Bénin: législatives 2019, les femmes à l’assaut de 30% des sièges du parlement

Les électeurs béninois se rendront aux urnes dans le premier trimestre de l’année 2019 afin d’élire leurs représentants pour le compte de la 8ème législature. Dans cette perspective, les états-majors des différentes formations politiques s’activent afin de mieux se faire représenter. Si les briscards de la politique béninoise ne comptent pas céder leurs sièges de sitôt, les femmes, elles, affûtent leurs sur le terrain et dans les instances de décisions de ces formations politiques pour un meilleur positionnement aux fins d’une bonne représentativité à la prochaine législature.

« Nous nous engageons à changer le visage de notre parlement à partir de 2019 avec une meilleure représentativité des femmes ». Tel est le vœu que comptent réaliser les femmes béninoises qui se sont engagées en politique et qui désirent siéger au Palais des gouverneurs au cours de la 8ème législature qui s’installera en mai 2019. Longtemps reléguées au second rang dans l’animation de la vie politique dans au Bénin, ces femmes désormais engagées entendent mener autrement le combat pour un résultat plus concret et plus élogieux au soir des législatives de 2019.

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« La femme sera mieux représentée au cours de la 8ème législature. Nous envisageons une représentativité d’au moins 30% des femmes à l’issue du scrutin législatif de 2019. Le nouveau code électoral adopté par les parlementaires de la 7ème législature n’est certes pas favorable à l’émergence de la gente féminine, mais nous n’allons pas abandonner la lutte pour l’atteinte de cet objectif », ainsi, s’est exprimée Léontine Idohou, présidente du Réseau pour l’intégration des femmes des ONGs d’Afrique (RIFONGA) au cours d’un entretien exclusif accordé à nos confrères du quotidien du service public « la Nation ». Qu’elles soient de la société civile, de la classe politique tant de l’opposition que de la mouvance présidentielle ou des autres couches socio-professionnelles, ces femmes se disent désormais engagées pour une présence record au parlement à compter de 2019.

C’est d’ailleurs l’une des nombreuses réformes qu’a envisagées l’actuel bureau de la 7ème législature présidé par maître Adrien Houngébdji. Cette volonté de représentativité des femmes au sein du parlement béninois rime bien avec l’axe N°9 du Plan stratégique de développement et de modernisation de l’Assemblée nationale qui mentionne « la promotion du genre et des droits humains au regard des valeurs éthiques morales de la culture béninoise et universelle ». Le tableau qu’a toujours présenté le parlement béninois en matière de la présence des femmes est peu reluisant depuis la 1ère législature jusqu’à la 7ème. Sur les 83 députés de cette 7ème législature, seulement 7 femmes y sont représentées.

« Alors que le Bénin peut être aussi cité en exemple à l’image du parlement rwandais qui comporte 63% des femmes à l’Assemblée nationale,  celui du Sénégal avec 44% des femmes ou comme celui togolais qui totalise 17,5% de femmes »,

La représentativité des femmes pour la 8ème législature est bien le souhait émis par l’actuel président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji lors de la conférence interparlementaire tenue à Cotonou.

L’activisme des femmes dans la politique depuis quelques mois n’est plus à démontrer. Qu’elle s’appelle Christelle Houndonougbo du bloc progressiste, bloc soutenant les actions du régime Talon, ou qu’elle se prénomme Falola Maroufath, responsable en charge des questions du genre du parti Union sociale libérale (USL), une formation politique de l’opposition, l’objectif à atteindre est le même : beaucoup plus de femmes au parlement béninois à l’issue être du scrutin législatif de 2019. « Nous devons atteindre 30% de représentativité au moins à la prochaine législature. Nous pouvons y arriver et nous comptons y arriver », a lancé la députée Claudine Prudencio, présidente du parti Union pour le développement d’un Bénin nouveau (UDBN) lors de son 4ème congrès extraordinaire tenu en octobre 2018 où elle a décidé de se constituer en un bloc en se désolidarisant des deux blocs voulus et soutenus par le Président Talon dans le cadre de la réforme du système partisan.

Les contraintes du nouveau code électoral

Les efforts du Rifonga pourraient être plombés et la lueur d’espoir des femmes engagées en politique peut également s’étioler au regard de l’adoption par les parlementaires de la 7ème législature, du nouveau code électoral. Dans un entretien accordé à nos confrères de l’Agence Bénin presse (ABP), la vice-présidente du RIFONGA-Bénin, Antoinette Dadjo se dit très remontée contre ces députés qui ont voté un code électoral sans y inclure la question de la représentativité des femmes au parlement. « Je pense que nos députés sont des nationalistes, des élus du peuple qui ont des filles et des femmes, pour ne pas pouvoir être préoccupés par la représentativité de cette catégorie de citoyens. Quand ont est nationaliste, en tant que député à l’Assemblée Nationale, on tient compte des intérêts spécifiques de chaque catégorie », a déclaré Antoinette Dadjo.

L’une des innovations de ce nouveau code électoral est le montant jugé élevé du cautionnement des potentiels candidats à cette élection législative. « La caution pour les législatives est désormais de 10% du montant maximal autorisé pour la liste pour la campagne électorale, soit 249 millions de francs CFA », stipule le nouveau code électoral.

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Il est de notoriété publique que les responsables des partis politiques, de par le passé, évoquaient le manque de compétences féminines pour expliquer leur faible représentativité. Aujourd’hui sur le territoire et dans l’arène politique du pays, ce problème a connu une résolution adéquate avec la formation, par des structures tant nationales qu’internationales, de ces femmes pour l’animation de la vie politique au Bénin. Comme le reconnaissent d’ailleurs certains politiques du pays, les hommes en général aiment le pouvoir et ne comptent pas céder un peu de places aux femmes alors même que le développement d’une nation incombe aux deux sexes.

Et si rien n’est donc fait pour corriger le tir, le Bénin aura péniblement mal en présentant son tableau dans le cadre de l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) surtout l’objectif N°5 de ces ODD en 2030.

Mais en dehors des contraintes de ce nouveau code électoral, Léontine Idohou, présidente du RIFONGA, évoque l’impérieuse nécessité d’entente des femmes puisque ces dernières sont souvent divisées et manipulées par les hommes dans le seul but de servir leurs intérêts personnels et politiques.

L’espoir n’est certes pas perdu totalement puisque ces femmes ne comptent plus revoir ce taux représentatif au cours de la 8ème législature. C’est donc pour cela, explique pour sa part Alimatou Badarou, coordonnatrice du Bloc républicain dans la 15ème circonscription électorale, que ces femmes investissent les bureaux des différentes formations politiques qui se mettent en place. « Notre combat est d’obtenir un meilleur positionnement pour cette élection. Et cet acte sera la résultante de nos efforts et surtout la démonstration de nos compétences dès à présent », explique-t-elle. Le défi est ainsi lancé, le compte à rebours déclenché pour une évaluation du résultat au soir du scrutin législatif de mars 2019.

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