Tunisie: un journaliste s’immole par le feu pour susciter un autre « printemps arabe »

Six policiers ont été blessés lors de manifestations dans la ville tunisienne de Kasserine après qu’un journaliste s’est immolé par le feu afin d’attirer l’attention sur les problèmes économiques du pays.

Les manifestants ont bloqué les routes avec des piles de pneus en feu et ont jeté des pierres sur la police. Trois personnes ont été arrêtées. Abderrazak Zorgui, qui travaillait pour une chaîne de télévision tunisienne, est décédé lundi des suites de blessures subies lorsqu’il s’est incendié sur une place publique de Kasserine. Quelques minutes auparavant, Zorgui avait déclaré que son objectif était de déclencher une révolution alors que l’auto-immolation du vendeur de rue Mohamad Bouazizi avait déclenché la mobilisation qui avait forcé Ben Ali à quitter le pouvoir en 2011, le début de ce qui était devenu « le printemps arabe ».

Il a dénoncé la marginalisation persistante et le chômage élevé dans la région de Kasserine, l’une des régions les plus pauvres de la Tunisie. « J’ai décidé aujourd’hui de mettre en mouvement une révolution. Tous ceux qui voudront me soutenir seront les bienvenus. Je vais protester seul. Je vais me mettre à feu et si au moins une personne obtient un emploi grâce à moi, je serai satisfait « , a déclaré Zorgui. Il a également exhorté les jeunes de Kasserine à descendre dans la rue et à revendiquer leurs droits après huit années de « promesses non tenues ».

Le syndicat tunisien des journalistes du SNJT s’est prononcé mardi en faveur d’une grève générale et a accusé le gouvernement de contribuer à transformer le secteur des médias en « un foyer d’argent sale servant des intérêts privés, sans surveillance ni respect des lois et des normes du travail ». Alors que la Tunisie est la seule parmi les nations du Printemps arabe en termes d’établissement et de maintien d’un ordre politique démocratique, le petit pays nord-africain continue de connaître des difficultés économiques. La corruption reste omniprésente et le taux de chômage des jeunes se situe à 35%.