Acquittement de Laurent Gbagbo: la décision de plus qui ébranle les fondements de la CPI

Premier ex-chef d’État à avoir été jugé devant la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo était un trophée étincelant pour une équipe de poursuites dotée d’un cabinet extrêmement réduit, celle de Bensouda Fatou, la procureure de la CPI.

L’extradition de l’ancien président ivoirien à La Haye était le signe que la CPI était prête à relever le défi de la justice relatif à la crise post-électoral de 2011. Mais des doutes subsistent quant à la capacité de cette cour de rendre justice et ce doute se consolide depuis que les charges contre Bemba poursuivis pour crime de guerre et crime contre l’humanité a été annulé.

Et que nous dit l’affaire Laurent Gbagbo sur l’état de la CPI et sa capacité à fonctionner en tant qu’instrument mondial de la justice internationale? Selon certains experts, il semble que les juges ne soient pas convaincus que les preuves fournies par l’accusation soient suffisantes pour justifier la poursuite du procès. L’écrivain Mark Kersten, auteur de « Justice in Conflict », explique que « La Chambre de première instance a demandé à l’accusation de présenter un mémoire au milieu du procès l’année dernière, ce faisant, ils ont semé le doute sur la capacité de l’accusation à prouver la culpabilité de M. Gbagbo et de son proche allié, Charles Blé Goudé au-delà de tout doute raisonnable, ainsi que sur le récit présenté par l’accusation au sujet de leurs plans communs pour commettre des crimes. »

L’expert indique que cette cour internationale est dans un besoin criard de gagner des affaires et de montrer qu’elle peut être crédible et forte comme institution. « Chaque fois qu’une affaire impliquant des atrocités de masse s’effondre au niveau de la CPI », souligne M. Kersten, « cela porte atteinte à la perception de la Cour en tant qu’institution crédible et efficace de la justice internationale. La CPI a besoin de gagner et non d’accumuler des pertes ». Ces échecs de la CPI affectent matériellement les (États) et émotionnellement ( les victimes) qui ont partie liée fondamentalement avec la CPI: une cour de dernier recours, prête à agir lorsque les pays refusent ou sont incapables d’engager eux-mêmes les poursuites.

Ces poursuites sont coûteuses et les preuves doivent être étanches. Selon Janet Anderson, rédactrice pour « Tribune de la justice », « c’est un mécanisme auquel de nombreux pays ont souscrit ». Si la CPI est considérée comme incompétente, elle joue un rôle plus important dans la question de savoir si ce doit être aux États-nations de faire ce travail plutôt que de laisser la communauté internationale s’impliquer dans les affaires d’un pays souverain.

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