CPI – reprise procès Gbagbo: la défense démonte pièce par pièce l’argumentaire du procureur

Le procès de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé s’est rouvert depuis lundi à la Cour pénale internationale. Les avocats de la défense tentent de prouver point par point que les témoignages et les accusations portées par le procureur sont infondés.

Dans sa plaidoirie lundi, la défense de Laurent Gbagbo a noyé les arguments du procureur en estimant qu’ils étaient basés que sur des supputations. Dans son argumentation d’hier lundi 12 novembre, Jennifer Naouri, membre de l’équipe de défense, n’a pas hésité de citer le cardiologue, Maurice Kakou Guikahué, dans une affaire d’établissement de faux certificats de décès durant la crise de 2010 à 2011.

Selon l’avocate,

« des certificats de décès ont été établis par des médecins et récupérés à la mairie d’Abobo par les témoins du procureur et ces certificats ont été récupérés à la mairie d’Abobo sur instruction de Maurice Kacou Guikahué, l’un des responsables du Golf Hôtel. Et c’est Yacouba Tioté, le président de la VJA qui l’a dit ici. Ces documents ne sont donc pas fiables. En plus tous les membres de la mairie d’Abobo, à commencer par le maire Adama Toungara, étaient au Golf Hôtel».

De fausses preuves ?

Lors de la deuxième journée de l’audience, mardi 13 novembre, les avocats de la défense ont fait encore une autre révélation plutôt grave et inquiétante quant aux éléments de preuve et aux témoignages fournis par le procureur. Me Naouri a fait resurgir une vidéo macabre présentée par l’accusation et qui concerne la marche des femmes qui aurait été réprimée mortellement par les ex Forces de Défense et de Sécurité (FDS). L’avocate a révélé devant les juges que cette vidéo était une vieille vidéo qui n’avait rien à voir avec les événements de la crise de 2011. Selon Me Jennifer Naouri, la vidéo sur laquelle s’appuie l’accusation date du 7 janvier 2011 et non du 3 Mars 2011, soit deux mois avant la manifestation. Elle qualifie de mise en scène orchestrée pour accuser les FDS.

Elle révèle que, « si mitrailleuse avait été tirée sur un groupe. (…) Il y aurait eu des morts. On ne voit aucun blessé aux alentours. Cet état de fait rend la vidéo suspecte. Le procureur ne dispose pas de l’original de la vidéo de la marche des femmes. Les images ont été filmées le 7 janvier 2011 à 4h et non le 3 mars 2011. Deux mois avant (…). Rien n’indique que la vidéo a été filmée le 3 Mars 2011 », et de souligner que « rien des vidéos soumis n’est explicite. Les vidéos sont tous les montages (…). Il s’agit d’assemblages de différentes images entrecoupées. »

La défense a aussi fait observer que le procureur dans son accusation a passé sous silence le fait que la commune d’Abobo était sous le contrôle des ex rebelles durant cette période. « Pourquoi, le procureur passe sous le silence, la prise de contrôle d’Abobo par les rebelles ? », a-t-elle lancé aux juges de la chambre. Des arguments et démonstrations qui contredisent complètement les dires du procureur et ceux de ses témoins. La suite de ce procès réserve surement encore  de plus graves révélations.

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