D’opposant en exil à mouvancier incarcéré, clap de fin pour le feuilleton Atao Hinnouho

Clap de fin pour un long feuilleton à plusieurs épisodes rocambolesque, le député Atao Hinnouho à été condamné à une peine de 6 ans de prison et 30 milliards d’amende dans l’affaire dite des « faux médicaments ». En seulement quelques mois, le député a multiplié les mauvais choix en espérant éviter le courroux de la justice. Le prix sera finalement très lourd à payer pour un homme lâché par l’opposition comme la mouvance et définitivement enfoncé par la Justice. 

D’opposant en exil à mouvancier incarcéré

C’est la plus grosse énigme du Bénin : pourquoi Atao Hinnouho réfugié en France est rentré au Bénin? N’y voyez pas là seulement la naïveté du député car il ne pouvait en être autrement. En effet, en tant que ressortissant béninois sur le territoire français, Atao Hinnouho devait trouver la formule adéquate pour avoir le droit de séjourner durablement en France. Contrairement à Lehady Soglo, Atao Hinnouho n’est pas français et contrairement à Sébastien Ajavon, il n’a pas un réseau international étoffé. Les faits qui lui étaient reprochés étant trop délicats, son dossier présentait de nombreuses lacunes pour obtenir le droit d’asile politique.

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Dans une situation délicate, le député n’a malheureusement pas su manœuvrer efficacement. Il a ainsi confié son destin à un député originaire du Nord Bénin qui a mené des négociations « mort-nées » avec le Régime pour qu’il puisse rentrer dans son pays libre en échange de son soutien au Président Talon. En effet, ces négociations n’avaient aucunes chances d’aboutir puisque le député en question semble ne pas être pas la personne indiquée mais surtout, le Président Talon n’avait aucun intérêt à « protéger » Atao Hinnouho contre un soutien alors qu’il dispose déjà de celui du PRD.

Atao Hinnouho a donc très logiquement été cueilli à son retour sur le territoire béninois enclenchant ainsi, un processus dont il ne pouvait plus s’échapper. Soutenir le Régime Talon était alors vain pour lui. Patrice Talon n’est pas du genre à négocier et pourquoi commencer avec Atao Hinnouho sur un sujet aussi sensible que celui de la santé des béninois? Le député aurait probablement dû profiter de son séjour en France pour jouer la carte de l’opposition à fond, resserrer les liens avec les opposants tels que Boni Yayi,  Sébastien Ajavon ou encore Nocéphore Soglo qui eux ont les relations nécessaires pour l’aider à obtenir l’asile politique. Au lieu de cela, Atao Hinnouho a choisi de tourner le dos aux opposants et céder face aux pressions du Bénin.

En tentant d’éviter une condamnation inévitable, Atao Hinnouho a choisi de soutenir le Régime en place, semant la confusion auprès de ceux qui le soutenaient, le pensant persécuté par le pouvoir.

Une condamnation pleine d’enseignements

Atao Hinnouho est peut être coupable des faits qui lui sont reprochés ou alors est il innocent, peut importe. Ce que le député semble n’avoir pas saisi, c’est que ses choix politiques lui ont écarté la possibilité d’obtenir un procès équitable dans un pays où l’indépendance de la justice est remise en cause par les magistrats eux-même. À la seconde ou le député a choisi de critiquer le Président, il ne devait espérer aucune clémence de sa part.

Du feuilleton Atao Hinnouho dont nous avons choisi d’ignorer l’épisode du « malade imaginaire », nous pouvons donc retenir deux enseignements.

  • Le premier est que le Régime semble être fermé aux négociations. Les soutiens de Talon n’ont pas le droit de formuler des conditions, de faire du chantage ou d’émettre des réserves face à leur chef. Tandis que les opposants n’ont rien à espérer du Président, une réponse claire à ceux qui rêvaient encore d’une paix des braves entre Ajavon et Talon.
  • Le second enseignement réside dans les doutes qu’ont de plus en plus les béninois quant à l’autorité judiciaire. Il est important que l’appareil judiciaire trouve les moyens de rassurer les béninois mais surtout les investisseurs étrangers qui fuient souvent l’arbitraire.
Le cas ATAO est restera donc un cas d’école pour les opposants comme les hommes de la mouvance…

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