Bénin – législatives de 2019 : l’opposition fonce tout droit dans un gros piège du « peuple »

Au Bénin, les tractations pour les législatives de 2019 ont commencé depuis quelques mois et chaque camp y va de ses arguments pour baliser le terrain. Pendant que les potentiels candidats de la mouvance présidentielle misent sur le bilan du gouvernement pour ratisser large, l’opposition compte sur une « supposée sanction » du peuple envers la gouvernance de la rupture.

Il n’est point un secret que les élections législatives de 2019 constitueront un tournant décisif dans la vie politique béninoise surtout avec l’avènement de la réforme du système partisan et la mise en vigueur de la nouvelle charte des partis politiques. Ainsi, mouvance et opposition s’accrochent au coude à coude, l’une pour vanter le bien fondé des réformes en cours dans le pays et l’autre pour tout peindre en noir. Toute chose qui laissent entrevoir une bataille politique rude à l’horizon. Une bataille où l’opposition semble être trop confiante en cherchant à se faire amie d’un « peuple » qui pourrait bien lui tourner dos.

Objectif: se faire amie du peuple

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon, l’opposition dont la plupart des grands leaders sont soit exilés du pays ou sous le coup d’une probable interpellation par la justice du fait de leur gestion passée des affaires, parait fragilisée, déboussolée et souvent mal inspirée lors de ses prises de parole.  Ainsi, elle semble avoir basé sa stratégie sur le fait de critiquer sans grandes solutions alternatives, toutes les actions du gouvernement et en peignant systématiquement en noir, les réformes en cours dans le pays.

[su_heading size= »17″ align= »left »]A lire aussi : Bénin – Situation sociopolitique: dans une union sacrée, l’opposition donne de la voix [/su_heading]

Ainsi,  à chaque sortie, des ténors de l’opposition montrent ouvertement que le « peuple » reste leur redoutable arme pour mettre en déroute le camp du régime en place. A titre d’exemple, Rosine Soglo, Nourénou Atchadé et Théophile Yarou ont successivement demandé au peuple de « sanctionner ». Mieux, Théophile Yarou face aux journalistes de L’événement Précis, a ouvertement déclaré : « Nous sommes sûrs de gagner les élections. Nous sommes sûrs que le peuple va sanctionner la gouvernance actuelle ». Une sanction qui, à en croire ces derniers, viendra les délivrer du joug de Patrice Talon qui est désormais présenté comme l’ennemi et eux, les membres de l’opposition, ses victimes.

Comme si elle était dépourvue de toutes armes, l’opposition sous la rupture confie son sort donc au « peuple mécontent » de la gestion de Patrice Talon ou des actes des députés de la mouvance en jouant sur l’arme de la victimisation. En agissant de cette façon, elle s’expose à un piège dont son allié, le « peuple », pourtant très imprévisible, est instigateur. Une erreur qui pourrait lui être fatale.

Une stratégie bien risquée

En effet, dans un passé récent, ce même peuple a démontré qu’il n’est pas toujours du côté où on l’aperçoit grâce à des jugements parfois trop subjectifs. Ce peuple très imprévisible a démontré sous le régime Yayi qu’il peut donner une apparence qui ne reflète pas la situation de son fort intérieur. Boni Yayi et ses soutiens sont arrivés en tête des différentes élections, malgré qu’ils étaient décriés et vilipendés. La plus mémorable, c’est la victoire par KO lors de l’élection présidentielle de 2011. L’opposition en ce moment, confiante de la débâcle de Yayi à cause des scandales Icc, Cen-Sad, disparition de Pierre Urbain Dangnivo qui avaient engendré une rupture évidente entre le peuple et Boni Yayi, n’ont pas vu le KO venir.

[su_heading size= »17″ align= »left »]A lire aussi : Bénin – Législatives 2019 : la sanction du peuple va être terrible, prévient Rosine Soglo [/su_heading]

Il est vrai que la gouvernance d’un Président peut, à un moment donné, frustrer et décevoir les gouvernés des mouvements de mécontentement comme c’est le cas actuellement . Mais il est aussi vrai que le « peuple » est imprévisible et instable. L’opposition doit donc se donner d’autres armes et ne pas trop compter sur la « sanction du peuple ». Il est temps qu’elle se réorganise, car elle a assez observé la mouvance qui, il faut l’avouer, s’est fortement faite découvrir.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus