’Afrique?

Si une telle Alliance des forces d’opposition au Régime Talon voyait le jour, il s’agirait là d’un véritable casse tête pour les membres de la majorité présidentielle. En effet, dans un pays où le vote est avant tout ethnique, le poids politique de l’ancien Président Yayi Boni reste inchangé, tandis que Sébastien Ajavon a fait une entrée fracassante en politique en 2016 en récoltant 23% des voix à la Présidentielle de 2016.  À eux deux, ces mastodontes captent près de la moitié de l’électorat. S’il ne faut jamais faire de pronostics au Bénin, on peut raisonnablement penser qu’une telle force serait difficile à combattre alors que le nouveau code électoral empêche l’émiettement des voix.

Comme aux États-Unis, le choix va se limiter globalement à deux camps: le camp du Président Talon ou le camp de Ajavon et Yayi. Et c’est justement là que pourrait se situer, la probable erreur du Président Talon. Alors que tous ses voisins et collègues tentent de diviser l’opposition, lui agit autrement en posant des actes qui ne cessent de rapprocher les leaders d’opposition.

L’avenir nous dira si cette stratégie ne lui coûtera pas très cher. Car il pourrait se créer à la suite des élections législatives, une situation historique en Afrique: un parti d’opposition qui réussirait à infliger une cinglante défaite au parti au pouvoir. Un tel résultat serait un message fort envoyé à toutes les oppositions d’Afrique, ces oppositions qui sombrent totalement face à des régimes qu’ils ne savent plus contrecarrer tel que le démontre les dernières élections au Cameroun,au Gabon ou encore en Côte d’Ivoire.

Si le Bénin a donc un rôle à jouer en Afrique, c’est surement celui de phare qui par sa lumière montre le chemin à suivre pour accéder à la liberté. Puissent les dirigeants de l’opposition du Bénin voir plus loin que leur personne et incarner un souffle nouveau pour l’alternance en Afrique.

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