France – « Gilets jaunes » au tribunal: après les casses, des sanctions sévères

Le tribunal correctionnel de Paris a jugé ce lundi, en comparution immédiate, une cinquantaine d’individus interpellés samedi, lors de la manifestation qui dégénéré. Mais aucun des véritables auteurs des pires violences, selon la Voix du nord. Ceux-là ne se font que rarement pincer.

Cinq salles dédiées aux comparutions immédiates, rapporte le média, c’est un événement. Habituellement, c’est plutôt deux, où l’on voit défiler les gros bras de la nuit précédente, gaulés dans une bagarre ou lors d’une transaction fumeuse. «  Ici, il y a un profil-type  », dit un greffier. Il y a même des habitués. 139 personnes présentées à la justice, 111 gardes à vue prolongées

Mais ils ne sont pas là, cette fois. Les profils des types qui défilent en ce jour partent un peu dans tous les sens. S’ils n’ont pas de gilets jaunes, ils viennent tous du centre de Paris, où ils étaient samedi après-midi, et parfois venant de loin. Mais tous ceux qui étaient venus là pour voir du casseur, pour comprendre comment la justice traite ceux qui ont mis la place de l’Étoile à feu et à sang sont repartis déçus.

Dans les filets des policiers

«  Les vrais casseurs ne se font jamais pincer  », dit un avocat. C’est exact, écrit le média français La VDN. Ceux-là ont l’habitude. L’équipement, les repères, et ils courent vite. On juge donc ceux qui sont tombés dans les filets des bataillons de policiers, parfois lancés un peu au hasard. Un boucher charcutier des Hautes-Alpes reconnaît avoir foncé tête baissée sur le cordon de police. «  J’avais froid  », marmonne-t-il un peu bêtement. Le problème, c’est qu’on a trouvé un couteau sur lui. «  Faut dire, je travaille dans un abattoir » argumente-t-il Certes mais le tribunal entend ses excuses («  J’ai été con  ») et le condamne à quatre mois de prison.

Cinq types venus de l’Essonne ont été arrêtés avec des pétards dans leurs sacs. «  Des jouets pour les enfants !  » C’est vrai qu’il est précisé sur le paquet qu’ils sont autorisés à partir de douze ans. «  On était venus manifester notre désaccord avec la politique du gouvernement…  » La procureure estime qu’on « ne vient pas avec des intentions pacifiques quand on sait que des incidents ont déjà éclaté dans les rangs de la manif », rapporte La VDN. Manifestement, la procureure n’était pas aux abords des Champs-Élysées samedi dernier, à la mi-journée. Qu’importe : trois mois ferme pour ceux-là.

Le public est parti depuis

Il y a encore ceux qui détenaient des poings américains, une batte de base-ball, des pots de peinture aussi. Mais également un type venu de Nice, en stage, arrêté pour avoir lancé des explosifs. «  Je n’avais rien sur moi, c’est une erreur. Je suis même passé au filtrage des policiers. Je pratique la méditation, je suis non-violent », argumente-t-il pour sa défense. Le procureur reconnaît qu’il n’y a pas grand-chose à en déduire et requiert la relaxe.

Il y a bien un « black bloc », ou considéré comme tel par la présidente. Il portait un sweat à capuche siglé ACAB («  All cops are bastards  », ce qui veut dire dans la langue de Shakespeare que les flics sont… d’origine incertaine) et un lance-pierre dans son sac. «  L’équipement-type  » des casseurs, dit la présidente du tribunal. Mais il n’a rien cassé du tout : il a été arrêté en arrivant à la gare de Lyon, le matin. Même pas eu le temps d’enfiler un gilet jaune. Trois mois quand même. Tout au bout d’une longue soirée, on n’aura finalement vu, indique le média, qu’une cinquantaine de prévenus, sur les deux cents qui devaient être présentés. Mais le public, déçu, est parti depuis longtemps.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus