Persistance de la crise au Togo: la CEDEAO entre hypocrisie et mauvaise foi

La crise togolaise ne cesse de connaître des retournements de situations et des rebondissements à n’en point finir. Malgré l’intervention de la CEDEAO qui a désigné deux facilitateurs pour aider les politiques togolais à résoudre de façon pacifique la crise, celle-ci perdure et on n’est pas près du bout du tunnel. Qu’est ce qui explique alors cette « inefficacité » des facilitateurs ?

Au Togo, les politiciens refusent de se parler et de se comprendre. Chacun se jette la pierre, la mauvaise foi et malgré les médiateurs, c’est toujours le statu quo. On arrive donc à se demander si ce sont les politiciens togolais qui refusent de se comprendre et préfèrent la voie de la « bagarre », ou si ce sont les facilitateurs qui sont moins efficaces ou moins écoutés. La première option n’est pas évidente car il y a peu, les deux parties ont quand même réussi à s’asseoir autour de la même table pour négocier, même si cela était de très courte durée. Cet argument n’est donc pas utilisable pour justifier pourquoi la crise perdure; l’autre option peut-être ? C’est fort possible et plus encore.

La CEDEAO et ses « facilitateurs »

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En effet, les facilitateurs de la CEDEAO, les présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha Condé, ont utilisé bien des stratégies pour arriver à une entente entre les protagonistes de la crise, mais la plaie refuse de cicatriser et parfois on a comme l’impression que les « docteurs » de circonstance vont jeter l’éponge et se retirer de la médiation. C’est le cas de Nana Addo, il y a quelques mois, qui donnait l’impression de vouloir sortir des pourparlers. Tout ceci peut se comprendre car au Ghana, le président essaie de faire respecter la démocratie, et d’inculquer des valeurs morales à ses concitoyens, des valeurs qu’il voudrait bien partager avec ses pairs africains mais la tâche risque d’être énorme et perdure d’avance.

Si le Togo est toujours en pleine crise, c’est en partie, la faute de la CEDEAO qui a désigné comme facilitateur, Alpha Condé, le président guinéen, qui lui-même est dans une crise dans son pays. Et pire, la crise en Guinée est presqu’exactement similaire à ce qui se passe au Togo.

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Le président Alpha Condé est accusé par l’opposition de son pays de vouloir briguer un troisième mandat ; une situation qui rend très tendue l’atmosphère politique du pays et les manifestations sont souvent réprimées avec violence par les autorités entraînant des morts, comme celle du mardi 30 octobre. Alpha Condé veut un troisième mandat en Guinée et Faure Gnassingbé en veut autant au Togo ; les opposants togolais ne veulent pas en entendre parler et prennent la rue pour le faire savoir ; en Guinée l’opposition manifeste aussi pour dire non à un troisième mandat de Condé.

Conséquence

Il va sans dire qu’il n’y a aucune différence entre Condé et Gnassingbé, entre la situation togolaise et celle de la Guinée. Comment, quelqu’un qui a les mêmes problèmes, peut-il être médiateur dans celles des autres ? Quelle leçon ou conseil Condé peut-il donner à Faure ? Comment l’opposition togolaise pourrait croire en la bonne foi et en la neutralité d’un facilitateur qui a les mêmes problèmes chez lui et pratiquement les mêmes intentions que le pouvoir togolais ? Si la crise est restée sans issue jusqu’à présent, on pourrait croire que la participation d’Alpha Condé en est pour quelque chose car l’opposition se méfie de lui et bien entendu, il ne pourrait pas conseiller à son homologue de renoncer à ses ambitions étant donné qu’il en a les mêmes.

Les togolais doivent prendre leur destin en main et arriver à se comprendre pour le rayonnement de leur pays. L’action de la CEDEAO ne donne pas vraiment l’impression de cette organisation qui veut une résolution réelle du conflit. Sinon, comment comprendre le choix de Condé pour la facilitation dans une crise où il n’est pas un exemple, où son pays n’est pas un modèle ? Le président ghanéen se retrouve esseulé dans sa volonté réelle et exprimée de trouver un compromis entre les parties, il l’a surement compris et, comme on peut le constater ces derniers mois, son enthousiasme n’est plus le même qu’au début des premières prises de contact.

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