Algérie: «…le système Bouteflika a ruiné le pays»

Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a «tout détruit», a affirmé dans une interview à L’Express, l’écrivain algérien Boualem Sansal qui se dit «très inquiet» au sujet de l’avenir du pays, où il faudra «reconstruire sur du sable».

Dans un entretien accordé à L’Express et rapporté par l’agence Sputnik, le romancier et essayiste algérien, Boualem Sansal, évoque l’annonce d’une nouvelle candidature du Président sortant, Abdelaziz Bouteflika, et affirme que les dirigeants du pays ont «tout détruit». Il rappelle dans ce contexte «ce qui se déroule sous nos yeux depuis plusieurs mois: mise au pas de l’armée, purge au sein des services de sécurité (police, gendarmerie, services secrets), renforcement du contrôle administratif à tous les niveaux» et fait remarquer que les promesses faites aux agriculteurs, aux jeunes ainsi qu’aux confréries et associations religieuses «sont financées par la planche à billets que Bouteflika fait tourner vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans le contexte d’une économie dont tous les indicateurs sont au rouge». Boualem Sansal dresse le bilan des quelque vingt années de pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika.

 «Il est facile de vérifier que le système Bouteflika a ruiné le pays. Il y avait une industrie, il n’y en a plus. Il y avait un État et une administration, il n’y en a plus. Il y avait du pétrole, il n’y en a plus beaucoup. Il y avait des cadres, il n’en reste plus. Il y avait une culture, il y a le désert à la place», a-t-il noté.

Il constate toutefois que l’exportation, quoiqu’«excessive», du pétrole, ce qui «a épuisé les puits», a néanmoins permis de rembourser la dette nationale. «Après quoi, au lieu de développer une véritable économie de production moderne, le même système a ouvert tout grand les portes au bazar, à l’islamisme d’affaires, à la corruption. Le résultat est que l’Algérie importe tout de l’étranger, jusqu’à sa nourriture quotidienne», a-t-il déclaré. Il fait part également de ses préoccupations au sujet de l’avenir de l’Algérie.

 «Comment reconstruire sur du sable? Les Algériens sauront-ils se reprendre et redonner un cours normal à leur vie? Ceux qui ont fui le pays reviendront-ils aider à son redressement? L’Armée, les services de sécurité et les oligarques rentreront-ils dans le rang, au seul service du pays? Qu’est-ce qui pourraient amener les investisseurs étrangers à s’intéresser à l’Algérie? Beaucoup de questions, aussi angoissantes les unes que les autres. Je suis très inquiet», a-t-il souligné pour conclure.

Des accusations formulées alors que le Président Abdelaziz Bouteflika se présente pour un nouveau mandat dans un climat social et politique très tendu dans le pays.

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